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mercredi 14 octobre 2015

Good Fellagas

Good fellas de la Toussaint

L'hommage à la femme dans le billet précédent devait être de toute façon suivi d'un hommage aux hommes, sinon le monde cesserait d'être ce qu'il est depuis la nuit des temps : un monde en couple, de deux moitiés complémentaires qui font marcher l'humanité. Et tant qu'il y aura des hommes de courage et de savoir, de bravoure et de Lumières, de justice et de d'humanisme, notre monde ne risque pas de sombrer. Et moi croyait que le Lune relevait exclusivement du domaine de la femme...

La présence française en Kabylie et en Algérie a duré environ 132 ans. C'est une histoire récente normalement. Néanmoins, certaines histoires demeurent toujours, comme l'origine étymologique du terme pied-noir qui désignait le colon européen d'Algérie ou de fellaga dont l'étymologie erronée à elle seule résume toute la cécité intellectuelle de l'establishment français qui voulait, et veut toujours !, voir de "l'arabe" même là où il n'y est pas, contribuant ainsi au massacre de l'histoire Nordaf déjà sérieusement bousculée par l'usurpateur arabo-islamiste.
Quand vous avez un terme ou un nom tel que Schwarzenegger, Schweinsteiger ou Sachenbacher, vous penchez logiquement vers une origine allemande, autrichienne, suisse, et normalement vous ne faites pas le têtu qui prent la tangente vers l'Europe du Sud pour dire que c'est un nom espagnol ou italien : c'est que vous être raisonnable et désintéressé.. Eh bien, il en est de même pour FLG de fellaga qui a tout de kabyle et ne peut en rien avoir une quelconque relation avec l'arabe ; rien n'y fait, "l'office français de brevets arabes" persiste et signe en accordant la paternité arabe d'office à ce terme comme à toute la mémoire nordafe, sans doute en signe de reconnaissance à leurs alliés maures-arabes pour leur loyaux services.  

On va voir maintenant le double visage de la Lune, ou plutôt son visage inattendu : viril et belliqueux. C'est dans les notions en lien avec la Lune et ses phases, leur usage calendaire, etc., que l'on va découvri des choses étonnantes, très même, lorsque l'amoureux laboureur a la soif de guerre. En qlq sorte, la distance qui sépare le colon "pacifique" qui travaille la terre, le pied-noir de la Mitidja par exemple, et le fellaga "belliqueux" devient nulle. Il se trouve que les deux ont le même instrument, mais en font un usage différent. Ces outils à double usage, charrue ou serpe par exemple, nous expliquent clairement que la guerre et l'agraire vont en parallèle, que la Lune (agur/ayur en kab), c'est la terre, et c'est la guerre ; la terre et le sang en somme...   
Les phases de la Lune ont toujours servi de repère aux hommes pour établir, entre autres, leur calendrier agraire, planifier les naissances. Mais aussi à enrichir leur lexique :)
On l'a vu dans le billet précédent, la semaine est apparentée aux semailles. Le lexique kabyle sous le claire de lune, il a de quoi nous surprendre ! Voici pourquoi.
La même racine se décline en quatre formes au moins : GR-YR de agur/ayur "mois", QR muqran "grand", KR de krez "labourer, sillonner" sans doute apparenté au croissant, au croisement, lien ou noeud ; et il y aurait un lien entre QR de tête (a-qerru, a-qerruy) en kabyle avec KR de krez "labourer" et avec la charrue en fr./latin.
GR ou YR de agur, ayur "Lune, mois" ;
M-GR de amger, imger "faucille, serpe" + verber mger "moissonner" : le Mois est clairement apparenté à la notion de Moisson. N-GR de nger "ne pas avoir de descendance, rupture de la lignée, sans suite, éteinte, ruine"  serait l'antonyme de M-GR "moisson" ;
M-GR de amegaru "le dernier" (avec suite) - à comparer au mégalo "grand" en grec -  serait aussi le "suivant" et diffère de N-GR anegaru "l'ultime" (sans suite, avant la fin) : M-GR serait-il le dernier quartier de la Lune, tandis que N-GR le dernier croissant avant la disparition de la Lune ?
N-GR indique clairement la Fin, l'Extinction comme dans nger n'dunith "la fin du monde" : N-GR en kabyle expliquerait on ne peut mieux la notion de Guerre, de Guerrier ou du jeune soldat qui tombe sur le champ de bataille, mort sans avoir laisser de descendance, d'héritier.
Bref, M-GR de moisson vs N-GR de guerre dans la version kabyle.
N-GR kabyle d'Extinction, Fin, ça serait aussi Exil, Exode N-GL au lieu de N-GR nejel, nejla "s'exiler, exil" en kab.

Quelques rapprochements entre cette racine GR, KR, QR kab avec les langues du voisinage peuvent nous apporter des éléments de réponse intéressants. A mon sens, cette racine GR kabyle serait comparable avec la variante GN, GNR en latin/romanes du terme Genus, Genre. On notera aussi que ce n'est pas la tête a-qerru mais le front kabyle anyir "front" qui est proche du genre en latin/romanes, tha-wenza "front, destin" en kab aurait son histoire à part. Je parie que la notion d'ange devrait se trouver sur ce front justement, on verra ça plus tard.Autre exemple pertinent, le titre d'Alexandre de Macédoine que je considère avec une probabilité de 99% comme étant une figure syncrétique et non comme un personnage historique ayant véritablement existé : le Grand, mégalo en grec, qui, à mon sens, signifierait le dernier descendant ou le dernier messager (des dieux s'entend), le dernier prophète, notion reprise dans la religion musulmane justement.
Et si Alexandre le Grand avait vraiment existé, don titre le "Grand" serait dans son contexte de guerre tout simplement le titre de Général : c'est la place du Front en kab anyir (syn. tha-wenza) et/ou de la racine QR/GR/KR kab de tête, grand et KRZ "labourer, sillonner". Le grade de général se lirait sur les sillons (rides) sur le front, comme par exemple sur celui du Général Zéroual originaire du pays chaoui :
Mais les généraux, c'est après l'indépendance du pays, autrefois durant La guerre d'Algérie il n'y avait que des colonels, dont certains légendaires et good fellagas comme Mohand Oulhadj, Amirouche dans le pays kabyle, 

et Si L'Haouès dans le pays chaoui, 
les deux véritables foyers de guerre où l'armée française a eu vraiment à faire la guerre comme à la guerre, càd sans pitié pour l'adversaire désigné par le terme de Fellaga. 
Et à première vue, le Général s'apparenterait au Front, alors que le Colonel le serait à la Tête.

NB : Le mois, Mes ou Mens en langues IE se retrouve en kabyle dans M-NS de amenzu "l'aîné, le premier", à priori pour le premier croissant de la nouvelle Lune. Sauf que la racine NS en kabyle est celle de la décroissance ness "décroître, éteindre, baisser d'intensité, coucher", donc la version du dernier croissant n'est pas à exclure. Par ailleurs, sur l'échelle d'une journée, M-NS indique l'heure du dîner i-mensi en kab, al-3asha en masri/arabe, sans doute le crépuscule et/ou le couchant. La notion opposée M-KL de imekli "le déjeuner", soit le repas de midi, devrait porter le sens de "croissance" normalement. On y reviendra une autre fois.  

Vous reconnaissez sans doute le symbole des prolétaires et de feu l'URSS : la faucille et le marteau. Ces deux outils à usage double conviennent comme un gant à notre Lune version masculine, en astre belliqueux, rôle normalement réservé à la planète Mars (Arès en grec), et au marteau de Thor, au Mardi alors que le jour de Lune est Lundi, etc. 
Le marteau en kabyle afdhis serait à mon sens à lier avec d'un côté le fantassin, et avec la fantasia, en clair avec la cavalerie d'un coté, et de l'autre avec baroudeur, avec celui qui fait parler la poudre, soit un canonnier ou un artificier. Ainsi le cheval s'apparente au canon, donc Kon' "cheval" n'a pas de quoi nous surprendre. La faucille ou serpe dit imger en kab devrait probablement s'apparenter à la notion de guerre, guerrier. Serpe en russe vient du grec harpê, et ce harpê (serpe) grec s'apparenterait à harb "la guerre" en arabe, voire même au terme kabyle a-harvi "un pétard". On comprend que la faucille et le marteau des prolétaires a une symbolique belliciste indéniable !

Et Fellaga, il nous vient d'où alors ? C'est peut-être insurgé, rebelle ? En réalité, il pourrait y avoir plusieurs pistes pour expliquer l'origine étymologique de ce terme fellaga. A commencer par celle qui commence par FLQ de felleq "déflorer" (voire "violer") + "battre qlq'un jusqu'au sang" en kabyle : c'est l'effusion de sang l'élément clé dans ce terme même si l'on ne peut écarter cette d'explosion (et le fellaga serait alors un baroudeur). On imagine donc que le fellaga est celui qui verse le sang, ou plus exactement celui qui est prêt au sacrifice suprême, à savoir abreuver de sang la terre de ses ancêtres pour qu'elle recouvre sa liberté. En d'autre mots, le fellaga serait un martyr. Et ce mot martyr nous vient du grec "témoin". Maintenant un petit rappel : le combattant fellaga pour le Français était appelé amjahed par le Kabyle, Moudjahid par l'algérien arabophone ; djahed "combattre" (d'où le terme djihad "guerre sainte" chez les arabo-musulmans) qui est phonétiquement quasiment comme shahid "martyr", shahed "regarder (donc être témoin de)" : on y retrouve donc la même logique. On aura donc Fellaga = Martyr comme hypothèse de travail de base.  
Ensuite, il y a l'hypothèse qui voudrait que fellaga soit apparenté au fellah "laboureur, paysan" en kab, en masri/arabe ; en somme Georges "celui qui travaille la terre" en grec. Et il n'y a pas forcément de contradiction avec la première version, car comme dans le cas de la Lune à double visage ou des outils (faucille, marteau) à double usage, civil ou militaire, le paysan ou laboureur peut devenir guerrier. La symbolique de Saint-Georges tuant le serpent (ou le dragon) devrait être facile à expliquer prochainement, je le sens.
Et enfin, il y a une troisième piste qui serait complémentaire de la première (fellaga = martyr), qui reposerait sur la supposition suivante : 
Fellaga en kab, argot nordaf ~ Phallanges "lanciers" d'Alexandre le Grand
Ici, on a la répartition des rôles comme on l'a vu plus haut (cavaliers ou canonniers (marteau). Le fellaga serait alors comme le combattant d'une phallange de l'armée d'Alexandre, une formation de choc qui attaquait de front, càd la lance ou le fer de lance à la pointe du combat armé.
NB : Ici une question se pose : supposons qu'Alexandre le Grand fut non pas une personnalité historique, un général d'armées avec ses phalanges, mais une figure religieuse. Dans ces cas, les phalanges d'Alexandre deviennent automatiquement des martyrs, comme les premiers martyrs dans la religion chrétienne.

Qlq part en Kabylie, ou dans le pays frère chaoui, des fils de paysans et good fellas sont devenus les fils de la Toussaint 1954, des hommes, des vrais qui ont affronté la mort avec une abnégation sans exemple. Des fellagas, disait-on d'eux, comme s'ils étaient de vulgaires bandits ; mais vous et moi, on sait bien que ces good fellagas étaient des martyrs, de vrais patriotes tombés au champ d'honneur par amour de leur terre et de leur mère-patrie. Rest in peace, good fellagas !