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lundi 31 octobre 2016

Le Grand Duc

LE JOUEUR DE BENDIR

Parfois on se heurte à un mur, ce sont des choses qui arrivent dans la vie :) Que faire alors en pareil cas pour avancer ? S’inventer un nouvel outil pour escalader ce mur ou le traverser carrément en allant vite comme pour le mur du son. Comment ? Par exemple, voir en la « table kabyle » une table ronde, d’abord, puis un tamis, et enfin un instrument de musique) et en faire un supersonique. Une aventure pas comme les autres nous attend aujourd’hui…

Le mur en question est le gad (rempart, mur) en phénicien (punique nordaf), que l’on retrouve en abondance en kabyle et en berbère dans agadhir (grenier, forteresse), ig’idher (aigle), wada (le bas), kath-weth (battre), awedh (atteindre, arriver à terme, mûrir), voire même dans GD ugadh (avoir peur, peur), de agadh, thaghat (caprin, chèvre). A un moment donné, je me suis dit que ce rempart phénicien nordaf ou punico-berbère devrait être en relation avec deux notions rationnelles, scientifiques même : horizon, temps, onde. Par ailleurs, nous savons, grâce aux toponymes Agadir et Cadix, que ce gad (rempart, mur) est du côté du couchant, cap vers l’Ouest donc…

L’astuce pour faire disparaître ce mur, ou pour le comprendre, consiste à saisir la métamorphose d’une seule et même idée, autrement dit de voir dans une image (un mot) un autre personnage (un nom) que celui que tout le monde voit, à première vue évidemment. On tape des mains – on fait donc du bruit, un son – pour faire fuir une nuée d’oiseaux : c’est aussi le principe d’une catapulte ou du tir (à l’arc, au fusil) ! Les oiseaux partent comme une flèche, comme un obus. C’est bon ? Alors on peut désormais entrer dans le vif du sujet.


PANDORA
L’instrument en question est ce qui est appelé communément en kabyle a-mendayer ou a-vendayer, et le bendir en argot nordaf. En réalité, il s’apparente à la bandura (instrument musical) en ukrainien, l’explication se trouvant dans le terme commun : en grec Pandura ou Pandora chez les Romains de l’antiquité (instrument musical à trois cordes). Lire plus sur ce sujet. Le bendir nordaf est soit avec des cordes (2 ou plus), soit sans ; il est utilisé par les hommes comme par les femmes pour différents usages et cérémonies. A vrai dire, c’est un artefact incroyablement évocateur de l’histoire de toute l’humanité et voici pourquoi.

Le bendir (amendayer en kab) est un tambour en peau de chèvre (agad) tendue sur un cadre rond en bois, qui permet de produire des sons et utilisé comme instrument de percussions. Le joueur de bendir peut prendre une toute autre forme, chers amis, et en voici la preuve :
- Archer : le son va naturellement s’apparenter à la flèche, et le suth (son, voix) en kab interfère avec le masri-arabe sawt (son, voix) mais aussi avec sagita (flèche) en latin, la racine punico-berbère GD, KT, WD (agadir, awedh, etc.) conforte l’hypothèse d’une origine punique nordafe de ces termes. Le joueur de bendir (un batteur tout simplement) est comme un tireur (chasseur donc : asegadh en kab avec le gad toujours et sayad (chasseur, seigneur) en masri-arabe : ce serait probablement le God de seigneur en anglois/germaniques), un archer qui tire des flèches, la peau de chèvre (agad) tendue s’apparente à l’arc tendu. L’étymologique officielle dit que Arc serait issu de… l’anglois arrow (flèche) ! Non, il y a d’abord le latin : arrivée (awedh kabyle expliqué plus haut pour « arrivé, terme »), et ensuite le kabyle et le masri-arabe, etc : Rebbi (Seigneur, Dieu). A la fin, on bute tous sur le bon Dieu, voilà le vrai mur !;
- Archer 2 : il me semble qu’il y a relation entre la peau de chèvre (agad) tendue et la peur (ugad), par ex. ugadh Rebbi (Aïe peur de Dieu !) qui sonne comme un appel à la conscience, à la raison en kab ; je soupçonne aussi que cet Archer soit ce qui en masri-arabe est rassul (messager, donc prophète) ;
- Sagittaire : c’est donc logiquement que notre joueur de bendir va s’apparenter au Sagittaire, l’archer, du zodiaque et des constellations. L’intérêt ici est que ce signe serait celui qui borne un cycle (une année), donc on pourrait remonter l’origine de son apparition dans les mythes de hommes suivant une datation astronomique précise ;
- Minotaure : ce monstre fabuleux des mythes grecs anciens, mi-homme mi-taureau, épouserait également cette logique du bendir ou/et du joueur de bendir ; la derbouka, ou peut-être le luth (3oud), va être comparée au centaure, mi-cheval mi-homme. Banalement, les outils de chasse ou les instruments de musique vont nous aider à comprendre des choses relevant d’un domaine plus « sérieux » (calendrier, par exemple). Voir dans le sagittaire un musicien, un fakir charmeur de serpent ou simplement un producteur de sons, c’est le premier pas dans la bonne direction. On reviendra à part sur ce sujet un de ces quatre ;
… (liste non exhaustive)...

http://3.bp.blogspot.com/-C3OJJpobwpc/U_ZM8y36QhI/AAAAAAAAMhI/cWx3Gs_ljDQ/s1600/21%2B%D0%B0%D0%B2%D0%B3%D1%83%D1%81%D1%82%D0%B0%2B1963%2B%D0%BA%D0%BE%D1%80%2B%D0%9C%D0%BE%D1%85%D0%B0%D0%BC%D0%BC%D0%B5%D0%B4%2BVI.jpg

LE GRAND DUC
Il suffit d’un support sec (en bois jadis, en plastique actuellement) et de tension (peau ou membrane tendue, cordes ou fils tendus) pour avoir des sons, de la voix, des chants, etc. L’homme a été d’abord un chasseur, puis un guerrier (archer), et ensuite seulement un « joueur de bendir », pas forcément un musicien. Les différentes cultures ont gardé les traces de ce chasseur-archer-musicien, ou disons « sagittaire-joueur de bendir » chacune à sa façon selon le degré d’évolution des sociétés respectives.
La culture kabyle a transféré ce personnage de la réalité vers l’imaginaire : le sagittaire-joueur de bendir est depuis longtemps devenu un mythe, il ne fait plus partie de la réalité kabyle. Son nom ? Amghar azemni, traduit comme le « vieux sage », voire « grand oracle ». Il n’existe que dans les mythes kabyles et ce depuis longtemps. La sagesse serait donc… la flèche (sagita en latin), comme la chasse. Un vieux chasseur, voilà ce qu’est le grand sage. Par contre, dans des sociétés plus isolées et moins évoluées, ce joueur de bendir est toujours là, et son nom suivant les contrées est :
Chamane chez les uns (Sibérie, Asie) ;
Sorcier (sociétés traditionnelles amérindiennes, tribus d’Afrique subsaharienne).
C’est leur sagittaire et joueur de bendir, leur grand sorcier et chef de tribu, toujours dans le réel avec un rôle dans leur société, alors que chez nous ce personnage a rejoint les mythes depuis longtemps car simplement notre société est soit plus ancienne, soit plus évoluée, ou les deux à la fois.
Si l’on regarde de l’autre côté, de celui des sociétés techniquement plus évoluées que la société kabyle, càd les sociétés européennes (ex. France), qu’est devenu chez eux cet illustre personnage, le sagittaire et joueur de tambour ? La fonction de « grand sorcier » et « chef de tribu » des temps très anciens, reléguée aux mythes dans la société kabyle, a été transformée en titre de noblesse quasiment chez nos voisins du nord de la Méditerranée :
Le Grand Duc ;
+ Le grand guide, le chef spirituel, le grand timonier.
Il s’agirait très probablement de notion d’Esprit aussi. Le joueur de tambour est un intermédiaire entre les hommes et les dieux ou Dieu, celui qui sait parler les esprits, ou qui communique avec le saint esprit, d’après ce que les hommes ont compris au fur et à mesure de leur évolution. Ainsi, je suppose que les instruments de musique seraient des artefacts très précieux pouvant nous indiquer l’évolution et l’époque de telle ou telle société. Le néanderthalien, brêle antique, a disparu car il n’avait pas l’oreille assez musicale et n’avait pas la présence d’esprit du cro-magnon qui, après une bonne partie de chasse et un bon méchoui, a su recycler les restes de son festin en développant des outils : des jarrets et ligaments il en fit des cordes d’arc et d’instruments de musique, il eut la brillante idée de sécher, tanner la peau de la bête abattue et de la tendre pour en sortir des sons, c’est la dimension spirituelle qui distingue le cro-magnon du néanderthalien. Le cro-magnon avait son mister tambourine, le néanderthalien non probablement, tout est question de transcendance.

Cap vers l’ouest maintenant, vers le Maroc et ses gnawas, musiciens qui pratiquent la transe, donc qlq part la sorcellerie. On dit qu’ils sont des « maures noirs », des soudanais, venus du Soudan. Ils sont noirs de peau, mais je ne pense pas qu’ils soient issus du Soudan, de Guinée peut-être. Ce « soudan » ferait référence au Son (sawt) – peut-être des sons de basse fréquence du guembri – et à la transe (sorcellerie) plus probablement.

Un autre élément permet d’indiquer que le sagittaire et joueur de bendir aurait survécu du côté du couchant (Maroc) même s’il s’est métamorphosé :
- Marabout pour la région saharienne (adepte de sorcellerie light !) ;
- Almoravides ou al-mourabitoune,  dits imravdhen (classe sacerdotale) en Kabylie, amrabet (monde spirituel) par opposition au Kabyle (monde temporel). Ces almoravides berbères musulmans auraient été des soldats-moines des ribat. Eh bien, ces ribat, ou la rabita en arabe, voir même le nom de la capitale du royaume marocain Rabat, ne serait peut-être qu’une forme récente, arabisée de ce qui fut jadis en punique et jusqu’à nos jours en berbère… Agadir, un toponyme (comme Cadix d’ailleurs) indiquant toujours le côté du couchant, de l’océan (atlantique). Agherval en kab, gherbal en masri-arabe pour le tamis servant à sasser le couscous n’est pas un tambour comme le bendir même s’il a la même forme, mais il indique aussi le couchant, le Maroc, le Maghreb, l'exil (étranger) : aghrib, maghrib. On y reviendra le moment venu.


Avant d’achever ce billet mené tambour battant, je vais quand même vous « assommer » avec de nouvelles hypothèses que voici :
Les Hespérides (jardin des hespérides) des mythes anciens grecs se situeraient à l’ouest, entre le Maroc et l’Andalousie, entre Agadir et Cadix, et feraient référence à la spiritualité. Pour vous convaincre, je vais faire appel à LA référence : l’Egypte ancienne. Plus exactement au mythe d’Osiris appelé « celui qui est à la tête des occidentaux », traduits par les égyptologues comme « celui qui à la tête des défunts ». No way, folks ! Osiris « celui qui est à la tête des occidentaux » signifierait plus probablement le Chef Spirituel, le Guide spirituel, intermédiaire entre les hommes et Dieu, vicaire de Dieu sur terre, par ex. le chef spirituel ou commandeur des croyants comme le titre des monarches marocains. Le bendir serait-il alors un insigne de pouvoir, spirituel en l'occurrence, qui se serait transformé en sceptre, tiare, etc ? En tout cas, une chose est sûre, c’est Osiris le Grand Duc.
Plus loin encore, le bendir dit amendayer en kabyle, va évoquer le Mangole peut-être mais surtout. … le mandarin (langue chinoise pour faire simple). Les pommes d’or du jardin des hespérides (oranges, tchina en kab et en argot nordaf), la mandarine, ce n’est pas seulement la Chine, tout semble indiquer le couchant (le Maroc, l’Andalousie) et… les langues, les sons (musique) comme maillon intermédiaire entres les hommes (entre eux) et le Divin.


A prochainement !

mercredi 19 octobre 2016

Cadix-Agadir

Le Boiteux Dormant

A table, sans couverts ni mets, pour un voyage dans le temps tout simplement, voila de ce que je vous propose. Une table tout à fait ordinaire, avec quatre pieds, une hauteur, une largeur, une longueur et des chaises, bien entendu. C’est un outil redoutable, à peine si l’on peut soupçonner de premier abord tout ce que la « table kabyle » peut nous faire découvrir. Et là, tout dépend de votre rapport à cette table, vous qui êtes assis à cette même table imaginaire que moi :)


A vrai dire, l’intuition laisse penser qu’il suffit de voir cette table dans tous ses états pour glaner des éléments aussi inattendus qu’intéressants, par exemple, la frappante proximité des langues « normalement » éloignées les unes des autres, si l’on se tient au classement des lingocrates, qui, par exemple, ne verront et ne reconnaîtront jamais de lien de parenté entre le terme qui désigne la « aire, surface (superficie) » dans msh de misaha ou même masa1 (soir) en masri-arabe et celui qui désigne le « mois », mens en, dites-vous bien, « indo-européen », msh en sanskrit, car ce n’est pas de la linguistique (linguistocratie plutôt) mais de la géométrie, alors que cette relation « mois-surface » a été démontrée sur ce blog grâce au kabyle qui veut que le mois kab ayur, agur (aire ?) soit l’agora en grec, la faucille et la récolte MGR indiquant le sens de « moisson » pour la notion de « mois ». Enfin bref, passons à notre billet du jour et regardons notre table autrement.

Il suffit de faire perdre sa stabilité à la table pour ouvrir la « source ». Une table qui bouge est une table qui boîte, qui bascule. On a déjà la notion de bascule (balance, libra) opposée à la table. On devine sur-le-champ d’où vient le terme anglois boat « bateau » : du verbe fr. boiter (claudiquer). C’est le « pied marin » de la table qui bouge). En réalité, nous sommes en présence, peut-être, d’une table merveilleuse symbole de la civilisation humaine, la cité-Etat, etc. Je ne vais pas, cette fois, parler des notions de poids, de puissance et de pouvoir, d’Etat, de pesanteur, des divinités comme Poseidon, des jeux, y compris d’échecs, que l’on devrait y retrouver. On va se limiter à une racine phénicienne ancienne, ou plutôt punique de Agadir, car elle se retrouve toujours dans les langues berbères nordafes et en kabyle surtout :
GD gad « rempart, mur » en phénicien, punique nordaf qui a donné de nos jours agadhir (Agadir) « (le) grenier collectif, (la) forteresse », qui en kabyle se retrouve dans tha-3rish-th (petit agadir) « grenier individuel, soupente en bois servant au stockage de l’huile d’olive », agadhir au sens de « place dominante en hauteur », ig’idher « aigle » et dans plusieurs autres termes comme KT, WT, WD : kath, weth « battre », wada « bas », awedh « atteindre, arriver à terme ».
Il suffit de donner une forme latine phénicienne, punico-berbère et kabyle pou saisi tout son sens, en rajoutant un simple N, sorte d’échafaudage linguistique, inexistant dans la forme kab :
N+GD, N+KT, N+WT, N+WD : ce sont d’abord les notions de Nuit, Nocturne et de Point (tha-nuqit en kab, nuqta en masri-arabe) que l’on y voit. C’est d’ailleurs plus simple à comprendre dans le cas de idhes, dtes « sommeil, dormir » et idh « nuit ». C’est peut-être aussi une notion de Temps, à vérifier.
Bref, il me semble avoir une réponse à une question que je me posais il y a un bon moment : pourquoi est-ce que le toponyme Agadir en berbère (Cadix ou Cadiz en espagnol) est réservé à cette partie de la Nordafe, alors que, par exemple, Alger aurait tout aussi convenu (lire Tizi-Alger sur ce blog) ? La réponse est relativement simple : Agadir et Cadix, à la différence d’Alger qui se trouve sur la Méditerranée, ont cela de particulier pour les lieux qu’ils désignent :
- Crépuscule, Couchant (Ouest), Occident (ce qui est dit « maghreb » en masri-arabe) ;
- Océan.
Ces deux cités fondées par les Phéniciens (Agadir et Cadix) sont du côté du couchant, sur l’océan atlantique justement. C’est l’océan du couchant.


Ms’hidhel « boiter, claudiquer » et akawan « (le) boiteux » (idem en argot « arabe » algérien, en masri-arabe c’est a3radj), et l’on comprend d’où vient cette interférence :
Océan en fr. issu du grec = akawan « boiteux » en kab !
Le verbe s’hidhel « boiter » en kab, sans le S de la forme factitive, serait peut-être : 1) lié au hidh « mur intérieur, paroi » en kab (ici le « h » est un intrus) et hadid « fer » et hit « mur » et surtout mouhit « océan » en masri-arabe ; 2) s’hidhel « boiter » en kab pourrait s’aligner sur sideros « fer » en grec (voir sidérurgie), chose que l’on démontrera plus tard surtout qu’on a les dieux boiteux des forges : indices de « métal », « fer », etc. Il serait logique de supposer que ce akawan « boiteux »-océan est un géant, une divinité ancienne (dieu forgeron de la métallurgie, au moins).
 

Maintenant revenons à notre table qui bouge et à la langue kabyle. Nous disons en kabyle Le kabyle contient aussi d’autres éléments de réponse : DL de idhal (itij) « (soleil) couché, en-dessous de l’horizon », DLQ de dhleq « s’allonger, se coucher », adhar « pied » (plat donc), idheli « hier », etc. Et voici le rapport :
Atlante (grand, géant) = DLQ dhleq de celui qui est allongé en kab ;
Hadhara « civilisation » en masri-arabe = ? adhar « pied » en kab.
Pour faire simple, nous avons, autour de notre table merveilleuse, l’Atlantide de Platon, l’idée d’une république idéale des fils d’Atlas avec Poseidon comme divinité, qui se situerait très clairement du côté du couchant et aurait une origine punique, punico-berbère nordafe et ibérique.
Cet atlante est peut-être un géant allongé ou un boiteux dormant, Poseidon peut-être, ou Atlas peut-être ou un dragon, qui sait, que l’on essayera de réveiller de sa longue léthargie sans provoquer son ire pour qu'il nous épagne les secousses telluriques et autres mauvaises surprises :)
 

Cadix-Agadir, à suivre…

samedi 15 octobre 2016

Le Jugement

La Parole d'Or
Ou l'Enigme de Madaure

Les dessous de table kabyle… La table imaginaire est sans doute un excellent outil mais ô combien difficile à gérer, surtout lorsqu’on est dans es petits souliers. Métamorphoser la table de multiplication en une « table kabyle » est une chose, la faire fructifier en est une autre. C’est donc un véritable défi que l’on essayera de relever petit à petit, sans trop forcer. On commencera par une scène tout à fait banale : le repas du soir, à table comme des grands :)

Cette « table kabyle », on va la placer à Alger, avec en guise d’accompagnement un tube chaabi, presque kabyle puisqu’il est algérois, de feu Dahmane L’Harrachi. En voilà un maestro, non-Kabyle mais avec un prénom plutôt kabyle, qui a gagné le respect de beaucoup de Kabs. Les paroles sages du barde sonnent comme un rappel à l’ordre, pour celui parmi les « passagers » de cette même table qui rêverait de l’élixir de l’éternité en guise de sorbet ou le bonimenteur qui promet à l’assistance de graver son nom dans l’histoire par ses œuvres et faits : denia nass-ha rehala, yak l’weqt wu zman qsir ; ch’hal djazou qeblek redjala, ghir li yqul nef3al wen dir (nous sommes que des passagers dans ce monde, notre temps et notre époque sont éphémères ; ô combien d’hommes d'envergue t’ont précédé (dans ce monde) avec la même promesse de conquérir l’histoire, l’éternité par leurs grandes actions et œuvres immortelles). Et le verdict : lekhbar y-jibouh twalla (littér. les informations – le verdict – sera rapporté par les derniers) qui signifie que le temps est le seul juge, que la vie donnera raison ou tort à l’homme ambitieux dans ses intentions, dans ses promesses et même dans ses actes. Un adage algérois très souvent repris en kabyle, sans traduction. Les ambitions démesurées de l’homme sont vaines devant l’Eternel : qu’adviendra-t-il de nos paroles avec le temps, des siècles et des siècles après ce repas autour d’une table, lorsque tout l’entourage aura disparu ?


On va s’intéresser à un seul mot : twalla « les derniers » en argot algérois, surtout qu’on est à table ! Talli c’est la fin, le temps du bilan : c’est thagara en kabyle, anegaru ou amegaru « le dernier » en kab ayant été rapproché du grec mégalo « grand » dans le billet récent (Le dernier messager). TWL de twalla « les derniers » en algérois est en lien avec TWL tawila « (la) table », tawil « grand (long, haut) » en masri-arabe, et le Moh Twill « Momo le grand/longiligne » en algérois équivaudrait à Moh Talla « Momo de la fontaine » en kabyle. On est probablement en présence d’une interférence de tous ces termes avec « Taille », taglia en italien (comparez à tagara « la fin » en kab), surtout en regardant la table dans le sens de la longueur. Voilà ce qu’il faut savoir au départ en matière de proximité phonétique et/ou étymologique des termes correspondants.

Mais qui sont ces « derniers » qui apportent le verdict, la nouvelle, bonne ou mauvaise en conclusion d’une discussion ou d’une promesse donnée durant la causette autour d’une table ? Ces « derniers » doivent forcément être témoins des faits et avoir assez de temps ou de recul dans le temps, et/ou aller plus vite dans l’espace et dans le temps, beaucoup plus que ceux auxquels se rapporte leur verdict ou leur nouvelle, pour trouver ce « dernier mot (verdict) », cette « nouvelle », donc l’avenir tout simplement qui infirme ou confirme ce qui a été dit au présent devenant passé par la force des choses, du temps plus exactement. Ces « derniers » doivent forcément avoir des ailes car marcher n’est pas voler et au moins des plumes, enfin c’était le cas au bon vieux temps. Voici qui les hypothèses concernant la signification des « derniers », les Twalla évoqués par le barde algérois (la version la plus probable vous attend au dernier paragraphe) :
Twalla « (les) derniers » = (les) Historiens
Un historien, depuis Hérodote, est par définition celui qui rapporte les faits et paroles des hommes du passé, celui qui les juge d’une certaine façon – c’est lui qui a le dernier mot sur ceux qu’il évoque !, et il est, bien entendu, celui qui écrit l’histoire, jadis avec une plume, celui qui la grave ou l’enregistre dans la mémoire collective des hommes du présent.
 

Seuls les hommes qui ont marqué l’histoire ont droit à ce privilège, à ce « présent » permanent dans la mémoire des hommes. Ou bien leurs paroles, celles des poètes plus exactement. Cette marque est une lettre phénicienne en forme de croix dont la valeur phonétique exacte est sauvegardée justement en Nordafe et elle ressemble à s’y méprendre à TWL de table :
Taw (X) « marque, ici, maintenant » en phénicien : tawa « maintenant » en argot tunisien, thuwra « maintenant » en kabyle. Notre table serait-elle le « présent » ? Vraisemblablement, à l’heure plus exactement.
Là on va regarder notre table avec un regard tout neuf. Deux cas de figure envisageables sont clairement identifiés : le premier, on va l’évoquer en bref, est celui qui veut que ces « derniers » ou ceux qui ont le dernier mot, seraient tout simplement des poètes, les ciseleurs du verbe ou les maîtres de la parole (awal en kab). Le deuxième, plus facile à comprendre, se résume à une scène notoirement connue : La Cène de Léonardo de Vinci, le dernier repas (secret) de Jésus avec les 12 apôtres. On peut désormais l’interpréter autrement à la lumière de ce que l’on vient de voir. Premièrement, il est possible que cette scène indique une heure précise : 12 heures de minuit. Deuxièmement, et là encore c’est une hypothèse probabel, ces apôtres ou apostolos « envoyé » en grec, les « derniers » porteurs de nouvelle, ont des ailes car ce sont tout simplement des… pigeons (colombes) :
Twalla « (les) derniers » = apôtres, apostoles « envoyés » = ithvir « pigeon » en kabyle.
Le terme « (la) poste » serait né de l’apôtre du pigeon voyageur. Le pigeon kabyle, ithvir, est porteur de notions « information, informateur, envoyé », voire même de « espionner », un as de la communication ! C’est peut-être le cas pour Tyr en kab, ta1ir « oiseau » en masri-arabe, et chose anecdotique, bird « oiseau » anglois pourrait s’apparenter au barid « (la) poste » en masri-arabe ).
 

Toujours dans cette même hypothèse, on peut supposer également que ces « derniers » soient des notaires qui rédigent un testament (dans le droit), un testament politique ou religieux (vieux, nouveau). On ne peut non plus écarter une autre supposition quant aux apôtres : sculpteurs et autres artistes capables de fixer à défaut d’immortaliser un instant de la vie ou de « grands hommes » au moyen de tableaux, de monuments, etc. Mais rien n’est éternel sous le soleil, ces œuvres ne peuvent représenter une mémoire impérissable. Là où les hommes ont échoué, les « messagers de Dieu » ont réussi grâce à ces mêmes hommes et à leur imaginaire : seul le divin serait éternel ou plus précisément la parole divine.
Le verbe, la parole ne sont-ils pas tout aussi éternels ? Quelle est la durée de vie d’un mot, d’un verbe, ou d’une phrase proverbiale ? L’écriture a-t-elle pérennisé les « produits » de la langue humaine ? Si oui, l’alphabet est alors… une prophétie et les lettres des apôtres.

Thalla de Madaure
Maintenant voici la version la plus plausible concernant la signification des twalla « derniers » du barde algérois. L’explication est dans Thalla « source, fontaine » kabyle, dans la racine du terme, plus exactement dans le verbe /WL/ en kabyle, et cette piste corrobore celle évoqué dans le billet Momo le Rital pour l’homme de le la Renaissance.
/WL/, /GL/, /QL/ de welli, ughal, uqel « 1.retourner ; 2. devenir (changement, transformation) en kabyle, repris en algérois pour welli « retourner », le terme correspondant en masri-arabe étant ardja3 « retourner, devenir ».
Ces twalla « derniers » seront des hommes de la Renaissance, et sur le plan religieux, les hommes de la Résurrection (des justes ?), voire ceux du dernier jugement, de la rétribution, le jour du jugement dernier, comme sur le tableau de l’homme de la Renaissance (italienne), Michel-Ange, ou celui de Fra Angelico sur l'image d'illustration.
 

Sur le plan rationnel, si j’ose dire, non-religieux en tout cas, de « retour » serait plus un « devenir » (welli, ughal, uqel), c’est-à-dire une Métamorphose, chose qui s’accorde complètement avec Thalla « (la) source, fontaine », les sources d’eau étant très souvent apparentés aux divinités, à la métamorphose, à la magie et ce quasiment dans toutes les cultures. Et là, à ma très grande surprise, le nom de la ville de l’auteur des Métamorphoses et avocat, Madaure (de nos jours M'daourouch) semble détenir un certain secret et une probable relation avec ce que l’on vient de voir. Madaure – synonyme de jugement-métamorphose ? Ou de tribunal ? Apulée ne serait-il pas un Moh Twill ou Moh Talla ? Ne s'girait-il pas de Parole d'Or (éternelle) plutôt que d'âne d'or la vraie métamorphose d'Apulée ? C’est désormais l’énigme du nom de Madaure que l’on essayera d’expliquer un de ces quatre.

Ainsi se termine ce billet, qui est d’une certaine façon un hommage au barde algérois apprécié en Kabylie, le regretté Dahmane L’Harrachi. Peut-être qu’un jour nos jeunes talents traduiront et adapteront au kabyle ses œuvres les plus connues, plus que compatibles avec les œuvres des grands maîtres de la chanson populaire (chaabi) kabyle. La métamorphose (la traduction, par exemple) étant une autre forme de vie de l’œuvre du barde disparu.

mercredi 12 octobre 2016

La Sentinelle



La légende du Zouave d'origine 
ou Les cent pas d'Alger

1830. La Régence d’Alger puis la Kabylie et l’Algérie tombèrent aux mains des conquérants français. On ne sait pour quelles raisons vraiment, un nom de soudard à consonance kabyle à priori, azwaw – jadis soldat kabyle au service de la Régence d’Alger et de ses janissaires, donna naissance au zouave, soldat français au look et au nom kabyle, ce qui prête à confusion, donc piqure de rappel : le zouave du pont Alma est un soldat français et n’a strictement rien à voir avec les Kabyles. Maintenant passons aux choses sérieuses, et essayons de comprendre le sens et l’origine du terme azwaw ayant donné par la suite zouave en français.

On dispose de très peu d’informations sur le soldat azwaw d’avant 1830, et à peine si la mémoire populaire kabyle donne plus d’informations sur ce sujet à part, peut-être, celle de azwaw su mendil awragh (soldat kabyle avec son étendard jaune/or) chantée par Dda Yidhir. Du point de vue étymologique, il existe des propositions qui voudraient qu'il y ait un lien entre azwaw et zawiya « angle, école religieuse » en masri-arabe, et certains vont même jusqu’à faire le lien avec les mythiques igawawen en donnant une origine géographique précise en Kabylie, ce qui serait faux, à mon avis. Donc, l’étymologie du terme azwaw et la légende de ce soldat kabyle restent très floues. On va essayer d’y remédier justement, et pour ce faire, on va ratisser large, sans exclure aucune piste pour le moment.

Il y a la piste kabyle de l’origine de ce nom azwaw, et elle trouvera très certainement son explication à Vgayeth-Bougie (Saldae durant l’antiquité), la capitale kabyle étroitement liée à la bougie (cire), à son évêché antique et aux suites de Fibonacci, pour cause de lien avec la cire d’abeille et pas seulement. On a abordé ce sujet à plusieurs reprises sur ce blog comme sur l’ancien (Le chant du zouave, La mère du zouave ; La suite du zouave, Saint-Cire de Kabylie). Bref, le soldat azwaw est un « soldat de cire » dont la fonction réelle reste à déterminer (soldat éclaireur, soldat de la foi ?). Notons que le mousquet, par exemple, désigné a-veshkidh en kabyle, issu de l’italien, fait référence à la « mouche » (izi en kab, iZi avec emphase donne la vésicule biliaire en kab), pour le dard (d’abeille aussi).

Il y a la piste algérienne ou « arabe-algérienne », qui veut qui suggère qu'il y aurait un lien entre azwaw et la zawiya « angle, école religieuse ». Ce qui laisserait supposer un moine-soldat version kabyle, équivalent des almoravides (mourabitounes) des Maures de l’ouest. Je suppose que l’on ne peut exclure non plus une autre interférence avec le masri-arabe, à savoir GZW de ghazw « expédition, conquête » en rapport avec le soldat azwaw. Et si tel était le cas, on pourrait légitiment supposer que le terme azwaw aurait existé sous une autre forme bien avant l’époque médiévale et pas seulement chez les Kabyles, mais chez les autochtones nordafs à différentes époques de l’histoire. Ma supposition est la suivante : ce soldat azwaw serait étroitement lié à la conquête - un pionnier donc (scout aussi) -, son opposé serait le soldat de la libération, amejahed (moudjahid en arabe). En d’autres termes, azwaw serait un soldat conquérant ou un conquistador chez les Espagnols.
Azwaw époque médiévale (régence « turque ») repris comme Zouave par les conquérants français (ceci explique cela !) = Zénète époque de la supposée « conquête musulmane » de l’Andalousie par le berbère Tarek ben Ziyad.
Autant dire que le zénète n’a pas d’origine ethnique ou géographique précise, tout comme azwaw. Mais ce n’est pas tout, car avant les « turcs », les musulmans, il y avait en Nordafe d’autres époques : romaine, byzantine, etc. D’où la supposition suivante qui nécessite un peu de recul et beaucoup d’arguments pour être validée :
Azwaw de l’époque « turque » médiévale et de le conquête française = Zénète de l’époque de la « conquête musulmane » = Byzantin (soldat byzantin) de l’époque précédant la « conquête musulmane » : l’élément clé dans ce cas byzantin serait l’arme (fatale) byzantine en l’occurrence le feu grégeois. Il doit avoir la flamme le soldat azwaw !
En remontant plus loin dans le temps, avant l’invention des armes à feu (fusils, canons), ce soldat azwaw aurait été probablement dans l’infanterie légère, un archer avec sa flèche, son pique pour attaquer, donner l’assaut à l’ennemi. A son opposé, celui qui défend (le libérateur, amejahed, évoqué plus haut, qui serait en lien avec sagita « flèche » en latin ?) tiendrait un bouclier comme celui qui attaque aussi, mais surtout un « long pic » ou une flèche plus lourde, une lance quoi !, pour tenir en respect l’ennemi. C’est, je crois, le principe des phalanges macédoniennes d’Alexandre le Grand. Remarquons la différence entre la flèche d’attaque qui se fait à distance par le tir de l’archer et la lance de celui qui défend touchant à bout portant l’ennemi, avec en contact direct avec celui-ci…

Vous savez bien que je suis à peu près convaincu qu’Alexandre le Grand serait une figure syncrétique et non pas historique. Et ce champ de bataille d’archers et de lanciers va naturellement se retrouver sur… l’échiquier ! La flèche de l’archer est une figurine légère d’attaque à longue portée (qui saute plusieurs cases), la lance est une figurine lourde de défense en contact direct (face à face) avec celle de l’adversaire. Maintenant cherchez azwaw, le zouave, le zénète, le conquistador, et on reparlera une autre fois.

SIWA
Le plus surprenant, cette fois, c’est que désormais je trouve qu’il y a un lien avec Siwa, la légendaire oasis berbère en Egypte abritant le temple du dieu égyptien ancien Amon. Le dard d’abeille, le mousquet ou la flèche du soldat azwaw va tout simplement prendre une forme paisible : une aiguille. Le soldat azwaw va devenir tout simplement un aiguilleur (pour ne pas dire un aiguille-homme, Guillaume le conquérant :) ), le gardien du temps (et du temple ou des portes du temps/temple !). Il est facile de comprendre que de l’autre côté de la Méditerranée, en Europe, il y a bien une version réelle de notre azwaw, supposé soldat et aiguilleur du temps : la garde suisse ! Horloger et garde pontificale. Donc il est possible que azwaw faisait office de « garde suisse » dans le corps des janissaires d’Alger, et notons que le soldat berbère (du couchant) est aussi toujours affecté à ce rôle de sentinelle en Andalousie musulmane.

Siwa est une poche de résistance berbère dans le dit « monde arabe », Sadate l’a même bombardée, et leur propagande dit que les Siwis seraient des Berbères Chaouis nord-africains égarés dans cette oasis après le pèlerinage ! Leur ruse n’a pas de limite (yakhi les khorotos, yakhi !), tout comme leur crasse ignorance d’ailleurs. Voyons ce qu’est Siwa vraiment.
Siwa, oasis de palmiers-dattiers, avec de l’eau en abondance et le temps d’Amon. On saisit vite que « oasis », lieu isolé, pourrait s’apparenter à une colonie. On comprend que le palmier-dattier de l’oasis serait une horloge, un calendrier (en Kabylie c’est l’olivier qui fera office de mémoire). On comprend aussi que Siwa pourrait avoir un lien avec azwaw en kab, avec zawiya « angle, école religieuse » en masri-arabe et avec… la corne (ishew, ashew en kabyle, sans doute chaoui y trouverait son explication tout comme siwi), corner (angle) en ang., coronel (colonel) en esp., qarn (siècle) en ar. : on la clé de 100 (en arabe Ma1 désigne « eau » et Mi1a « cent », le kab les désignes par Aman « les eaux »), du commandant de 100 ou simplement un Ceinturion (armée romaine), un Colonel ou chef de file d’une colonne, d’une colonie. Avoir des cornes (ashiwen) ne signifie pas forcément être cocu pour un homme :), mais avoir des cheveux blancs/gris : ashivan « grison » en kab ou chibani au sens figuré de « doyen » en argot arabe nordaf vont dans le sens de ce Colonel, ceinturion, chef ou commandant d'une colonnne ou colonie. Un soldat sentinelle et gardien du temps et de l’espace (en Kabylie la croyante est très forte en matière de « gardiens des sources » (d’eau, du temps ?) et de lieux – des Cardinaux en somme) doit forcément avoir les cheveux blancs, on parlera de lui plus loin. Je me dis que sentinelle est peut-être 100inelle :), au sens de celui qui fait les 100 pas :) Why not, après tout !

Au final, on a donc deux versions possibles de l’origine du terme azwaw qui aura ensuite donné zouave en français : 1) soldat de la conquête, pionnier, conquérant et donc colonel aussi ; 2) sentinelle du temps, gardien du temple (de la foi, du palais ?). La deuxième me paraît plus recevable. Ce soldat azwaw aurait tenu quelle fonction dans Alger d’aujourd’hui ? Exact, la Garde Républicaine ! C’est aussi la Garde du Palais plus largement, toujours affectée aux Berbères (Kabyles à Alger, Berbères marocains en Andalousie). Avec son étendard jaune/or, bien sûr ! Le « soldat de cire » (de plomb, si vous préférez), évoqué plus haut, y trouve son explication : une sentinelle figée, au garde-à-vous, qui veille sur la porte, sur le temps (l’heure), sur le temple (mausolée), sur la République ! Alors pourquoi un soldat kabyle pour veiller sur la République ? La réponse se trouverait dans son socle identitaire qui le distingue de son entourage : l’olivier (l'huile d'olive est dite l'huile kabyle à Alger), qui, j’en suis sûr, aurait une relation avec le temps et … la notion de république.
http://s1.lemde.fr/image/2012/12/21/952x0/1809416_6_3ccc_ill-1809416-cd24-hollande-algerie-10_4a2f914ab11c628cab1b8b9a3bbdf205.jpg

Azwaw serait celui qui veille aussi sur la paix, sur le sommeil du soldat, sur la tombe du soldat inconnu, sur la  flamme éternelle, sur la mémoire de tout un pays. Sauf qu’à Alger de nos jours, au lieu de mettre en valeur son histoire authentique, tout est fait pour dénigrer les Kabyles, y compris en associant, à tort, le soldat kabyle azwaw à son ennemi : le zouave français, soldat d’occupation. Une propagande nauséabonde de khamassine béni-oui-oui et collabos de l’occupant français d’hier, des pourris aujourd’hui blanchis. 
C’est-à-dire que cette clique babouches-qamis se livre à un massacre identitaire pour effacer la mémoire d’un pays qui ne lui appartient pas pour y installer une fausse-mémoire (étrangère en plus !) et remodeler ce pays à sa guise, ou plutôt à la guise de ses maîtres obscurantistes, ses répugnants commanditaires étrangers. 

Sauf que le temps leur est compté par le soldat kabyle, azwaw, qui attend son jour de triomphe, car Alger marche à l’heure kabyle et aux cent pas de la sentinelle kabyle. C’est son Greenwich naturel, lui imposer un fuseau horaire étranger n’a jamais réussi à personne, même pas à la puissante et aveuglée aveuglante « nation des Lumières », alors que dire de celle des ténèbres ! A bon entendeur !

Azwaw chanté par Dda Yidhir, plus la version complice « mauresco-celte » de Mami, un cas exceptionnel de bonne entente dans ce pays, hélas !

mardi 11 octobre 2016

Nature Maure

Alger sans balance

La légende des Maures nordafs commence petit à petit à dévoiler ses secrets, et on est loin des histoires officielles. Heureusement d’ailleurs, sinon on ne comprendrait plus rien à l’histoire. Vous avez pris connaissance du billet précédent, où l’on a expliqué la relation en le kabyle ifer « aile ; feuille » et hepar « foie » en grec. Ce qui va suivre va sans doute vous surprendre et vous éclairer :)
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Très souvent, on reproche aux Kabyles d’être constamment opposés au pouvoir central d’Alger, de l’Etat. A peine s’il se trouve qlq’un parmi nos détracteurs qui se serait posé la question, et trouvé la réponse, du pourquoi d’une telle attitude collective. M’est avis que c’est une répartition de rôles très ancienne dans ces contrées, lorsque le peuple kabyle qui vit en république, ou la Kabylie constitue un contre-pouvoir, un garde-fou contre l’arbitraire de l’Etat et du pouvoir des rois, régents, janissaires d’Alger. C’est une très ancienne balance, rompre cet équilibre en voulant à tout prix réduire au silence la Kabylie est une politique suicidaire qui mènerait à des conséquences désastreuses. Dans ce pays kabyle, en république kabyle, les rois et princes n’ont de place que dans l’imaginaire : les contes et fables kabyles. Et c’est justement cette tradition orale kabyle qui nous permettra de comprendre un pan de l’histoire de la Nordafe…

PAPYRUS
Revenons à notre ifer. A vrai dire, j’ai compris depuis longtemps qu’il devrait contenir la notion d’air (ifer = aile) et de couleur (ifer = feuille végétale). Le rapprochement avec le grec, d’abord avec hepar « foie », nous a donné la notion de « parents » par exemple. Là nous allons voir d’autre facettes de ce terme kab’.
ifer « aile, feuille » en kabyle ~ hepar « foie » en grec
Transcription de ifer en caractères grecs : Ήπαρ
Sa transcription en latin : Hepar
Sa lecture possible : 1) Nepar - Netar, ou bien Nefar, Nefer au lieu de ifer en kabyle moderne. D’où les suppositions suivantes :
1) ifer « aile (d’oiseau), feuille (végétale) » en kabyle ~ Nature ;
2) ifer en kab serait très probablement comparable à l’ancien égyptien nefer « beauté ». Je ne sais pas si le terme afertetu « (le) papillon » (littér. aile+œil) en kabyle et berbère est une version du nom de Nefertiti, ce qui ferait d’elle une madame Butterfly :), l’intérêt d’ailleurs n’est pas là, mais dont ce que pourrait contenir le mot en question :
ifer « aile, feuille » : Couleur (rouge, or/jaune ?), Nature, Beauté, Noble, Nouveau ? (Renouveau ? Renaissance ?).
NB : Etrangement, ifer en kab peut s’aligner sur le spher/asfar « jaune » sémitique tout comme awragh « jaune, or » sur warqa « feuille » en masri-arabe.
ifer serait notre version du papyrus, support d’écriture mais aussi de le renaissance du Nil et de la Basse-Egypte (celle du Nord), voire même du lotus, symbole de la Haute-Egypte, quoique c’est bien la Basse-Egypte celle qui nous intéresse pour des raisons faciles à comprendre.

Cette image allie justement la feuille (ici de lotus, ça pourrait être le papyrus) et l’oiseau, donc l’aile (ifer « aile, feuille » en kab), ou la plume, le premier calame sans doute : on a le support d’écriture (papyrus, lotus), l’outil d’écriture (plume), l’encre (limon du Nil en crue) et notre marais de lettres d’amour, peut-être, est prêt :)
http://www.fromcairo.com/images/Tut_papyrus_honeymoon.jpg
MAURE
Nous voici de retour à Alger pour le lot de surprises.
ifer « aile, feuille » au sens de nature est dans :
Janissaire (yeni tchéri en turc) ~ Nature voire beauté, noblesse, nouveau. La version turque avec le « tch » serait récente, ce serait le F (ex.ifer en kab, V en latin et grec) à l’origine qui fait de ce Janissaire (yéni tchéri) un… Universel ! Le terme catholique est lui aussi venu de katholikos « universel, général » en grec. Le Janissaire est soit Universel, soit Général.
Je vais vous surprendre, mais 1) je suis à peu près sûr qu’il y a une relation entre le terme Janissaire (et Universel aussi) et le nom du mythe fondateur kabyle et berbère : Anzar, 2) le chrobadji des janissaires, dans la fabuleuse image du janissaire, déjà traitée sur ce blog, serait très probablement un officier et guide, mais Charpentier (nedjar en masri-arabe) au sens religieux (y a un mythique fils naturel de charpentier très connu dans une autre religion !). Et ce terme ifer « aile, feuille » vous l’avez en double mais avec un Z : vos narines (thinzarin), votre nez (anzaren), aghendjur (nez aquilin) en kabyle. NB : Ce chef de janissaires ottomans va à mon sens donner ailleurs, dans les steppes des pays slaves, le titre de Atamane chef des cosaques.

Mais la plus grosse n’est pas celle-ci, mais celle qui concerne le « Turc » d’Alger. Je disais que les rois et princes n’existent que dans les fables pour les Kabyles. Quand les « marocains » ou Marocains désignent leur roi « prince/commandant des croyants » réellement, les Kabyles le font dans l’imaginaire pour les oiseaux : ag’lidh ledhuyr, le « prince/roi/monarque des oiseaux ». Et ce ag’lidh ledhyur devrait être aussi traduit comme le « roi des Maures » (par exemple, Marocains ou Maures arabisés vivant dans l’ouest de la Nordafe) et… le « prince/commandant/régent des Turcs ». En gros, c’est ça la conclusion :
Turc au sens où on l’entendait à Alger (médiévale) = Maure dans les sources latines (Maurétanie césarienne).
Donc il y a deux types de Maures : les Marocains (royaume du Maroc), version plus récente, qui n’ont jamais fait partie du protectorat turc ottoman, et les « Turcs » d’Alger du 15-19 siècles et les Maures de l’antiquité (époque lagide, Juba II, etc.). C’est peut-être simplement une appellation (titre ou grade : régent, colonel, général ; courant religieux ou politique : universel, colon, etc.) qui renvoie à tout sauf à une origine ethnique et/ou géographique. Il ne me reste plus qu’à identifier l’oiseau (des fables kabyles) représentant le Maure-Turc du royaume ou de la régence d’Alger : l’vaz (faucon ou sphinx) ou ig’idher « aigle » ? On sait qu’ailleurs le Turc, le vrai, celui de Turquie, est associée à la dinde (turkey en anglois)…


Et pour vous enfoncer encore plus dans le doute – je m’en excuse, les amis – la célèbre exclamation des maures arabisés de l’ouest (Oranie) « wesh bihoum zwawa ma3a nssara » (Que se passe-t-il entre les azwaw (sous-entendu les Kabyles même si azwaw est un soldat kabyle, repris ensuite par les Français comme zouave) et les chrétiens (sous-entendu les Français) » durant la guerre d’Algérie, daterait peut être d’une autre époque, médiévale ou antérieure même, où le azwaw (soldat kabyle) est le même mais les nssara seraient non pas des chrétiens (français) mais les janissaires « turcs » de la Régence d’Alger, voire même du Royaume de Maurétanie Césarienne (Algérois). Un conflit entre les soldats (du peuple) et les officiers (de la Régence, du Royaume) ? Maybe, je ne sais pas, je le saurai peut-être en étudiant la légende du zouave d’origine : qui est vraiment Azwaw avec son étendard… jaune/or justement (azwaw su mendil awragh) ? 


En tout cas, c’est l’éternel conflit Alger vs la Kabylie, pouvoir vs contre-pouvoir (du peuple), le pesant d’or algérois vs le pesant d’argent (métal) kabyle. Un équilibre qui s’est installé depuis l’antiquité et qui a été rompu, d’abord, par la colonisation française, et ensuite par les « nouveaux algérois » ou les autorités algériennes pro-arabes et pro-islamistes qui ne comprennent strictement rien à cette « balance », qu’ils ont d’ailleurs brisée en 2001 en agressant la Kabylie de manière sauvage, sans imaginer les conséquences de cet acte hostile et débile qui a mis brutalement fin à une cohabitation naturelle et à un équilibre des forces établi depuis l’antiquité. Alger a cessé d'être blanche, Alger a perdu sa balance. A peine si ces « maures d’Alger » new wave se rendent compte des conséquences de leur politique désastreuse à l’égard de la Kabylie et à peine sentent-ils aujourd’hui que le sol kabyle commence à se dérober sous leurs pieds depuis leurs palais d’Alger, cité dévouée désormais à la « foi punique ». Plus aucune fable kabyle ne fera écho de ce qui se passe dans le royaume d'Alger sous le règne des maures new wave. Alger est désormais une nature morte de maure naturel, pourri et blanchi et n'a plus sa place dans les légendes des enfants légitimes.

A prochainement !

samedi 8 octobre 2016

La Couronne d'Olivier

L'Afrique, la vraie, aux Africains, les vrais !

Prendre à témoin et pour compagnon l’ancien grec serait une aubaine pour la langue kabyle, comme on l’a vu avec le premier exemple dans le billet précédent. L’ancien grec serait qlq part une langue-temps charnière qui nous aidera à remonter le temps qui lui est antérieur, donc comprendre les désignations (adaptées) en grec ancien touchant à l’ancien égyptien et à l’Egypte ancienne (toponymes ou noms de divinités par exemple), tout comme le temps qui lui est postérieur pour comprendre le latin et les désignations en latin puis en romanes portant sur les sujets nous intéressant. Voici donc un deuxième exemple de cet étrange alignement du kabyle sur l’ancien grec…

Pour rappel, ifer en kabyle signifie « 1.aile (d’oiseau) ; 2. Feuille (végétale) », la racine /FR/ évoque ce qui est « caché, protégé (des regards) », afrux « oiseau », ainsi que le vol (flight) en général et/ou l’hélice : tiferfert (jeu d’enfants qui consiste à faire une hélice en courant), etc. Maintenant voici la comparaison kab vs grec pour le moins inattendue :
ifer « aile » en kabyle = ἧπαρ [hepar] « foie » en grec ancien.
En gros,
Foie ~ Aile.
C’est l’image fabuleuse (foie comme une aile) qui nous fera comprendre bien des choses ! D’abord, cette constatation relativement simple : Aile (ala en latin) va avoir une relation avec /WL/, ul « cœur » (parfois /WR/, ur) probablement et avec ayla, agla « bien, possession, propriété » en kabyle. Ensuite, et c’est le plus important, ce rapport Foie-Aile va nous ouvrir les yeux sur une autre conclusion qui veut que le sens central de Foie-Aile soit porteur d’une notion on ne peut plus clair :
Parents
(+ Patrons, Patrie, etc.)
Ceci laisse penser qu’il y a relation entre Hepar « foie » en grec et Parens « parents » en latin, chose jamais admise jusque-là.
On comprend désormais pourquoi en kabyle thassa « (le) foie » est étroitement lié à la mère (parent) et le pourquoi du gma tassa (littéralement « frère de foie ») : frère de même parents et/ou monozygotique (pour les jumeaux). Par ailleurs, les parents c’est d’abord l’appartenance (l’ascendance) de la progéniture, donc ayla, agla « propriété » pou Aile s’explique, tout comme la racine /WL/ dans i-mawlen « les parents, les propriétaires » (vav-a « le propriétaire (d’un bien), patron », père) en kabyle.
Le plus important est que cette découverte nous donne suffisamment d’éléments pour conclure à une notion très connue ayant trait à la dite Rome antique :
ifer « aile » kabyle, hepar « foie » en grec ~ Patriciens de Rome
Du coup, le foie Plaisance des Etrusques – soi-disant soumis par Rome – prend une tout autre dimension, loin des interprétations folkloriques largement répandues dans les milieux scientifiques. Plus curieux encore, cette racine /FR/ en kabyle semble donc nous renvoyer à un temps plus lointain, celui d’avant les Grecs anciens (que dire alors des Romains !), plus exactement au titre de Pharaon en Egypte ancienne – sans doute pour le sens de « Père, Patron, Patricien », à la racine /PR/ « maison » en égyptien ancien, qui, je le suppose pour la première fois, pourrait prendre le sens de « Porte » (à vérifier). Pourquoi ? Tout simplement le vav, vava « patron, père » en kab serait un emprunt au masri-arabe baba « père », bab « porte », lui-même sans doute un calque d’une « logique » égyptienne ancienne.

Un autre élément, ou plutôt une autre institution de Rome qui ne serait en réalité qu’une réplique de ce qui a existé avant les Romains et même avant les anciens Grecs, très exactement en Egypte ancienne, car tous simplement les notions suivantes que l’on prête à Rome (et au Vatican) ne sont en réalité qu’une copie récente de ce qui a existé depuis l’Egypte ancienne, le Per ou /PR/ « maison » en égyptien ancien en est la preuve :
1. Sénat, sénateur, patricien, etc.
2. Souverain, Prince, Empereur ;
3. Esprit (spiritus) ;
Et encore plus proche de nous :
4. Florence (Firenze en italien), florentin.
Maintenant il suffit de regarder l’image, une « image fabuleuse », pour découvrir une autre interprétation que celle reconnue de cette devise romaine SPQR (sénat et peuple de Rome) pour deviner des notions romaines et romaines … ecclésiastiques, càd de l’Eglise Romaine, du Vatican, entre autres :
Eternelle (ville), pour Rome justement ;
Archevêque, Evêque, évêché (et église qui va s’apparenter à notre « aile »). NB : Pour info, évêché est phonétiquement de vétchniy « éternel »… en russe. Cette même logique devrait s’appliquer à la capitale kabyle, Vgayeth-Bougie dont les indices des sources latines sont la bougie (la cire) – je suppose que c’est elle l’« éternelle » – et l’évêché de cette cité. On y reviendra.
Esprit : le triptyque « Père, Fils et Saint-Esprit » devrait s’y trouver aussi.

AFRICA ROMANA
Après la confrontation aux langues occidentales, on va procéder aux comparaisons avec une langue orientale : le masri-arabe. A peine si les locuteurs de cette langue devient que leur GNH djanah « aile » est comparable à l’anglais KNG de king « roi » (donc prince, pharaon, etc), mais concentrons-nous sur le thème du jour détaillé plus haut. Aile en fr., i-mawlan « parents », ayla, agla « propriété, possession » en kab vont s’apparenter au masri-arabe 3aila « la famille » (en kab il y a le terme a-3gal « membre (de la famille) », mais les surprises viennent d’ailleurs…
Il y a certainement des indices de couleur dans ce que l’on vient d’évoquer, notamment pour ce qui s’agit du /PR/, per « maison » en ancien égyptien, d’Aile, etc. Et à l’ouest de l’Egypte, cette racine, on dirait, a muté pour devenir une autre mais le sens premier semble préservé. Mais d’abord, un petit rappel concernant un calque : Œuf et Blanc en kabyle (a-mellal, tha-mellal-t) tout comme en masri-arabe (abyadh, baydha) sont désignés par la même racine. Sans entrer dans le détail, cette fois du moins, voici cette très étonnante conclusion qui reste à démontrer :
tha-murth (tamurt) « le pays, la patrie, la campagne, etc. » en kabyle serait comparable à… imara (émirat) en masri-arabe (tout simplement le PR égyptien est devenue MR en masri-arabe pour 3imarat « édifices », imarat « émirats »), mais c’est surtout le titre égyptien ancien portant la racine /PR/ qui nous intéresse :
PR – Pharaon en ancienne Egypte ~ MR – Emir en masri-arabe.
Chez les Maures arabisés et islamisés, cette formule est encore plus clair comme en témoigne le titre le « Roi des Maures et Prince des croyants » (Maroc) ! Si en Occident, PR de pharaon a évolué vers Empereur, Archevêque et Pape (Père de la Nation/Communauté) – ce qui confirme mon hypothèse sur le titre de pharaon (lire Ramsès – souverain pontife d’Egypte) –, de ce côté de la Méditerranée il a donné Emir pour les Maures. Ce terme « maure » du grec mavro « noir » serait justement en lien avec notre mot de départ : ifer « aile, feuille », voire même avec averkan (aberkane) « noir » en kab (en berbère). Qu’en pensez-vous ? Perso, je pense que nous sommes en présence de la piste la plus prometteuse et la plus recevable pour expliquer la vraie origine du terme « Afrique » (africa des temps de Rome antique).
Reste, bien entendu, à élucider prochainement le terme thassa « (le) foie » en kabyle, et dès à présent je peux vous dire que ces deux termes thassa et ifer nous ramèneront encore une fois à Vgayeth-Bougie, la capitale du pays kabyle, l’âme du pays kabyle et, nouvelle piste, thassa (foie)… la « cire » (de bougie) qui fond pour illuminer le pays kabyle, mais aussi vers Carthage et sa mythique fondatrice, Elissa Didon.
Il est raisonnable de supposer qu’il ne peut y avoir de rupture sur le même espace, la Nordafe en l’occurrence, à cause du temps, mais plutôt une évolution à travers le temps. Ainsi, le nom « Africa » de la province Africa Romana (Afrique Romaine), à l’est durant l’antiquité, ne serait pas isolé ou n’aurait pas disparu mais aurait évolué en allant vers l’ouest pour prendre un autre nom au gré des siècles : Africa, puis Maurétanie (sétifienne, césarienne, tangitane), puis Maroc. Et là, il est relativement simple de constater qu’il y a eu une évolution des mots, des noms selon la langue de leur désignation :
F, V, voire B pour le kabyle – F, V, P voire B pour le latin (V, P pour le grec) g – M est clairement récent et d’influence masri-arabe et/ou sémitique. Par exemple, on peut supposer une relation entre FLK afalku « faucon » en kab et falcao/falcon/faucon en romanes et le sémitique-arabe MLK de malik « roi », ceci laisse penser que le royaume en arabe, mamlaka pourrait être « biblique ». FRQ d’Afrique va se sémitiser ou égyptanniser (masri-arabe) en prenant un M pour devenir MRQ de Maroc, voire de Maurétanie. Ce préfixe M de « grand remplacement » aurait influencé la langue kabyle apparemment. Tout ça reste à vérifier.

LIBYA
Pour en avoir le cœur net, il suffit de comparer les Kabyles aux Maures arabisés (disons les Marocains) et pas seulement leurs langues respectives. Les Kabs vivent en République et ne sont pas dupes pour être de sujets : les rois n’ont leur place que dans les fables kabyles (une morale donc), par exemple ag’lidh ledhuyr (au lieu de ifrax) pour « roi/prince des oiseaux ». Eh bien, je présume, que ce « prince des oiseaux » des fables kabyles – imaginaire donc – est ce qui est chez les Maures (Marocains) une réalité : le roi et « prince des croyants », le titre des rois des Maures du Maroc. Et il serait juste de supposer que ifrax, ifrakh (ifragh ?) « les oiseaux » en kab seraient des sujets d’un roi, ou simplement le peuple, des croyants et des… Africains. Je me demande maintenant si l’Afrique romaine, la Nordafe, voire même l’Afrique (le continent) toute entière n’a pas été apparentée, à un moment de l’histoire, au foie (hepar en grec vs ifer « aile, feuille » en kab – voir début du billet), surtout que chez les anciens Grecs, chez Hérodote, cette Afrique portait un autre nom : Livya ou Libya, et ce ne sont pas les Anglois avec leur liver « foie » qui vont dire que cette hypothèse n’est pas recevable ! Et là on comrpend pourquoi on utilise en kab, outre ifrax, le terme ledhyur (oiseaux), idem en masri-arabe ta1r, tyr : ce seraient des Libyens ces ledhyur peut-être pour cause - à première vue - des plumes qu'ils portaient depuis la haute antiquité comme en témoigne la fresque sur la tombe du pharaon Séthi I, sauf que ces plumes libyennes ont tous de rameaux d'olivier, un haut symbole chez les Kabs même de nos jours (a-zemmur). Cette couronne d'olivier, sur la tête des Libyens antiques constitue, chers amis, une image fabuleuse, un artefact providentiel pour ceux parmi les nôtres qui espèrent à reconstruire notre histoire de façon clean. 

Désolé si ce billet est compliqué, avec le temps les choses seront plus claires et l’on pourra reconstruire l’histoire (délabrée) de notre contrée maillon par maillon pour redonner la mémoire à ceux qui l’habitent. Je ferme ce billet sur une prophétie qui date d’une période noire de l’histoire kabyle et dont l’auteur est le sage Cix Muhand U’Lhucin lorsqu’il enterra son fils patriote tombé au champ d’honneur dans un combat noble face à l’armée régulière des envahisseurs français :ifer ivawen, yegman d asawen,
xellun-ţ ɛecṛa. yeḫya-ţ-id yiwen

(Allégorie : feuille/plante de fève qui pousse (vers le haut), que dix peuvent anéantir, un seul suffira (pourtant) pour la ressusciter)
Un seul mot kabyle, ifer « feuille, aile » vient d’en fournir la preuve, que dire alors des ciseleurs et autres amoureux du verbe kabyle ! Dont give up, folks !, on y arrivera un jour !