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jeudi 12 janvier 2017

La Suisse Sauvage

Adrar - La montagne à l’heure kabyle
 

La Kabylie évoque la montagne par excellence, et l’inverse est vrai. Aujourd’hui, je le sens, vous allez, chers amis, regarder autrement la montagne kabyle. La Kabylie et ses montagnes a toujours été adorée et chantée par ses enfants. L’étranger, ou à fortiori l’importun, ne lui trouva jamais de traits adorables, et même lorsque tel fut le cas, l’étranger, tombé sous le charme de la Kabylie, n’omettait jamais de mettre un peu de fiel dans sa description de miel du Pays Kabyle avec, comme il le pense, une comparaison valorisante à une culture de référence : pour qui la Kabylie rappelle la Grèce, oui, mais en haillons ; pour qui la Suisse, oui, mais sauvage. On peut s’en indigner, c’est vrai. Quoique leur opinion nous importe peu, à vrai dire, car il n’est point d’opinion favorable venant d’un oppresseur. Il est surtout impératif que les Kabyles comprennent leur pays, ses montagnes, ses vallées, son littoral, ses arbres, ses traditions, sa langue, etc. Il devient urgent de replacer le Kabyle dans son système de valeurs, son système de coordonnées, dans son espace-temps kabyle surtout que le revival du Pays Kabyle tape à nos portes depuis un bon moment pour sonner l’heure de la Renaissance kabyle 

La plus importante ressource du Pays Kabyle (Thamurth leqvayel) est, bien entendu, humaine, mais la montagne prend une place prépondérante dans ce qui constitue la richesse de ce pays, c’est même la pierre angulaire de l’édifice kabyle. Tout est relatif à la montagne, une protection contre l’invasion du désert et une source d’eau par excellence. Le montagnard kabyle n’use pas des points cardinaux usuels (N-S, E-W), il utilise la dualité a-sammer (l’adret ou le versant ensoleillé de la vallée de sa montagne) vs a-malou (l’ubac ou le versant ombragé de la vallée de sa montagne), comme il se fait ailleurs (Alpes, Pyrénées), mais aussi de la dualité WD wada (bas, aval) vs FL fella (haut, amont) qui en plus d’être une notion d’espace (relief), est aussi une notion de temps : swada (bas : dès le début), s'ya dha sawen (haut : (dorénavant, à partir de maintenant, càd après). Aval vs amont pour l’espace, avant vs après pour le temps. Ainsi le Kabyle montagnard a tracé son système de coordonnées. Si par exemple, il était venu d’Egypte avec son grand fleuve, il aurait tracé le chemin ou l’artère principale de son village (avridh) en l’apparentant à un fleuve et donc la circulation à la navigation. Aller vers le haut (fella) ou monter, c’est all’i dha-sawen, (pente montante) à contre-courant donc il faut mettre les voiles ; allers vers le bas (wada) ou descendre, c’est sub sa kussar (pente descendante) – sans voiles, en suivant le courant d’eau qui coule en gravitaire. Voici donc une brève description du système de coordonnées kabyles ou des « cardinaux kabyles » : Ubac vs Adret (par rapport au soleil) + Bas vs Haut (par rapport à l’eau et à la gravitation). C’est bon, l’espace-temps kabyle est désormais clair, il ne reste plus qu’à y positionner l’élément dominant et déterminant de cet espace-temps kabyle, la montagne, bien sûr !
adhrar = le mont, la montagne ; au pluriel idhurar = montagnes
NB : ce terme adhrar, adrar (mont, montagne) est commun à toutes les langues dites « berbères ». Il pourrait avoir un rapport avec le grec hydra ou hudor (eau). Montagne = clepsydre, pourquoi pas !
Et voici ce que signifient ces montagnes, dans l’espace-temps kabyle du moins :.

idurar (les montagnes) en kab = les horaires, heures, montres en fr.

Ben oui, la Kabylie avec ses montagnes est bien une Suisse, mais pas une sauvage. D’ailleurs, le temps peut-il être sauvage même si certains pensent l’avoir domestiqué ? Non, il est indomptable comme la montagne. Les Suisses, à la différence des Kabyles, ont réussi à le monnayer en reproduisant leurs montagnes sous une forme miniature : les horloges et les montres suisses ! La montagne kabyle s’appelle adrar et non pas djebel (montagne en masri-arabe), et la Kabylie n’est pas une Suisse sauvage, comme aimait le dire le général Daumas (thevra yemmas !), mais une Suisse désintéressée et sans horloges ni trains d'ailleurs :)), non-mercantile avec des montagnes-temps non-monnayables, peut-être à cause d’une conviction (religieuse ?) qui définit ce rapport désintéressé au temps surtout que la Kabylie n’a pas eu son Calvin ni un quelconque autre réformateur ))  Du reste, il n’y a aucune honte à s’inspirer de l’exemple suisse pour faire prospérer le Pays Kabyle.


La montagne kabyle, c’est l’heure kabyle. Les noms de monts culminants du massif du Djurdjura tels que Tamgout ou Lalla Khedidja (ou Khlidja) seraient des notions de temps (et pourquoi pas, une future marque de « montres kabyles » à l’image du Mont-Blanc dans les Alpes), des repères dans le temps et dans l’espace. Ainsi, j’espère, votre regard sur le Pays Kabyle et ses montagnes sera tout autre désormais, un regard neuf d’un observateur attentif surtout si vous êtes amateurs de belles montres :))

Les « chemins qui montent »(et ils descendent aussi grâce à la gravité !) du Pays Kabyle sont aussi une notion de temps, et un artefact très judicieux du point de vue de notre histoire, de notre identité.
Une notion d’espace s’applique pour le temps, comme pour avridh (chemin, voie, route) qui est aussi « fois, times en anglois, multiple ».Le nombre de fois se dit en kabyle soit avridh, iverdhan au pl., soit thikelt, thikwal au pl. C’est donc soit le chemin/la voie/la route avridh, abrid sachant que VR-VRN atteste la rotation (vren), soit la circulation/marche/mouvement thikli, ou akli (esclave, boucher/bourreau), akal (sol, terre), pour thikelt qui atteste le nombre de fois, le nombre de cycles. En réalité, ce sont deux boucles, une petite et une grande : un jour ou 24H (rotation de la Terre autour de son axe) et une année (révolution ou un tour de la terre autour du soleil). NB : Par ailleurs, le terme iverdhan (chemins/voies/routes, fois) est utilisé pour désigner le « droit chemin », qui n’est pas une ligne droite, mais un tracé bien précis, une orbite. Sortir du droit chemin (ts-fegh iverdhan), c’est sortir de l’orbite assignée.


Donc VRD ou BRD de avridh et KL de thikelt sont des notions de temps également, reste à déterminer qui est le « petit cercle » et qui le « grand cercle ». Le chemin/voie (avridh) semble être un axe de circulation donc le « chemin qui monte » (et descend car il est en pente, incliné) en Kabylie ferait bien l’axe incliné de rotation de la Terre, son tour complet fait 24h, soit un jour. KL de thikelt (fois) et thikli (circulation, marche, mouvement) a tout d’un cycle et semble proche de KL de akal (sol, terre), sauf que l’on ne peut exclure sa relation avec le soleil et/ou avec l’orbite de notre planète autour du soleil, une ceinture en qlq sorte. Regardez maintenant ces interférences avec notamment les langues germaniques :
VRD - avridh (chemin/voie, fois) et KL de thikelt (fois)-thikli (circulation, marche, mouvement) en kab.
Volta (fois, tour) en italien, vuelta en espagnol ;
WLT – welt (monde) en allemand ;
WRLD – world (monde), vault (saut, pivotement), belt (centure) en anglois qui par century désigne un « siècle », appelé qarn en masri-arabe.
 

Ce couple Jour-Année, « petit cercle » vs « grand cercle » dans avridh vs thikli en kab, se présente comme un engrenage de deux roues d’une horloge. Le système solaire serait comme une horloge ou à un train d’engrenages, et dans notre cas, le Jour apparenté à avridh (chemin, route, voie) en kab serait la petite roue, le pignon. Avoir pignon sur rue, c’est français, et pourtant ça épouse la logique suisse sauvage, kabyle quoi :))

Une surprise pour boucler ce billet, avec cet engrenage KL de thikelt (fois) - thikli (circulation) + VRD de avridh (chemin, fois) dans une version grecque (les noms sont en grec) d’un espace-temps très ancien :

Photo
Thikli et Avridh en kabyle ~ Tigre et Euphrate, respectivement.
NB : Il ne s’agit pas de banale proximité phonétique (d’ailleurs les noms des fleuves sont en grec), mais d’une corrélation de deux logiques d’origines différentes. Ainsi le terrible Akli pourrait être un tigre ))
 

Les fleuves du temps. D’un temps bien précis : celui des Sumériens de la Mésopotamie (pays entre 2 fleuves). Etrange coïncidence surtout que le sumérien, la première écriture de l’histoire, est un isolat, càd qu’il est inclassable et n’a rien à voir avec les langues sémitiques voisines - tiens, tiens, ça me rappelle qlq chose ça ! - et que, et ça je l’ai découvert depuis un bon moment, le dieu Anzar des Kabyles (et des Berbères d’une façon générale), un mythe fondateur, est quasiment le même que le dieu Enki ou Ea des Sumériens. Ceci, je l’avoue, me laisse perplexe, car il est bien plus simple de calculer le rapport de transmission entre la roue et le pignon, entre le petit cycle et le grand, le jour et l’année (~1/365) ou même celui des fleuves Tigre et Euphrate, que d’y voir et d’essayer de comprendre le rapport en l’espace-temps kabyle et l’espace-temps sumérien …
 

Il est évident que celui qui a vécu entre deux fleuves – les Sumériens, ou sur un fleuve – les Egyptiens, quoique le Nil était aussi divisé en deux : le Nil blanc et le Nil bleu, une fois exilé dans un pays coincé entre la montagne (blanche) et la mer (bleue) – mer méditerranée (entre terres, dite « mer blanche du milieu » en masri-arabe), comme c’est le cas pour la Kabylie, devra sauvegarder son savoir-faire qui va se manifester très clairement dans son rapport à la terre, à l’eau (aux sources) et à l’espace-temps. Autrement dit, il doit avoir des connaissances remarquables dans des domaines bien précis : Irrigation, Astronomie, et être détenteur d’un mythe fondateur évocateur de son identité, celui d’Anzar et celui d’Enki (Ea) ayant rapport à la divinité des eaux, donc du temps, sont un excellent exemple en la matière.
Je vous laisse avec l’énigme sumérienne qui s’est invitée dans l’espace-temps kabyle.

A prochainement !