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mardi 1 décembre 2015

Le Convalescent Imaginaire

Le Faux Repentir

Nous sommes en 2015 et la Kabylie ne s'est toujours pas affranchie de la tutelle algérienne. L'état des lieux sur le terrain est de plus en plus alarmant dans une Algérie de repentis, de drabkis ("percussionnistes" ou apprentis-hommes d'état), de barbouilleurs qui parasitent sur le système, de lâches et de brêles arabisés et islamisés, un mélange explosif et dangereux surtout pour la Kabylie qui doit s'en éloigner le plus vite possible. Revenons trente ans en arrière, en 1984-85, avec le témoignage de notre barde sur cette époque.  
Nous sommes au début des années 80, au plus fort du revival kabyle maté par le pouvoir, d'un côté, et au tout début de la montée de l'arabo-ilamisme, de l'autre, toléré par ce même pouvoir. Le contraste entre la Kabylie et l'Algérie est frappant, et à peine si qlq chose a changé depuis. La conscience collective n'existe qu'en Kabylie, disons-le clairement, l'Algérie c'est surtout du "ghachi", une foule sans conscience qui obéit au doigt et à l'oeil aux ordres général-berger ou aux consignes du pasteur-imam du coin. Une masse inerte prise entre le marteau de la junte et l'enclume de la prêtraille. Un agneau coincé entre un chacal et un loup. La situation paraît inextricable et la Kabylie doit prendre la tangente pour sortir de l'impasse algérienne avec sa gestion folklorique. 
La décennie infâme des années 80 avorta de la décennie atroce des années 90 lorsqu’une espèce hybride vit le jour : l’hyène barbue, pire que le chacal et le loup du système confondus. Une décennie de plomb durant laquelle les hordes arabo-islamistes ont semé terreur et désolation en Algérie faisant des dizaines de milliers de victimes dont DdaLwennas, puisse son âme reposer en paix. Son message de visionnaire demeure toujours intact, l’espoir de voir prochainement la Kabylie indépendante de ce monde à l’envers de malades et de convalescents imaginaires qu’est l’Algérie grandit en nous de jour en jour. Le combat continue donc... 
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LE FAUX REPENTIR (Interprétation libre, assez fidèle sur le fond)

ACTE 1 (prélude vocal) : Entrée en scène du Larbin masqué pour son faux repentir devant un parterre d'agneaux.

« Honni soit celui qui oreille prête à tout ce qu’il entend ! »

Gare à celui qui me croira,
Ce n’est que ma langue qui lâche, 
Elle laisse échapper des mots,
Le sage en saisira le sens.
 
Alors faites comme si j’étais l’un d’entre-vous,
Qui aurait pris la parole,
Pour donner son humble opinion.

L'intelligent pèsera mes mots et comprendra ma parole,
L'abruti aura la surprise de sa vie,
Et croira vraiment que j’ai changé de camp, 
Moi un transfuge ? La belle blague !

Je suis de toutes les fêtes et de toutes les bonnes fortunes, 
Je suis de la classe des toujours gagnants,
Je tire toujours mon épingle de ce jeu de hasard,
J'ai toujours ma part du gâteau.

Mes enfants ? Tous préparés à entrer dans le jeu,
Tous ont reçu une bonne éducation,
Je leur ai fais fuir ce bled,
Tous formés à l’étranger.

Mes pans d’éléphant m’ont toujours préservé de la misère qui touche les crève-la dalle,
Je suis un bonze avec un poste à vie, 
Un travail propre, pas pénible du tout,
Avec des horaires flexibles en plus. 
J'adore !
 
Mon souci premier est de me mettre à l’abri,
Se la couler douce quoi !
Et faire partie des repus.

Contrepartie ? Ben oui, la médaille a toujours un revers !
Et bien, je suis un mouchard :
Tout ce que mes oreilles entendent ici et là,
Une fois la coupe pleine,
Je le rapporte à mes tuteurs commanditaires.

Je ne fais pas la grosse tête pour autant, 
je ne suis point arrogant !
J’aime mes amis, mes proches,
Lorsqu’ils sont acculés par les circonstances,  
Ils peuvent toujours compter sur moi.
(Ne suis-je pas un grand seigneur ?) 

Et trouveront chez moi bien plus que la paix :
Consolation, petis soins !
Je leur prodigue le meilleur remède, 
Un conseil d’ami, avant qu’il ne soit trop tard : 
Le silence est tout bénéf, 
Se tenir discret paye, 
Et évite de se morfondre dans les regrets.

La réalité, je la fuis comme le diable l’eau bénite !
Je fuis ses conséquences, son poids,
Je fuis de peur de la voir !
 
Je préfère regarder ce monde du haut de mon siège, 
(Au-dessus de la mêlée de losers, intouchable que je suis !)
Sur ma branche solide perché et sûr de mon avenir,
Sûr de ne pas connaître la chute.
 
Que celui qui veut en faire de même,
Vienne me demander conseil - je l’aiderai,
Je le guiderai sur le chemin de l'opportunisme.

ACTE 2 (chant) : Entrée en scène de la conscience, LE BARDE avance à découvert  pour briser le silence des agneaux.

« Honni soit celui qui vit dans le déni de la réalité ! »

Peu, trop peu d’édificateurs ! 
Médiocrité totale ! Zero creativity !
Trop nombreux les opportunistes, 
Les parasites et autres profiteurs d’un système pourri !
Indécemment trop de frimeurs !
Trop peu d’hommes d’envergure, 
Point de grandeur d’âme !

Au ras des pâquerettes nous sommes,
Quel malheur nous est advenu,
Notre dignité se consomme sous les cendres,
Et nous, on apporte du bois au feu de notre désastre !
 
A peine venus à bout d’un fléau  que voici un autre qui nous tombe sur la tête,
Ne serait-ce pas la fatalité ?
Les soucis ne nous lâchent pas,
La poisse ! ça fuite de tous les côtés,

L’un, un chacal détourneur de consciences, 
Prébendier aux formules abracadabrantes,
Un parasite qui boit le sang et la sueur de son prochain,
Amassant consciencieusement sou à sou sa petite fortune.

L’autre, un loup détourneur de fonds,
Le mafieux du système, 
Et ses somptueux châteaux illicites à l’origine douteuse, 
Aujourd’hui c’est lui le maître de la situation,
La puissance de son argent sème mort et désolation.
 

Ses enfants sont étudiants à l’étranger pour suivre le chemin des Lumières,
Alors qu’ici, nous, agneaux réduits au silence et à bouffer de l’herbe,
Confinés dans l’obscurantisme du bled de mickeys,
Subissons le bâton de l’arbitraire et l’ignominie de l’arabisation forcée, 
Le déni identitaire et le déni de la réalité.