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samedi 4 mai 2019

LE PARADOXE DES JUMEAUX


Si le Maya avait un chameau...

Les Incas ne connaissaient pas la roue, par contre les Aztèques et les Mayas si, paraît-il. Et chose étonnante, il n’y aurait pas eu de poulie (et ça s’appelle un bâtisseur !) ni de moyens de traction. Donc ni attelages de chevaux pour aller vite – défier le temps, ni attelages de bœufs pour labourer – sillonner l’espace. Pas d’essieu ni de joug. Disque solaire oui, mais pas de char céleste. L’espace-temps était perçu différemment chez les Amérindiens, faut-il conclure. Surprenant quand même lorsqu’on sait que les Mayas avaient des connaissances très poussées en astronomie (en mécanique céleste), mais leur ingéniosité s’arrête là, sans s’appliquer à la mécanique appliquée du quotidien des communs de mortels sur la planète Terre. L’absence d’animaux de trait chez les Amérindiens (chevaux par exemple) expliquerait-elle cette carence de taille, comme l’avancent plusieurs chercheurs ? Une explication parmi d’autres, peut-être, et sans doute pas la seule. Les Mayas n’étaient pas de grands voyageurs (navigateurs), c’est dire qu’ils étaient des « génies statiques » avec des connaissances fondamentales importantes sans jamais être appliquées. Il pourrait y avoir d’autres explications, parfois insolites que génétique à ce mystère de la « roue statique » des civilisations amérindiennes…

Imaginer un disque, une roue sans supposer qu’elle puisse de reproduire (diviser, multiplier) et se jumeler une fois multiple, c’est une explication plausible du pourquoi les Mayas ne sont pas parvenus à joindre deux roues. La raison résiderait peut-être dans leur patrimoine génétique : le taux de jumeaux chez les Mayas aurait été peut-être très bas, si naissances gémellaires il y avait déjà chez ces populations (j’ignore si les scientifiques ont fait des recherches dans ce domaine). C’est l’autre paradoxe des jumeaux, appliqué dans notre cas aux Mayas, plus fort dans les cieux que sur terre, ingénieux en astronomie mais arriérés en mécanique.

Changeons de décor maintenant. On est chez les Kel Tamasheq dits « Touaregs », des nomades par excellence, les « hommes bleus » du Sahara avec leurs caravanes et leurs vaisseaux du désert. En tamasheq, le terme utilisé pour désigner le chameau est alam, talamt au féminin (chamelle), alors qu’en kabyle c’est alghem (ou alghum, pl. ileghman, fém. thalghemth). Cette différence entre /LM/ en tamasheq et /LGM/ en kabyle aurait son explication. On comprend facilement pourquoi le chameau occupe une place centrale dans la vie des « hommes bleus » et leur imaginaire – la grande et la petite ourse des Grecs sont la chamelle-mère et la chamelle-fille pour les Kel Tamasheq. Ce qui est loin d’être le cas pour le cas des Kabyles, pou qui le chameau n’existe que dans la fable, les contes, la dimension imaginaire. Ainsi, dans le conte kabyle « Le grain magique », on a une sœur (fille), 7 frères (garçons) et 7 chameaux. A vrai dire, si comparaison il y a avec l’imaginaire de la rive nord de la Méditerranée, nos 7 frères du « grain magique » seraient les 7 nains (la sœur unique – Blanche-neige), mais à quoi diable doit-on identifier les 7 chameaux ?! La réponse nous est donnée par l’étymologie du dromadaire en kabyle et en tamasheq :

/LM/ alem ou /LGM/ pl. ileghman  ~ Gemini (astr. Gémeaux, Jumeaux)

Gemellus en latin nous renvoie au Gimel en phénicien pour la lettre grecque Gamma à l’origine du C et du G latins (gimel « chameau » en hébreu, gamal, djamel « chameau, beau » en arabe).
http://islamosfera.ru/wp-content/uploads/2018/03/touareg1.jpeg
Reste à comprendre dans le détail toute la dimension de ce rapprochement chameaux – gémeaux, chameau – jumeau… Un chameau-jumeau équivaudrait à un roue, et la caravane d’antan (du Sahara) devient à une semi-remorque dans le monde moderne)) En termes de temps, un chameau-jumeau serait une roue dentée (un pignon) de la mécanique céleste, il serait une valeur de temps, une caravane de 24 chameaux serait une journée d’autant d’heures)) Et puis, en toponymie, de quoi Djamila (ex. La Madrague) ou Djemila sont-ils le nom ?

Deux pistes, deux hypothèses intéressantes se dessinent. La première voudrait que la lettre phénicienne gaml ou guimel, d’où dérivent gamma (C, G en latin), expliquerait parfaitement une particularité kabyle : les sons aspirés [k], [g], comme dans akli ou akniw, igeni ou agraw, qui remonteraient à cette gamma phénicienne. Ce C [k] aspiré (comme le ich allemand) ou G [g] aspiré en kabyle moderne peut nous suggérer le son punique (phénicien nordaf) qu’il aura remplacé avec le temps, c’est d’ailleurs la deuxième hypothèse que voici :

C [k] aspiré, voire G [g] aspiré en kabyle ~ ch /ʃ/  
ou une gamma punique chuintante, si j’ose dire.

Prenons nos jumeaux justement. En principe, le jumeau est dit akniw en kabyle, akniwen pour les jumeaux (avec un k aspiré). Il y aurait également la variante iken « jumeau, compagnon (inséparable) » dans les autres variantes de « berbère ». La relation nous donnerait un rapprochement particulièrement intéressant :
Ichenwiyen, autre composante berbérophone, ou les habitants du mont Chenoua et de ses environs deviendraient ainsi, en kabyle faut-il le souligner, des… Jumeaux, le mont Chenoua qui surplombe Tipasa serait un jumeau et un chameau au vu de ce qui a été dit plus haut. Là on est carrément au pied de la lettre, au pied du mont Gamma, le Chenoua – il faudrait monter au second degré pour saisir le sens caché de ce mont. Cet exemple n’est qu’un cas particulier, car cette notion de chameaux, gémeaux, jumeaux pourraient s’appliquer… même aux Chinois, et c’est loin d’être un vulgaire raccourci, croyez-moi. C’est vers une hypothèse qui voudrait qu’il y ait un rapprochement entre la lettre gamma et le double voire multiple, jumeaux et siamois (inséparables) compris. C’est l’hypothèse de la « gamma siamoise », une lettre jumelle, que l’on essayera d’étayer ou de démentir par la suite.

Le paradoxe (et le tort !) des Mayas est de ne pas avoir (suffisamment) de jumeaux ou de ne pas s’en être assez inspiré, sinon ils auraient eu, comme les civilisations de la Méditerranée, une lettre jumelle, des attelages, des chars et une mécanique appliquée à la hauteur de leurs connaissances en mécanique céleste.

A prochainement !

Post Scriptum
Un tout petit point avant de terminer. Le terme tha-yuga « la/une paire » (de chaussures, de bœufs par ex.) en kabyle, proche de jugum « joug » en latin, pourrait également être porteur d’autres sens, de notions insoupçonnées : union, alliance ? Une paire c’est lorsque l’un ne va jamais sans l’autre, n’est-ce pas, donc c’est une relation très étroite sinon fusionnelle entre égaux ou entre maître et asservi, nouée grâce à un joug pour ce qui est des bœufs. A la différence de la relation entre nos chameaux-jumeaux est purement accidentelle (aléas de la génétique), voire divine pour certaines, à défaut d’être consentie, celle qui lie deux bœufs est préméditée, forcée – c’est un joug après tout. Il serait intéressant de voir quelle autre notion se cacherait derrière le taureau, les bœufs jugulés qui tirent la charrue...

lundi 29 avril 2019

Césarée divine

Les Chérifiens

 
Comme si notre passé était un champ de ruines. On va essayer de relancer la machine à remonter le patrimoine, histoire d’y remédier…

Antique et pittoresque Tipaza, au pied du mont Chenoua,  avec ses ruines romaines sur fond de mer bleue. Une beauté divine ! Vestiges d’un passé romain, dit-on, ce qui fait que nul n’en revendique l’héritage. Qu’attendre d’un peuple en rupture avec son patrimoine, son histoire ?

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9b/Tipaza_basilique.jpg
Ces vieilles pierres ont traversé les siècles, sauf que personne ne veut les voir. Des pierres encombrantes pour les esprits arides pour qui le passé prend racine le jour où ils vinrent au monde. Tout un pan de l’histoire du pays demeure inexploré, et ça ne dérange personne, même pas les plus éveillés. Etonnant quand même ! Quoique… ne devrait-on pas déjà se réjouir que ces monuments soient toujours là, alors qu’ils auraient pu subir le même triste sort que l’antique Palmyre.

Plus surprenant encore, c’est la docilité moutonnière avec laquelle tout le beau monde des scientifiques et des décideurs de ce pays accepte la seule et unique version des faits émanant de sources latines, donc étrangères. Pas grave qu’on vous traite de vilains pirates ou de « farouches barbaresques » (barbares sauvages quoi !), maaliche. Accorder crédit aux thèses d’autrui sans fouiller soi-même dans sa mémoire, c’est céder sans coup férir et se condamner au statut d’« homme sans Histoire », donc dépourvu d’avenir. C’est le déni de soi, de son Histoire. La capitulation devant le soft-power étranger, occidental (français – miroir aux alouettes) et oriental (arabe – tyrannique). Faut-il s’étonner du nombre effrayant d’esprits serviles et d’asservis dans ce pays ?


Venons au sujet de ce post maintenant. A vrai dire, il ne s’agit que d’une supposition, pas encore une hypothèse de travail mais suffisamment raisonnable pour vous en parler. La finalité est d’établir une passerelle entre ce passé antique romain et les époques ultérieures via les langues en usage à ces époques (latin et arabe respectivement). Il y avait à l’époque trois royaumes nordafs : la Maurétanie Césarienne au centre, la Maurétanie Sidifienne à l’est (capitale Sétif ) et la Maurétanie Tingitane (capitale Tanger, au Maroc) à l’ouest. Les termes analysés sont surtout les toponymes de la capitale antique du royaume de Juba II, Cesarea (Césarée de Maurétanie), actuellement Cherchell. L’hypothèse veut que :
 

Césarea ou Césarienne antique ~ Chérifien (royaume), chérif, chorfa, etc.
 

C’est la marque d’une ascendance noble pour ne pas dire divine.

Discutable comme rapprochement ? Peut-être. Cette hypothèse repose en fait sur un argument de taille : si auparavant je disais que les deux figures syncrétiques de deux origines différentes seraient très probablement une seule et même figure (Jules César = Jésus Christ) – hypothèse d’ailleurs avancée par Francesco Carrotta –, là je dois introduire une troisième figure : Pierre, Saint-Pierre plus précisément, qui serait l’autre candidat pour la place de César (un titre), de roi ou roi-héritier. La basilique de Saint Pierre au Vatican aurait remplacé le Temple de César de Rome.


Vous connaissez mes convictions, je cherche à remonter jusqu’à la source d’inspiration des peuples de la Méditerranée, à l’immense Egypte ancienne : Saint Pierre devrait s’aligner sur une divinité plus ancienne : non, ce n’est Osiris (ça me consterne !) mais Ptah, le démiurge de Memphis, qui a donné son nom grec Aegyptos à l’Egypte. Les Chorafa (caste religieuse chez les Kabyles) ou les chérifiens pour le royaume du couchant (le Maroc), tout comme la Caesarea de Juba II, ou bien la sublime Petra en Jordanie, ce sont des termes avec la même racine divine probablement. L’Egypte elle-même serait donc chérifienne.


Le dit « tombeau de la chrétienne » (mausolée royal de Maurétanie) serait le temple de l’épouse de Juba II, Cléopatre Séléné, une Ptolémée, « romaine orientale » ou « grecque » d’Egypte. Le chemin vers ce temple est envahi par les ronces de l’oubli (tu parles de valorisation du patrimoine), mais une piste intéressante se pointe à l’horizon, on ne va pas désespérer.


Pour la petite histoire, Jean pouvant être Momo (voir billet Jean Momo), notre Moh-Chrif (Mohand-Chérif) serait peut-être, de l’autre côté de la rive du grand bleu, tout simplement Jean-Pierre. Conclusion : les inscriptions (noms ou autres) antiques gravées en latin, à Tipasa ou ailleurs, auraient leur calque (traduction), un équivalent en usage actuellement ou à des époques en tout cas plus proches de nous que l’antiquité. Il suffit de les trouver…


A prochainement !