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lundi 28 novembre 2016

Le Sérail

Alger – Les Saints du Sérail. 

C’est une tâche ardue que de d’essayer de reconstituer le « tissu identitaire du pays » parti en lambeaux depuis belle lurette. Et ces haillons ont été recouverts d’un voile opaque et étranger, habit préféré du pauvre d’esprit, sans doute pour « sauver les apparences » et pour pouvoir se regarder dans une glace sans frémir, sans que la « vilaine conscience » ne vienne remettre en cause cette (fausse) identité préméditée : l’habit - le qamis en l'occurence ! - fait le brêle.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f0/WomenofAlgiers.JPG
Selon les thèses officielles, Alger serait « arabo-musulmane » Al-Djazair dont le nom serait issu de… « îles » ; son histoire commencerait seulement à l’époque médiévale, càd durant la Régence d’Alger, qui en plus serait sous les commandes de Turcs turcs (des étrangers, les locaux c’était du menu fretin), idylle interrompue par l’invasion de « madame la France » en 1830. Figurez-vous que c’est l’histoire officielle qui est enseignée dans ce pays sclérosé ! Hallucinant, n’est-ce pas ? On n’a vu sur ce blog que le nom même d’Alger remonterait au moins à l’antiquité, à la Césarée (Maurétanie Césarienne) sous influence lagide (Juba II et son épouse Séléne fille de Cléopâtre) et il est conservé sous d’autres formes, par exemple Thiziri (clair de lune) en kabyle pour le sens de « (déesse de la) résurrection »n voire même Cléopâtre ; que le Turc serait un nom commun, peut-être est-il le Maure de l’antiquité, et ainsi de suite.

Pour démystifier les légendes entourant l’histoire d’Alger, on aura besoin, nous les Kabs, d’un coup de pouce des frères lointains du désert, les imouchaghs ou Kel Tamacheq dits Touaregs. Il suffit de tendre l’oreille pour comprendre comment le même mot a prise deux différentes formes en kab et en tamacheq. Pour avoir de l’inspiration, il suffit d’imaginer une caravane tamacheq en plein désert du Sahara effectuant Azalaï et d’écouter ce morceau en tamacheq (et un peu d’anglois :) ) :


Tinariwin – Tenere teqim tusem (Le désert jaloux)


A peine si je peux vous expliquer les raisons du rapprochement que voici même si je n’ai aucun doute là-dessus :
Thiziri (clair de lune) en kabyle = Tenere (Désert, sahara) en tamacheq
Tiziri rapprochée d’Alger (voir plus haut) puis maintenant de Tenere, du désert, du sahara. C’est, comme on le verra plus loin, la preuve même que ce rapprochement kabyle-tamacheq Tiziri-Tenere est juste. En plus, nous avons ici une notion qui aurait vraisemblablement existé depuis l’Egypte antique : Deshret (désert, rouge) par opposition à Kemet (terre noire, Egypte).

Tiziri-Tenere, l’espace qui sépare le kabyle du tamacheq est immense, il serait raisonnable de supposer la présence d’un terme équivalent à Tiziri-Tenere dans le voisinage « arabisé », et je présume qu’il y en a deux, le premier est, vous l’aurez compris, Dzayer ou Alger, voici le deuxième :
Thiziri (clair de lune) en kab ~Tenere (desert) en tamacheq ~ Ghozzala (gazelle du désert) en daridja ou argot arabe nordaf, Ghazala en masri-arabe, ce dernier indice de caprin est souvent associé à la notion de château/palais dans plusieurs langues.
D’abord ces indices permettent d’avoir une vue générale sur un espace géographique immense et donc de reconstituer la carte ou le « tissu identitaire » de ces contrées. Ensuite on voit clairement que l’arabe, prétentieux et rapace, offre deux versions (al-djazair pour Alger, ghazala pour la gazelle) pour une seule et même notion : c’est une preuve d’arabisation superficielle sans fondement culturel profond, un bricolage récent sans doute.

Le coup de grâce maintenant. Si la cité-Etat d’Alger à l’époque médiévale était turque (gouvernée par des Turcs de Turquie), comme le dit la chronique officielle des khorotos, pourquoi n’y a-t-il pas de trace de langue turque à commencer par le nom de cette cité ? (Les arabo-musulmans actuels ont commencé par arabiser le nom d’Alger pour se donner une légitimité). Pas de réponse !
Encore un coup d’œil sur la caravane tamacheq, sur l’Azalaï. Maintenant cap vers l’Orient pour ressortir un terme ayant rapport à notre sujet : Caravansérail. Le mot sérail en français vient de là, du saray (palais, château) en turc – d’où Sarajevo par ex. –, en persan, en hindi, etc. 


Maintenant on va faire sauter un son masri-arabe ou sémitique-arabe – les faux-amis sont le h,H et le ayn identifiés depuis longtemps – qui obnubile la vraie origine des mots utilisés y compris par les langues nordafes, kabyle et tamacheq inclus. On l’a déjà dit, en langue kabyle le R et le L ne se suivent jamais et ne se retrouvent jamais dans un même mot, enfin presque puisqu’il y a des exceptions à cette règle qui peuvent être comptées sur les doigts d’une seule main, par exemple ifirles (hirondelle, aronde). Je ne sais pas si cette règle est valable aussi pour le masri-arabe, mais en tout cas cette dernière aurait impacté le kabyle. Pour faire bref, le H ou h aurait remplacé le L ou le R dans les termes correspondants, le plus bel exemple étant KHL – racine éclatée de KL kab ex. akli, akal – dans khôl, k’hal (noir), kahlouche (négro) qui serait KRL ou CRL, qui fait que le Kahlouche (négro) nordaf est un karlouche en portugais, Carlos en espagnol, Karl en allemand, Carl ou Charles en français et en anglois.
Revenons à nos chameaux ))) Cette altération du L par le H donne des idées, il suffit d’aller dans le sens inverse de l’arabisation :
Sahra (désert), Sahara, Sierra en espagnol = Salra, Salara ou Sar’ra, sarara, ou plus probablement l’équivalent du Saray en langues turc, persan, hindi. Sahara, c’est peut-être une idée de soleil abondant (désert), d’une Serre (fermée), d’un lieu clos. Le sérail (saray) est souvent confondu au harem, à une cour fermée.
Bref, Dzayer ou Alger en kabyle et en algérois est un Sérail. Si les vrais Turcs (ottomans) étaient les maîtres d’Alger, cette dernière aurait sans doute été renommée en Saray (comme Sarajevo). Preuve que les turcs de la Régence d’Alger, même sous protection ottomane, n’étaient pas des Turcs, pas tous en tout cas. Ainsi, Alger étant un Sérail et un désert (sahra), un patronyme Sahraoui ne voudrait pas seulement signifier « saharien », mais aussi « du sérail » et… Algérois (vont pas être contents, les ouled el-badhja « les enfants de la radieuse » pour cette comparaison « peu flatteuse » :)) )


DZR de Dzayer (Alger) est dans le Désert, mais plus important encore, dans DSR.T de Deshret ou Dechret (terre rouge = désert, couronne rouge de la Basse-Egypte, soit le nord de ce pays, le delta fertile) en égyptien ancien, par opposition à Kemet (terre noire), le nom vernaculaire de l’Egypte ancienne. C’est la preuve même de ce que disais depuis un bon moment, sur ce blog notamment : seule l’Egypte, ancienne surtout, aurait grandement influencé nos contrées. Quand on parle de roumi, aromi en algérois et en kab (ex. tombeau de la roumia ( de la « chrétienne » ou de la sainte ?) Séléne fille de Cléopâtre et épouse de Juba II) à Tipaza datant de l’époque de la Césarée de Juba II), ce sont très certainement les « premiers romains » de l’époque hellénistique, en l’occurrence les Hellènes qui sont évoqués, très probablement les « Grecs » d’Egypte : les Lagides. C’est l’Egypte qui nous suggère la vraie signification du nom d’Alger la blanche, la radieuse.

Et là il faut une interprétation intelligente des indices récoltés (île, sérail, désert, gazelle, clair de lune) en leur appliquant une logique nordafe et égyptienne ancienne (par exemple cette opposition noir vs rouge), par ailleurs très compatible à celle que l’on retrouve dans le pays kabyle. De prime abord, il me semble que Dzayer (Alger) aurait peut-être la forme d’une déesse (indice kab. Tiziri) de la beauté, fertilité, etc., cornue (indice ar. Gazelle) une biche (masc.de cerf) ou une vache comme Hathor des anciens Egyptiens, voire Isis, Tanit ou Vénus, ou tout simplement la Vierge version nordafe ; que Dzayer (Alger), et là on lève les yeux vers le ciel pour comprendre l’opposition égyptienne ancienne Terre noire (Kemet – nom de l’Egypte) vs Terre rouge (désert), porterait le nom d’un astre, d’une planète, Vénus-Vénéra probablement (Alger la radieuse + indice Tenere en tamacheq) par rapport à l’Egypte-Kemet apparentée à la Terre, ce qui corrobore l’hypothèse précédente ; et enfin, je n’exclue point que Dzayer soit la preuve tant recherchée pour prouver le lien, évident et pourtant volontairement tu par les historiens officiels, entre l’Egypte ancienne et la Nordafe punique dite « phénicienne » de Carthage à Agadir + Cadix en Andalousie. 

Retrouver la trace égyptienne ancienne et lagide, plus la trace punique et enfin la trace andalouse dans le nom d’Alger et son histoire est donc une chose fondamentale pour la mieux comprendre et saisir son impact sur l’histoire de la Kabylie.

Post-Scriptum
Une autre histoire d’Alger.
Le chaabi (style populaire) est ce qui a de plus proche entre l’Algérois et le Kabyle, et d’ailleurs ce n’est pas surprenant de voir que la majorité des grands maîtres de chaabi algérois ont des origines kabyles (El-Hadj El-Anka, le plus grand maître ; Abdelkader Chaou ; Amar Ezzahi ; Kamel Messaoudi, etc.). Mais il faut nuancer tout de même, car le chaabi algérois n’a de populaire que le nom tant il a été domestiqué dans les conservatoires où il a été affiné pour plus d’esthétique et influencé par le style andalous donc bourgeois. C’est le chaabi du sérail, un chaabi de gentilhomme algérois. Le chaabi kabyle est exclusivement l’œuvre de bardes indépendants, des fils du peuple autodidactes et ardents défenseurs des valeurs kabyles. Quelqu’un pourrait-il détrôner le plus grand maître du chaabi kabyle Ccix L’Hasnaoui ? Non, personne. Voici quand même une reprise du maître algérois A.Chaou, très réussie il faut le dire pour la performance vocale notamment :


A.Chaou – Ccix amuqran (le grand maître)
 

Vous pouvez comparer à un tube très populaire de ce même chanteur A.Chaou mais en argot algérois et dans un style chaabi algérois pour saisir la différence :
 

A. Chaou – Ch’hilet la3yani
 

Chaou a certes des parents kabyles, mais il n’est pas Kabyle, il est Algérois, à qui il faut reconnaître un grand talent, il est sûrement un maître de chaabi du sérail (algérois).

Mais il y a un lien encore plus fort entre Dzayer (Alger) et la Kabylie, il se trouve sur le registre religieux. Qui parmi les Algérois peut me citer tous les saints d’Alger ? Peu de gens, la plupart vous citeront deux saints et les deux sont d’origine kabyle : Sidi M’Hamed bu-Qobrine et, bien entendu, Sidi Abderahmane e-Thaalibi, le saint patron d’Alger. C’est le moment de laisser la parole à Dda Lwennas pour un plaidoyer contre l’obscurantisme instrumentalisé par les édiles incompétents (il date de 1980 !) et un pamphlet anticléricaliste dans les règles de l’art kabyle :


Lounès Matoub – Ass-a adzayri (L’insoucieux et inconscient Algérois/-ien des temps modernes)
 

C’est que, chers amis, j’ai des doutes très forts sur l’existence réelle d’un tel personnage devenu saint, on ne béatifie pas les hommes chez les Kabs, à peine si l’on attribue le titre de Ccix (Maître), Ascète sans doute, à un homme religieux et le vénérer pour ses bienfaits, comme Ccix Muhand Ou’Lhoucine ! Ce Sidi Aberdahmane, saint patron d’Alger, me rappelle une autre figure, elle aussi sacralisé, mais sur le registre de l’histoire cette fois-ci et juste en face de nous : Charlemagne. Vous savez sans doute ce j’en pense, m’est avis que c’est une figure syncrétique (rappelez-vous la formule Charlemagne fils de Pépin vs Parlement du Big Ben des Anglois). Sidi Abderahmane, traduit soi-disant comme « Saint Serviteur du Clément/Miséricordieux » aurait sans doute son équivalent de l’autre côté du Grand Bleu, peut-être Saint-Georges, et surtout en Egypte ancienne. La première hypothèse à étudier est la suivante :
 

Sidi Abderahmane (vs Saint Apôtre ?) vs Grand Prêtre d’Amon
 

Le préfixe masri-arabe Abd, Abder, Abdel « serviteur » renverrait probablement vers la notion de « apôtre » et/ou de « prêtre ». Avec un peu de recul, on saura de quoi et de qui est le nom Sidi Abderahmane, ça c’est certain. La désacralisation des saints du sérail d’Alger, pour leur rendre le rôle symbolique qui leur sied, n’est qu’une question de temps. L'objectif ? Faire évoluer les mentalités, rendre plus sain l'espace spirituel en expliquant la nature des croyances algéroises (nordafes) et couper l'herbe sous le pied des adeptes du bigotisme industriel made in le labo sawdite avec des pratiques d'un autre peuple, d'un autre âge qui constituent un frein au développement et surtout une menace directe et imminente pour la Kabylie venant du harem d'Alger aux mains des étrangers. C'est donc une menace à éradiquer. C'est tout l'enjeu de la nouvelle bataille d'Alger.

A prochainement !