Translate

mercredi 9 mars 2016

La Vraie Shérazade

Terre Kabyle, partie 4 : Néfertiti

Aussi bizarre que cela puisse paraître, c'est du pays kabyle que l'on voit le mieux la mise à sac de l'héritage de l'immense Egypte ancienne, de son patrimoine matériel et immatériel par les camarades à l'est de la mer rouge. Ce pillage ou vol de mémoire va jusqu'à la domestication de personnages de contes populaires et/ou de personnage historiques, donc au plagiat. Souvenez-vous, on a écrit sur ce blog que le vrai Aladin, personnage des Mille et Une Nuits, serait probablement Toutankhamon. Donc c'est d'abord une histoire née en Egypte ancienne, les arabes n'ont fait que la reprendre sous une autre forme, en bons champions de traduction, recylcage et récupération qu'ils sont :). Voici un autre exemple, avec un autre personnage égyptien ancien qui s'est retrouvé domestiqué par les Cheikhs et Ayatollahs dans leur livre de Mille et Une balivernes qui n'ont que trop duré...

Shérazade ou Shéhérazade, un personnage central des Milles et Une Nuits. Un conte Quand ce n'est pas d'origine arabe, c'est du persan. Comme toujours ! Et l'Egypte ancienne, on en fait quoi ? Eh bien, l'astuce est très simple : équilibrer le débat en mettant un poids de l'autres côté, càd à l'ouest de l'Egypte pour enrayer le déséquilibre causé par l'orient. 
Quel conte kabyle serait proche, par moments, du conte de Shérazade ? C'est celui du personnage mi-Cendrillon - mi-Shérazade dont le nom diffère d'une région de Kabylie à autre - Aicha, le plus souvent (merci au passage à l'auteur de cette vidéo et surtout à sa maman la narratrice de ce conte)-, mais l'essentiel est que cette dernière est belle et très intelligente, sage ; elle est l'épouse du roi ou sultan mais aussi et surtout sa conseillère (juridique surtout :)) et carrément sa tête pensante : c'est elle la régente des affaires de la cour. On peut donc légitimement supposer que l'Egypte y serait aussi concernée par une histoire ou un contre sur une femme belle et intelligente aux destinées du royaume puisque cette histoire existe dans la tradition orale kabyle à l'ouest de l'Egypte et dans les écrits des camarades arabes et perses à l'est de l'Egypte.
Deuxième élément que la tradition kabyle peut apporter : le nom de ce personnage, de cette femme fantastique, aussi belle que sage et intelligente. Il est évident que Aicha est un emprunt récent du kab à l'arabe, le nom de ce personnage devrait avoir une consonace kabyle à l'image de Louja par exemple, autre fille mythique dans la tradition kabyle. C'est là que je me suis penché sur l'étymologie et la signification du nom, des noms de cette femme fantastique qui dirige le sultan et son royaume. Shérazade ou plutôt Shéhérazade est, nous dit-on, issu du persan "née/arrivée + (dans la) ville". La version arabe - c'est la langue de ce récit d'ailleurs - de ce nom est on ne peut plus évocatrice : shahr (mois) + zad (né), soit logiquement nouveau mois ou nouvelle lune. Et là ça a fait tilt ! Mais bien sûr, dans la tradition kabyle, c'est une autre fille fantastique dont le nom est Thiziri "le clair de lune", voir la déesse de la lune (on penserait plutôt à la pleine lune) ! Ce nom féminin kabyle Thiziri serait d'ailleurs en lien avec l'étymologie du nom d'Alger, le royaume fondé par les berbères Ziri ou Zirides, des fatimides étroitement liés à l'Egypte et au chiisme (exclusivement iranien/perse de nos jours) justement. On y reviendra le moment venu. Bref, le nom kabyle Thiziri (à l'ouest de l'Egypte) serait comparable au nom persan ou persan-arabe de Shérazade, Shéhérazade (à l'est de l'Egypte). Reste maintenant à localiser ce personnage au centre de ce monde : dans la tradition ou dans l'histoire de l'Egypte ancienne.
Très probablement, la femme fantastique, aussi belle que sage - une déesse quoi ! - dont il est question, la Shéhérazade des Mille et Une Nuits, la première Thiziri et la vraie Shérazade serait celle que vous voyez ci-dessus sur l'illustration : Néfertiti.
Et c'est sans appel !  Et ça va jusqu'à l'étymologie du nom : zad "née, venue" en persan, zad "né" (ou djat "elle est venue") en arabe dans le nom de Shéhérazade est dans le nom de Néfertiti "t-jty". Néfertiti était rayonnante de beauté, d'intelligence et de sagesse ; Néfertiti était aux commandes, c'était elle qui gouvernait. Et son mari était Akhénaton qui, d'après ce qu'on nous dit, aurait déclenché une revolution en remplaçant le culte d'Amon par un nouveau culte : celui du dieu Aton, le soleil rayonnant. Akhénaton s'est-il pris pour le Roi soleil en considérant que son épouse Néferiti était la déesse Lune ? Des Rois-Soleil l'histoire en a connu :) Plus sérieusement, au lieu de voir dans l'histoire du culte d'Aton instauré par Akhénaton le début du monothéisme (point de vue des chercheurs et égyptologues occidentaux), ne serait-il pas plus raisonnable d'y voir, par exemple, la substitution d'un calendrier par un autre, ou bien de voir dans cette hérésie la première version ou les origines de l'apparition du clivage entre Sunnites (culte d'Amon ?) et Chiites (culte d'Aton ?) en Egypte ancienne ? L'histoire de répète souvent ! Après tout, Néfertiti a bel et bien été transposée dans le temps pour trouver place dans l'imaginaire des Perses justement, auxquels on attribue la paternité du personnage Shéhérazade, qui, à mon avis, serait une Néfértiti bis. 
Elle est immense l'Egypte ancienne, immense !...

P.S.
A ma connaissance, si la momie d'Akhénaton a été identifiée et retrouvée, celle de Néfertiti ne l'est toujous pas. Curieuse histoire... ou conte de Mille et Une Nuits ? Et puis, strictement sur le plan étymologique, la comparaison de NFR "beauté" en ancien égyptien dans le nom de Néfértiti au kabyle ZR ou TZR de Thiziri donnerait peut-être qlq chose d'important.