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lundi 7 novembre 2016

Le Cid Kabyle

La Place des Martyrs – Tant qu’il y aura des hommes...

Une légende kabyle vivante dans nos mémoires, un repère dans le ciel kabyle pour les générations actuelles et futures. Il y a de cela très longtemps, les hommes, pour ramener le ciel à la terre et se fixer des repères dans le temps et dans l’espace, apparentaient les constellations et les astres de la voûte céleste étoilée à des créatures familières ou à des personnages de leurs légendes et mythes : caprin, crabe, chasseur, lion, etc. Il en va de même lorsque la mémoire collective des hommes élève au ciel – au plus près de l’Eternel et pour qu’on les voit de loin dans le temps – les meilleurs et les plus braves d’entre-nous pour échapper au temps et à l’oubli, pour éclairer les générations futures.
 

Argaz. Un homme, un mari, un héros, un juste aussi. Peut-être que ce terme kabyle et commun à toutes les langues berbères (chaoui, rifain, etc.) a-t-il qlq chose en commun avec le latin Rex (roi), le masri-arabe radjel, l’hindou raja (maharaja « roi »), etc. Ce qui est sûr, c’est qu’il est sur la voûte céleste : c’est soit l’Orion (constellation), soit le Sagittaire (constellation). C’est le Sagittaire (l’archer), terme issu du latin sagita (flèche) en latin selon l’étymologie reconnue ; sagita est très probablement proche du kabyle a-segad, du masri-arabe sayad (chasseur, voire seyed (seigneur) d’où vient le Cid. On l’a évoqué à plusieurs reprises sur ce blog, en le mettant en lien notamment avec agadir (grenier, forteresse), a-segad (chasseur). Cette fois, nous allons voir dans le Sagittaire ces termes ô combien familiers. Voici ce que pourrait être également le Sagittaire, la sagita (flèche) :
 

Sagittaire ~ amejahed (combattant, résistant) en kabyle, al-moudjahid (combattant, résistant), d’où les modjahidine et djihadistes (combattants de la « guerre sainte ») en version aziate (Moyen-Orient, Asie centrale). Cette constellation est connue depuis, au moins, Claude Prolémée (des Lagides grecs d’Egypte), amjahed aussi, tout comme le moudjahid.
 
C’est que la flèche, sagita en latin, devrait s’apparenter à j’hed, l’jehd (être fort, force/santé) en kabyle, mejhud (devoir) en masri-arabe et repris en kabyle, ce qui laisse penser à une origine égyptienne ancienne de ce terme commun, le kabyle n’a rien emprunté à l’arabe comme on le voit. Il n’est pas exclu que chahed, chouhadas (martyrs « témoins » en grec) soit aussi en lien avec sagita (flèche) et le sagittaire. NB : Retenons aussi le lien Sagita ~ Santé (force, vitalité), saha en masri-arabe, terme repris en kab. D’autre part, il est très probable justement que Argaz (homme, mari, etc.) en kabyle et berbère soit en lien avec l’Archer justement. On y reviendra une autre fois.

On comprend aisément que la Place des Martyrs, le champ d’honneur des combattants se trouverait dans la constellation du Sagittaire ou/et dans la constellation d’Orion. Et ce depuis très longtemps, au moins depuis le temps de l’Egypte des Lagides.
Par ailleurs, on sait que nos imjuhad (combattants, maquisards) de la guerre de libération étaient appelés « fellagas, fell, etc. » par les Français. Ces derniers, comme d’hab, sont allés chercher une étymologie arabe, très douteuse évidemment, du terme fellagha (genre « fellah » ou « bandit »). Cécité badinguetiste quand tu les tiens ! A la lumière de ce que l’on vient de dire plus haut (sagittaire ~ combattant), n’aurait-il pas été plus facile et surtout plus logique de faire le rapprochement entre fellagha et la sagita (flèche) en latin, langue-mère du français ? Les frenchies ont sans doute horreur de tout ce qui simple mais authentique, ils préfèrent éviter la voie royale (voilà des républicains vraiment pas modérés !) pour s’engager sur le chemin scabreux qui mène droit au mur de l'impasse et à l'étroitesse d'esprit, du moins dans leur rapport à nous.
 

Post-Scriptum
Une fondation Colonel Amirouche vient de voir le jour à Tizi, c’est de bon augure, saluons donc les auteurs de cette initiative. Voilà un Argaz de grande envergure qui a conquis sa place dans les cœurs et la mémoire collective de son peuple, et sur la voûte céleste kabyle avec sa « place des martyrs ». Malheureusement, en plus de ses (nos) ennemis d'hier qui l’ont tué et veulent aujourd'hui tuer aussi sa mémoire, il y a les faux-amis, plus proches de nous dans l'espace et dans le temps, qui veulent arracher l’étoile du Cid kabyle de la voûte céleste kabyle pour l’accrocher sur leur faux-plafond d’Alger, façon de l'éloigner de nous avant de l'effacer de la mémoire collective comme ce fut le cas pour feu Abane Ramdane et Krim Belkacem. 


Heureusement que le regretté Amirouche, un argaz kabyle légendaire tombé au champ d'honneur, – adh phell-as y’aafu Rebbi – est suffisamment haut pour être hors de portée de ces charognards. Ils peuvent toujours rêver et même sauter, grimper, negez, rehel, ce ne sera que peine perdue ! Aucun de leurs bus ou char ne pourra atteindre notre place des martyrs sur notre voûte céleste, bien ancrée dans la mémoire collective kabyle. 

La prochaine fois que vous observerez dans le ciel la constellation du Sagittaire, ou encore plus simple, la constellation d’Orion avec son fameux baudrier, vous y verrez désormais la lumière des justes, des légendes vivantes. N’oubliez pas d’avoir une pensée pour ceux parmi nos braves ancêtres qui ont consenti le sacrifice suprême car ils ont pensé à vous avant de vous voir naître.