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mardi 4 août 2015

Punica Magna & Minor

L'accent punique.

Voici une petite démonstration pour les sceptiques concernant les dividendes que les Nordafs pourraient tirer de leurs langues naturelles, c’est aussi une façon de mieux comprendre son environnement et son histoire, et d’avoir de l’estime pour son prochain-voisin.
 

Le panaché de langues classées comme dialectales par les décideurs actuels, se résume à un mélange de langue locale (kabyle, berbère en général) avec une langue orientale (masri/égyptien, arabe) et une langue méditerranéenne occidentale (latin, langues romanes). Le parler algérois est différent du parler tunisien et du parler marocain, pour ce qui de la « darija » (langue dialectale) arabe, la langue kabyle diffère aussi des autres langues berbères (chaoui, tamacheq/touareg, rifain, etc.). Peut-on recomposer la mosaïque linguistique nord-africaine pour réinventer une langue punique commune et jeter ainsi les bases d’une véritable union depuis Agadir et Tanger jusqu’au Golfe de Syrte en passant par Alger, la Kabylie, le Constantinois et Tunis ? Bonne question…

Voici un premier exemple que je laisserai sans réponse, pour le moment du moins.
MAINTENANT se traduit de façon très différente en Afrique du Nord :
- l’arabe classique donne al-1an (~ al-aine), jamais utilisé par les présumés-Arabes nordafs ;
- le marocain donne : dabba ;
- l’algérois donne : doka, dorka, darwek ;
- le tunisien donne : tawa ;
- le kabyle donne : thura.
Le kabyle thura est carrément plus proche du grec τώρα (tó̱ra) en lien avec ώρα (ó̱ra) « heure », voire de l’espagnol ahora (maintenant) en lien avec hora (heure) ou même alora en italien ou alors/lors en français, que des variantes des « darijas » des voisins « arabes » nordafs. On essayera de trouver une explication à cette étonnante diversité lors des prochains billets.


LE JEUNE
Le croisement de ces langues (kab/berbère + « arabe ») donne parfois des résultats pour le moins surprenants. Que diriez-vous si je vous disais ceci :
SPV/SBV de shepuv/shebuv « cheveu » en kabyle (on dit aussi a-setchuy) est en relation avec l’arabe shabab (jeunes), sheb (jeune, beau), shaba (jeune, belle) ; pour info, le cheveu est « sha3r » en arabe classique, tandis qu’en kabyle on a shevah (beau), shavha (belle), ashevhan (blanc), ashivan (blanc de cheveux) idem au chibani en darija ;
a-rrash (les garçons) en kabyle aurait aussi une relation avec rish (poil, duvet) utilisé en kab et en arabe classique risha.t (plume).


L’explication nous viendra du couchant. En effet, si l’arabe classique et/ou le masri (égyptien) a massivement envahi l’espace linguistique nordaf (sur la forme surtout), il n’en demeure pas moins que c’est le kabyle qui tient les clés de l’algorithme « punique » (donc le fond) capable de nous apporter des explications. Les khorotos ont beau arabiser à tour de bras, à donner une consonance arabe à tout ce qui possède un nom kabyle (et berbère) façon de marquer leur territoire, mais ils n’arriveront jamais, au grand jamais à expliquer la toponymie kabyle (surtout) et nordaf en général, car il s’agit là d’une prouesse intellectuelle hors de portée de ces camarades qui ne comprennent pas le kabyle ; déjà que nous Kabyles commençons à peine à la comprendre et qu’on ne veut surtout pas déchiffrer notre secret afin d’éviter que les arabo-islamistes ne s’en emparent pour finaliser l’arabisation de nos terres après celle des (pauvres) esprits qui l’habitent. Perso, je suis prêt à participer à un tel projet mais uniquement dans un cadre clean, càd kabyle ou kabyle et international avec garanties que la propriété intellectuelle kabyle, en attendant la foncière !, sera préservé par le droit kabyle ou/et international.


Mais venons donc à l’explication marocaine du « jeune ». La darija marocaine est le seul dialecte « arabe » nordaf à utiliser M-ZYN méziène (z occlusif) pour « bien, beau » qui vient tout droit du kabyle (berbère) M-ZYAN (Z emphatique) de mezi (jeune), meziane (jeune, mineur, cadet, benjamin), améziane (lejeune) l’opposé de M-QR amuqran (l’adulte, le majeur, le sénior, l’aîné, le grand, le chef, etc…), Mokrane, Amokrane (legrand). Cette dualité ZY vs QR mineur/jeune vs majeur/grand en kabyle est identique à celle que l’on constate en russe (slaves) pour, respectivement, Mlad vs Star. Mais rien de commun avec l’arabe, comme quoi…


En plus ZY ou ZYN de Jeunesse est associé à la Beauté : zyn en kabyle, en darija nord-africaine mais pas en masri ni en arabe où beauté est associée… au chameau : GML de gamal/djamal (chameau) et gamil, gamila/djamil/djamila (beau, belle). La preuve ? Zinédine (ex. prénom d’un Kabyle de France) est la variante nord-africaine (préfixe nordaf zyn) du vrai arabe oriental asiatique  de Djamal-Eddine (ex. prénom d’un Afghan connu dans les milieux réacs arabo-islamistes). Cet exemple, à mon sens, explique on ne peut mieux le décalage entre la réalité et la version officielle qui veut faire des Nordafs des « arabes » plus que les vrais arabes (les asiatiques quoi) !


Qu’y-a-t-il dans cette dualité que donne l’algorithme kabyle de Méziane vs Mokrane, ou Jeune, Petit et Beau vs Adulte, Grand et donc Affreux ? La racine « jeune » ZY de Méziane serait tendre car son opposée QR de Mokrane indique ce qui est « dur, sec, ferme », en somme le Jeune associé au Cheveu voudrait dire que l’Adulte serait associé au Crâne, à la Tête (a-qerru en kab) ? Nous sommes vraisemblablement aussi dans une relation hiérarchique « Sujet – Maître », « Inférieur – Supérieur ». Rigolo que la racine ZY ou ZYN de « jeune, beau » en kabyle (berbère) soit aussi proche du russe CN ou tchin (grade, rang) ; la langue russe confirme cette logique kabyle : STR de star, starchiy (amuqran/Mokrane en kab) est celle de strakh (peu, effroi, terreur), strashniy (affreux) voire de stroguiy (sévère, austère, rigide, sobre, etc,). Bref, M-QR en kabyle de a-muqran, Mokrane, tout comme son homologue russe Star, va dans le sens de celui qui commande (officie supérieur par ex.), tandis que M-ZY de améziane « lejeune » serait le subordonnée (ex. sous-officier), ce serait la relation Mineur-Majeur = Nouveau-Ancien, Souverain-Vassal, Roi (Empereur) vs Prince (héritier) ? 

                                                     Septime Sévère reproche à son fils Caracalla d'avoir voulu l'assassiner, J-B Greuze.
Le nom de la dynastie punique des empereurs romains Sévère pourrait, qui sait, renvoyer à la notion de M-QR de amuqran, mokrane en kabyle (berbère) moderne. Enfin bref, Méziane vs Mokrane, Mineur vs Majeur, se traduit on ne peut mieux des les toponymes des lieux gouvernés par les Sévère : Leptis Minor et Leptis Magna.

Et voilà qu’on tombe maintenant sur une trace arabe. En effet, des siècles après l’époque romaine, les Arabes de la péninsule arabique ont fondé leur « Leptis Minor » ou la Médine Munuwara. On est dans la relation « nouvelle-ville » vs « ancienne ville » dans les 3 cas suivants : Utique vs Carthage, plus tard Leptis Magna vs Leptis Minor, et beaucoup plus tard chez les Arabes, Médine vs Mecque.


Revenons au Jeune, Beau, Poil (Cheveu) et Blanc, tous dans le même couffin nordaf. Quand on dit en kabyle a-shev’han (blanc, beau) ou ashivan (blanc de cheveu) idem à Chibani en argot darija nordaf, on est loin de penser que nous prononçons le même mot que les Italiens pour… Giovanni (jeune), et tenez-vous bien, Japonais en français ! 

Pourquoi ? Il s’agirait simplement de Juin, du Soleil Levant (Nippon = Japon) pour le « jeune, beau, mineur, neuf, etc. » que l’on a vu plus haut. Il est simple de comprendre que Méziane vs Mokrane en kab, ou Mlad vs Star en russe, évoque l’Enfance et la Jeunesse du matin (levant) vs la Majorité et la Vieillesse du soir (couchant). 

Quels enseignements peut-on en tirer sur le champ ? D’abord, la « nouvelle-ville » (Carthage, Leptis Minor, Médine) se trouve au Levant, à l’Est à l’opposé de la « vieille-ville » (Utique, Leptis Magna, Mecque) qui doit se situer au Couchant, à l’Ouest. Ensuite, vous l’aurez compris, le Maghreb est Grand, et l’Orient est petit :)) Et finalement, spécialement pour les camarades égyptologues, lorsque les anciens évoquent leurs ancêtres les « occidentaux » ou Osiris à la tête des occidentaux, il s’agit simplement des « anciens » (des « sages » probablement), ce n’est donc pas une référence géographique et il ne faut pas chercher les ancêtres des anciens Egyptiens à l’ouest de l’Egypte :))
 

Cette opposition Jeune/Mineur vs Grand/Majeur pourrait trouver son explication dans le calendrier musulman : l’aid « mineur » vs l’aid « majeur », tels qu’on les appelle chez les Nordafs à la différence des Arabes orientaux et de leurs voisins Perses, etc., renverraient peut-être vers l’opposition Soltice d’Eté (jeune, mineur) vs Solstice d’hiver (grand, majeur, vieux) ! 

Je reviens vers les Slavesm parmi lesquels moi Kabyle je vis depuis des décennies. Le solstice d’été chez eux (Russes, Ukrainiens, etc.), dans la tradition dite païenne, est appelé Ivan Koupala ou le « jour d’Ivan » : à mon sens, ça serait la « fête des jeunes »  par excellence avant de devenir celle de Saint-Jean :) Et concernant les Ivan, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre Septime Sévère et Ivan Grozniy "le Terrible", entre le tableau de Jean-Baptiste Greuze "Septime Sévère en train d'admonester son fils qui aurait voulu l'assassiner" et celui de Ilia Répine "Ivan le Terrible tue son fils" :

Voilà ce qu’a donné ce tout premier tour des langues nordafs. La néo-punica peut devenir une réalité un de ces quatre. A la prochaine !