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mercredi 3 mai 2017

SANTA CRUZ

Sur la route de Séville – Le Binaire de Géryville.
 

C’est un chapitre espagnol qui s’ouvre sur ce blog. En voici la toute première partie.
Avant d’arriver en Espagne, avant d’aller en Andalousie, on va faire une escale à Oran, la cité la plus espagnole en Nordafe, et dans une région à son sud. Il ne sera point question de Raï, des gens de Sid L’Houari, L’hamri, Miramar, mais d’autres noms de lieux de la région pastorale au sud d’Oran.

 

Rappel
Il faut impérativement avoir lu le billet précédent consacré à la Casbah pour comprendre ce qui va suivre. La forteresse-grenier dans toutes ses déterminations d’époques diverses (agadir, casbah notamment) – la pyramide égyptienne ancienne est elle aussi liée au pain (béni ?), au gâteau plus exactement –  est un élément bourré d’indices (colonie, espagnol, comptoir, etc.) qui pourraient nous raconter l’histoire des cités nordafes et… espagnoles.  Mais on va commencer par le dessert, l’amande sur le gâteau, algérois par excellence, qalb-luz (cœur d’amande) mielleux, donc bien fondant.


CŒUR DE LION
De quoi ce gâteau qalb-luz est-il le nom au juste ? Une chose est sûre : Luz (amande) est, on le sait  clairement apparentée au Lion, comme on le verra ci-dessous. Mais quel événement célèbre ce gâteau « cœur d’amande », de quelle époque est-il la mémoire ? Vous voulez ma réponse, ma première supposition ? La voici : ce « cœur d’amande » serait un « jules césar » et donc d’une certaine façon « jésus christ », la copie de jules césar (en minuscules car ce sont des syncrétiques et noms communs), et c’est simplement une histoire de calendrier, très probablement l’an zéro d’une nouvelle époque (nouveau calendrier, par ex. julien ou chrétien, et pourquoi pas hégirien, mais il faut chercher LA référence en Egypte ancienne) ou le jour zéro de l’année, càd le nouvel an (yennayer par ex.) ou une fête communautaire-religieuse majeure, voire même l’Eucharistie pour la communion, la Cène (version européenne chrétienne) mais sous forme nordafe. Et ces indices peuvent être chiffrés, càd indiquer des chiffres, nombres : 0, puissance de 10 (10, 100, 1000,…) ou 12. On y reviendra.
Point de départ : la Kabylie et Vgayeth-Bougie pour sa Casbah médiévale dite Fort espagnol. Escale rapide à Alger pour sa Casbah. Maintenant cap vers l’Ouest pour atteindre l’Andalousie, l’Espagne. Là, à hauteur de Wahran-Oran (nom de lion) et de ses dépendances comme El-Bayadh (ex. Geryville), je vais vous démontrer par la toponymie que « Amande » et « Lion » s’apparentent. Un petit rappel s’impose :
Ath, transcrit Aït, préfixe kabyle de chaque adhrum (quartier, subdivision de village/cité-unité politique de base) est équivalent à la forme arabe Hay (quartier, cité) et hay, hayat « vivant, vie », comme DR de taddart « village » en kabyle et berbère est aussi « vivant » (DR).

http://i1.trekearth.com/photos/25622/santa_cruz.jpg
SANTA CRUZ (ORAN)
Maintenant une comparaison assez simple mais concluante entre deux toponymes nordafes équivalents, j’en ai la certitude, qui vont faire ce lien Luz (Amande)-Lion :
Ath Lewnis, Ath Yewnis (transcrit Aït Lounis) nom de adhrum (quartier) du milieu dans ce cas particulier d’un petit village (Ighil-Mimoun) en Kabylie  = Hay Luz (quartier des amandes en arabe, càd les Amandiers) à Oran et El-Bayadh. Prenons ce dernier nom, Hay Luz (quartier d’amandes ou Amandier) en masri-arabe. Voici la bonne surprise :
Luz « amande » en masri-arabe = Cruz « croix » en espagnol
Il est relativement facile de supposer que ce quartier des Amandiers, Hay Luz est probablement l’équivalent de l’espagnol Santa Cruz, typiquement oranais pour le fort du même nom. 


Et ce n’est pas fini ! Ce Hay Luz en masri-arabe, et ce n’est pas un vulgaire raccourci, ne serait rien d’autre qu’un terme grec assez connu :
Hélios « soleil » en grec ancien = Hay Luz « quartier des amandiers » en masri-arabe
C’est un indice capital ! On a la « cité du soleil » ou Heliopolis dans Hay Luz en masri-arabe et, Ath Lewnis (variante régionale Ath Yewnis), le quartier du milieu. On peut supposer que ce Lewnis/Yewnis en kabyle est en lien avec des termes étrangers, notamment latins, mais regardez plutôt le nom égyptien en hiéroglyphe de la cité Héliopolis de l’Egypte ancienne :
Jwnw (ou Iwnw « les piliers » ?)
1. Lewnis, Yewnis, tout comme yiwen « un » en kabyle auraient un lien avec ce Jwnw égyptien ;
2. La croix (Cruz en espagnol) niwt « plan, cité, ville » en égyptien ancien confirme bien notre hypothèse de Santa Cruz ;
3. Ath Lewnis est le quartier (disons la cité) du milieu en kab, Hay Luz en masri-arabe, Heliopolis « cité du soleil » en grec, Jwnw aussi logiquement. On a un indice d’Héliocentrisme !
4. Hay Luz, Santa Cruz ne sont que des formes récentes ; Santa Cruz ne serait rien d’autre qu’une Alexandrie pour le forme grecque ancienne de l’époque des Lagides d’Egypte. Donc Alexandrie est aussi une « cité du soleil », et au second degré, la « ville des Lumières » comme sa renommée l’atteste d’ailleurs. Mais il y a un problème : Alexandrie – cité du soleil, c’est donc une idée héliocentrisme. Or, on sait que le plus brillant des hommes de sciences d’Alexandrie de cette époque, Claude Ptolémée était un adepte du modèle (erroné) géocentrique. Et pourquoi d’ailleurs ne pas utiliser Héliopolis pour Alexandrie puisqu’il s’agit de langue grecque et d’anciens Grecs ?
4. J’y trouve la confirmation d’un rapprochement bizarre effectuée qlqs mois en arrière, qui veut que le terme Hélios « soleil » en grec soit en lien avec le terme ilès « langue (anatomie) » en kabyle. Je confirme, car dans tout ce que l’on vient de voir plus haut, se cache la notion de langue, chose dont on parlera dans nos prochains billets, probablement intitulés Quartier Latin et/ou les Athéniens.

Deux trucs importants maintenant.
1

GERYVILLE
D’abord, pour El-Bayadh (ex. Geryville) au sud d’Oran. Outre Hay Luz (cité des amandiers – Héliopolis/Alexandrie donc), il existe dans cette ville un quartier dit Hay Zwawa que les gens du commun pensent être le quartier des Kabyles )), surtout qu’ils confondent aux zouaves aussi, alors que c’est faux. C’est la faute au français : le Z n’est qu’un accord, j’en suis certain. De la même façon, le français a repris/interprété le toponyme Iwadhiyen par Les Ouadhias : ces Zouadias seraient ce que les gens prennent pour Zouaves. Le toponyme est on ne peut plus évocateur : lwdha « marais, plat pays », /WD/ est le « bas » en kabyle, comparable au wad/Oued (cours d’eau, forcément plus bas) en arabe. Ce quartier Hay Zwawa à El-Bayadh indiquerait le quartier de l’Oued, du Bas, de l’aval (Basse-Ville) ou même un Talweg, la Vallée, un sol inondable. Hay Zwawa ici, Iwadhiyen (Ouadhias) en Kabylie, Bab-El-Oued à Alger, c’est kif-kif, et c’est un terrain inondable en cas de crue : pensez aux inondations dévastatrices à BEO et El-Bayadh justement. A bon entendeur. 


La dualité des ces deux toponymes pourrait aller jusqu’à s’exprimer… géologiquement : Hay Luz pour un sol dur, rocheux (calcaire par exemple) vs Hay Zwawa pour un sol boueux, argileux, limoneux avec les déductions à en tirer en terme d’architecture (pour les fondations) et l’agriculture (limon fertile, nappes d’eau, etc.), au minimum. Pour donner une dimension rationnelle « internationale » à cette opposition des toponymes Hay Luz vs Hay Zwawa, voici ce qui les distingue : Léger vs Lourd. Léger, c’est aussi Lumière (light en anglois), Luz (amande) est bien en lien avec Luz (pr.  « louche » en portugais), Lux « lumière » en latin. D’autre part, lourd est sans doute à l’origine du nom (et du « miracle ») de Lourdes en France. Cette dualité dans ce « binaire » Hay Luz vs Hay Zwawa pourrait prendre d’autres formes, comme Talweg vs Crête, Sombre vs Clair/ensoleillé, Source d’eau claire courante (potable) vs Source d’eau trouble stagnante (impropre, imbuvable), Ordre/paix vs Chaos/guerre, et j’en passe.
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SANTA CRUZ DE KABYLIE
Ensuite, pour Oran. Quelle serait la commune kabyle jumelle d’Oran. Déjà on a le Lion comme lien… La réponse est assez simple :
Oran, mont Santa Cruz ~ mont (LNI – larvaa Nath Irathen) Ath Irathen, ex. Fort-National
Le fort Santa-Cruz marque la présence espagnole à Oran, pour LNI ex. Fort-National, c’est une marque française qu’il faut chercher. Les gens du pays l’auront deviné :
Fête de Santa-Cruz (espagnole) = Fête des Cerises à LNI (Kabylie)
 

Oui, les Français ont apporté de nouvelles techniques de greffe, et le cerisier s’est fortement développé en Kabylie durant la période de colonisation française. Mais les Français sont-ils à l’origine de cette fête des cerisiers à LNI et en Kabylie, qui fête plutôt la fête des oliviers, son symbole multiséculaire ? A mon sens, ce rituel daterait de l’antiquité et aurait été réanimé par les Français. La fête des cerisiers (la récolte), ça se fête même au Japon, mais d’autres interprétations, religieuses et/ou calendaires, peuvent convenir.

Il est à peu près sûr que le terme kabyle tha-knisya « la griotte/le cerisier » est une autre forme de Santa Cruz, le KNS kabyle, et pas seulement puisqu’il existe en sémitiques : kanissa « église » en arabe et knesset « assemblée en hébreu, est l’équivalent du CRX, CRZ de croix/cruz en romanes  et à la Cerise (Cherry en anglois, Kirsch en allemand) venant du terme latin cerasum, lui-même issu grec kerasion « cerise ». 
Cruz en espagnol (Croix en français), mise en lien avec Luz (amande) plus haut, est aussi clairement la Cerise. Au final, c’est une cerise sur un gâteau d’amandes : une relation Amande-Lion-Cerise.
 

SANTA CRUZ D’EGYPTE
Santa Cruz nous permettra de comprendre l’origine du nom Andaluz (Andalousie), c’est clair. Mais où peut-on encore trouver cette « Santa Cruz », sous un autre nom d’une « cité de lions » en Nordafe ? Par exemple, à l’antique Thagaste, ville natale de St Augustin : Souk Ahras en arabo-berbère est l’équivalent de Santa Cruz tout simplement.
Maintenant on voit LA référence, càd l’immense Egypte ancienne.
Tout ce qui a été dit plus haut, tous ces noms différents (ex. Santa Cruz), c’est qlq chose de récent relativement. Il est quasi évident que cette « Santa Cruz » ne symbolise rien d’autre qu’un événement calendaire égyptien ancien : le nouvel an égyptien ancien ou le lever héliaque de Sirius qui correspondait à la crue annuelle du Nil.
 

Ceci nous amène à dire que la supposition de l’école occidentale (grecque) pour Héliopolis et orientale (arabe ou masri-arabe) pour Heliopolis = 3ayn-a-shams « œil/source du soleil » sont peut-être erronées : la « cité du soleil » (la ville des Lumières) Héliopolis serait en relation avec non pas le soleil, mais peut-être bien avec l’étoile binaire Sirius. (Si cette hypothèse de Sirius s’avérait vraie, tout ce qui a été dit plus haut au sujet de l’héliocentrisme devient caduc).
 

Et donc Heliopolis pour le lever héliaque de Sirius : l’an zéro de l’année sur le calendrier probablement, et le centre ou ville capitale ? Ou bien carrément un indice des écritures, de l’alphabet : Sirius A (alpha) + Sirius B (bêta) = Alpha + Bêta = Léger vs Lourd = Hay Luz vs Hay Zwawa à El-Bayadh ? Je pense que ce « binaire de Géryville » est possible. Au final, notre « Santa Cruz » est soit liée au Soleil (hélios), soit à une autre étoile, Sirius. Le fort de Santa Cruz d’Oran, réel, est d’une certaine façon comparable au légendaire Phare d’Alexandrie ; en tout cas, Santa Cruz et Alexandrie sont à priori comparables.
 

A suivre…