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jeudi 12 janvier 2017

La Toile de Fond

Cro-Magnon Orchestra

Hier soir, j’ai vu un film qui se passait aux Etats-Unis, le héros voulait rentrer chez lui… En fait, c’était avant-hier, et le film en question est The Man from Earth (avec sous-titres en fr.), et le héros contemporain était né, figurez-vous, de la dernière pierre polie :). Un homme du néolithique, en somme. C’est l’occasion de parler du grand art et du Cro-Magnon pour célébrer l’humanité.


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On ne sera jamais reconnaissant envers la regrettée Nna Taos Amrouche pour son grand art, qui lorsqu’il sera vraiment compris, ouvrira grand les yeux à celui qui se considère comme partie intégrante de la culture kabyle. Ce jour là, la Kabylie aura son opéra avec ses divas sopranos et ses barytons. Pour le moment voici cette voix de femmes kabyles sous une enveloppe masculine, avec une voix d’homme au bendir et accompagnée d’un joueur de flûte. Regardez et écoutez attentivement ce chant kabyle avant notre voyage dans le temps, vers le néolithique.

Regardez bien cet image l’art rupestre de l’homme du néolithique qui nous vient du Tassili. On y voit une scène de chasse ? Assurément, mais pas seulement, car c’est toute l’histoire du Cro-Magnon que l’on peut y deviner, en comparant cette image à cette du chanteur baryton kabyle sur le clip. L’homme Cro-Magnon, après une partie de chasse, rentrait dans home sweet home ou son temple – sa grotte pour pratiquer un autre exercice, exclusivement spirituel : la création, les arts. Le chasseur range son arc et ses flèches, les fourrures et peaux d’animaux qu’il a chassés pour en faire des instruments de création et devenir un artiste, un chanteur, un peintre.


Je vais vous faciliter la tâche, même si le sujet en question sera traité de façon détaillée ultérieurement. Quand on parle des écritures, on devrait surtout prendre en compte des supports d’écriture. Ainsi, le mandarin (chinois) et le marocain-maroquin vont s’apparenter via le bendir (tambour), ou simplement la peau de bête séchée et tendu qui sert de support à la musique (aux sons) mais aussi aux lettres. Maroquinerie ou le CUIR évoque la peau de bête, utilisée pour les percussions, mais c’est aussi un support d’écriture. Je suppose que les gardiens de chèvres ou chasseurs de caprins sont devenus les premiers tanneurs le jour et premiers joueurs de bendir (des chamanes donc) et drabkis (percussionnistes) ou idebalen (tambourins) le soi dans la grotte-temple de l’homme du néolithique. 


La tension  est l’élément essentiel de cette évolution de l’homme vers la création de sons et d'images : le ligament (de taureau, vache ou autre animal) souple de l’arc améliorait les résultats de la chasse et la vitesse de la flèche qui siffle à travers l’air ; cette flèche deviendra la flûte le soir dans l’opéra du Cro-Magnon, l’arc un bendir ou une guitare, la peau tendue de l’animal chassé donnera un bendir ou autre instrument de percussion (tambour, tam-tam, batterie, caisse, etc.). Il a fallu aussi tendre son bras, sa main en pinceau pour peindre...

Que fait le chamane, sorcier ou magicien, de la tribu, qui en termes modernes, serait la star ou soliste d’un « Cro-Magnon band » ? C’est lui et lui seul qui prête sa voix (peut-être la voix est-elle l’arc…) pour faire de l’animation. Et ce n’est pas de l’animation - divertissement comme de nos jours )) Ces figures peintes, comme les écritures d’ailleurs, sont plates, le chamane joue de son instrument et chante pour les animer. Ce bendir nordaf, dit a-vendayer ou a-mendayer en kabyle, existe partout : la mandole, pandura en grec, pandora chez les Romains, bandura (guitare ou mandole) en ukrainien, etc. 

Le chamane ou le soliste Cro-Magnon qui donne de la voix pour mettre des notes sur les couleurs rupestres et tape de la paume de sa main sur le bendir, veut simplement les animer, leur donner une âme pour que se déroule le récit de ses congénères. C’est l’explication même de l’art, des instruments de musique : Bendir ou amendayer/avendayer ont un lien direct avec l’âme, le chant, la musique, l’art - imen est le « soi » en kab, en masri-arabe, et l’âme en chaoui. La flûte de notre flûtiste kabyle ou cro-magnon serait liée à la flèche, oui, mais aussi cet instrument à vent serait à l’âme et à la matière dont il consiste, le roseau :
aghanim (roseau) en kab ~ gheni (chanter) en kab et masri-arabe, anima (âme) en latin
anubish (roseau) en berbère de Siwa (Egypte) est quasiment le nom d’Anubis, le chacal peseur d’âme. Donc le shnu (chant) en kab est peut-être issu de ushen, ouchène (chacal, renard/canidé). Le nefs (le soi, âme, esprit, souffle, respirer, aspirer, inspirer) en masri-arabe et en kab ne serait-il pas dérivé de NBS du nom de la divinité Anubis ?
 

Vous pouvez à présent visionner et écouter de nouveau le clip kabyle en haut de la page pour ressentir ce lien à travers les âges entre le culte du Cro-Magnon du néolithique et la culture de l’homme moderne, et comprendre que feu Nna Taos Amrouche a célébré l’humanité dans ses chants sortis droit du fond de son âme kabyle, un véritable hymne au Cro-Magnon.

Une chose très banale : la peinture rupestre, la peinture tout court, sort droit de ce bendi et/ou de la paume de la main, ou des cinq doigts. La khamsa des Nordafs et qlq autres Méditerranéens orientaux (Turquie, Levant), mais qui ne fait pas partie du patrimoine des « autres » (elle est d’ailleurs interdite par leurs religieux comme symbole de magie et contraire à leur religion). Etrangement, cette khamsa (V, penta en grec) rappelle le roseau en russe – kamysh

Chez les peuples asiatiques, les Japs ou Chinois par ex., cette penta ou palme  de peinture se retrouverait dans … un éventail, outil à vent aussi :)). 
La peau de la bête ou son cuir tendu constitue la TOILE du Cro-Magnon, qui lui a servi non seulement à se couvrir, mais à se cultiver, à peindre, à chanter, à tambouriner (tval, tobal en kab).  C'est la toile de fond de notre évolution, un fond commun de tous les humains modernes !
Toujours est-il que la Peinture serait probablement issu de l’impression de la (paume de la) main du Cro-Magnon, la Penta en grec, le chant de Quinté en latin, etc. Les Anglois, I guess, ont vu dans cette quinte-penta spirituelle ou khamsa dite de Fatma, une empreinte tout simplement, un… fantôme, le fantôme de l'opéra du Cro-Magnon !

Hasard du calendrier, nous sommes un jeudi, le « jour de Dieu » depuis l’époque romaine, lekhmis en kab et al-khamis (5ème jour) en masri-arabe : l’opéra du Cro-Magnon se jouait sans doute une fois par semaine, le 5 jour – le jour de la foi, le jour de la muse : afus (main) en kabyle serait le terme kab qui conviendrait à ce lexique (muse, musée, etc.).
Et puis non, ce n’est pas Diego, ou San Diego pour certains, qui aurait inventé la « main de Dieu » - le peintre Cro-Magnon du néolithique l’a devancé ! Les Français non plus ne sont pas les premiers impressionnistes de l’histoire – les Cro-Magnons, nettement moins arrogants, je présume :), les ont devancés ! Pour ce qui est de nature morte, faut voir du côté des Néandertaliens, de vrais légumes ceux-là :))

Laissez-moi vous dire que c’est à la manière de chanter, de jouer de la flûte, des percussions et d’autres instruments de musique par tel ou tel peuple (folklore populaire) peut nous raconter beaucoup de choses sur leur passé. Ainsi, les Celtes avec leurs druides d’antan et les Kabyles et autres Berbères avec leurs prêtres d’antan démontrent mieux qu’ils ont préservé mieux que quiconque ce patrimoine à son état naturel (la cornemuse par ex.) attestant ainsi cette relation ininterrompue avec leurs ancêtres Cro-Magnon du néolithique ; ailleurs ces traces ont été laminées pour raison d’Etat et par les élites avec leurs cours et ses « arts monnayables et perfectionnistes » donc prémédités. Est-ce étonnant que le style celte et le style kabyle, berbère s’allient si bien et nous plaisent tant ? Démonstration avec ce morceau kabylo-breton u groupe de musique berbéro-celte Mugar sur fond de paysages kabyles, perso j’adore !


Cette sortie au musée du néolithique – remarquez, il n’y a pas de « chaîne » (queue) ici à la différence des musées « monnayables et prémédités » de notre époque – est ma façon à moi de vous souhaiter un Joyeux Yennayer : Assugas amegaz (Bonne Année) et bonne fête à tous les Cro-Magnons !