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mardi 18 avril 2017

Les Missionnaires

Les Traitres Mots des Peuples élus.

La journée nationale du savoir, le 16 avril de chaque année, est célébrée en l’honneur de Abdelhamid Ben Badis, le plus connu des Oulémas algériens de l’époque coloniale. On ne va pas s’attarder sur l’aspect moral de ce choix, ce mouvement d’hommes du savoir ayant collaboré grandement avec la force coloniale et Ben Badis lui-même était un apologiste de l’Algérie française et, par voie de conséquence, un farouche opposant des mouvements indépendantistes, d’essence populaire par définition, qui, comme on le sait, ont conduit le pays à l’indépendance au prix de sacrifices énormes. On va s’intéresser à un aspect tout particulier de cet homme du savoir surtout que ces idées, notamment celle de l’arabisation à tour de bras, ont triomphé au lendemain de l’indépendance arrachée par d’autres, ses opposants, qui ont fini par être stigmatisés, tandis que ces oulémas collaborationnistes, fervents défenseurs de l’Algérie française sont les grands gagnants de l’Algérie indépendante. Ironie de l’histoire, le sacrifice des nationalistes a profité aux cosmopolites...

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Et je parle de nationalistes indépendantistes en général, de tous les résistants qui ont fait preuve d’abnégation de 1830 à 1962, y compris tous les irgazen (r’djal – des hommes, des vrais !) qui sont tombés au champ d’honneur durant la prise de Constantine par l’armée coloniale en 1837. Pourtant, ni l’histoire officielle (écrite par les vainqueurs pour les vaincus), ni la mémoire populaire – à ma connaissance en tout cas – n’ont retenu ne serait-ce qu’un seul nom d’un légendaire résistant du siège de Constantine pour symboliser ce foyer de résistance (comme c’est le cas pour Fadhma N’Soumer après la chute de la Kabylie en 1857), le trait d’union horizontal qui exclue le mépris entre différentes composantes de citoyens de même condition d’un pays. Les lendemains des défaites sont amers, on le sait. Les surlendemains aussi, comme on s’en rend compte. Au final, Constantine est étroitement associée non pas à ces résistants mais aux Oulémas, Ben Badis à leur tête. N’a de mérite que l’élite, le peuple n’a droit qu’au mépris – telle est la réalité de la loi du plus fort. Pourquoi, pardieu !, Ben Badis était-il un fervent défenseur et de la colonisation (française) et de l’arabisation, alors qu’ethniquement il revendiquait ses origines berbères remontant aux Zirides, fondateurs d’Alger ? La réponse vous surprendra…

Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse naïve pour l’instant, et il faudra l’étayer avec rigueur, mais il est quasiment acquis que c’est une hypothèse recevable surtout que l’on dispose déjà d’un élément rigoureux : le N égyptien ancien a été par la suite repris et altéré en M en sémitiques (ex. arabe).
3ilm « savoir » en masri-arabe (pour moi, il ne peut y avoir de langue arabe sans le masri « égyptien »). Ce terme a donné Oulémas « théologiens », et « hommes du savoir » par extension. Avant cette forme arabisée, ce terme a existé, toujours en Egypte des Lagides, mais dans une autre langue (en grec). Souvenez-vous, Aristote et Alexandre Le Grand (figure syncrétique 100%) et le début d’un certain processus d’alphabétisation du monde )) Voici la version grecque des Oulémas en arabe :
Hellénisation
Le 3ilm « savoir, science » en masri-arabe est une variant ultérieur du grec Héllène ; le grec lui-même, qui a pris l’alphabet phénicien, aurait sans doute piqué ce terme de « savoir » en Egypte ancienne, il nous reste juste à identifier lequel. Notons que ce terme de « savoir » est dans le nom du pays, la Grèce, en grec : Hellas. Là non plus, ce n’est pas une invention grecque. Le 16 avril, l’Algérie célèbre la journée du savoir, mais aussi l’Hellénisation, et pleure pauvre peuple !, de l’élitisme.

Oui, l’arabisation de l’Afrique du Nord a commencé avec la nouvelle religion et donc l’islamisation, mais c’est un processus qui n’a fait que calquer ce qui l’a précédé : l’hellénisation, puis la romanisation. Les outils, les langues écrites ont changé au gré des époques : l’arabe a été précédé par le latin, le latin par le grec, le grec par le punique/phénicien ?, le punique par l’ancien égyptien ?
Ma conviction est faite à ce sujet depuis longtemps : LA vraie référence, c’est l’Egypte. Que ce soit les Oulémas ou les Imravdhen (classe sacerdotale en Kabylie), les racines nous viennent de l’Egypte, ancienne d’abord (Nordafe punique ?), puis grecque lagide ou gréco-romaine (époque de Juba II), puis arabo-musulmane (à partir du 7ème siècle).


Voici ce que je suppose :
A l’origine, il y avait l’Egypte. Il faut parler d’Egyptianisation, si j’ose dire, avant de parler de tout ce qui a suivi : Hellénisation, Romanisation (puis christianisation), Arabisation (et islamisation) de la Méditerranée. Le nom, ou plutôt les différents noms de l’Egypte (le pays) contiendraient la réponse à notre question sur l’origine. Passons en revue les différents noms de l’Egypte :
Kemet « terre noire » en ancien égyptien ; Aegyptos en grec pour le K de Ptah qui a donné Egypte ; Misr, Masr en arabe, Misraïm en hébreu. En kab, on utilise aussi Masr, amasri « égyptien ». Les religions monothéistes et la mythologie grecque ancienne se sont toutes inspirées de celle de l’Egypte ancienne, je n’ai aucun doute là-dessus ! Leurs langues respectives (grec, hébreu, latin, arabe) contiennent des traîtres mots qui témoignent qu’il s’agit de traduction pour ne pas dire un plagiat. Voici un exemple pertinent, une notion très contestable d’ailleurs, que ces « camarades » religieux ont piqué aux anciens Egyptiens :
Le peuple élu.
Une notion prise au pied de la lettre par certains de ces « camarades » qui vouent une haine sans borne à l’Egypte ancienne qu’ils ont siphonnée sans modération. Les Grecs anciens aussi, ou les Hellènes, se considéraient supérieurs aux autres, aux « barbares ». Pour Rome, ce fut la caste des patriciens, grands seigneurs. Ensuite le clergé, ses cardinaux et ses nobles. Ainsi de suite jusqu’aux bonzes des partis politiques au pouvoir ici et là, sans oublier les milliardaires du 21ème siècle. Un modèle qui se reproduit depuis l’Egypte ancienne.


Imravdhen (caste sacerdotale en Kabylie), voir même les marabouts du Sahara ou les Almoravides du couchant (Maroc), ont qla chose d’égyptien : amravedh kabyle est comme le Copte égyptien (copte signifie « égyptien » dans la version grecque aegyptos) sauf que les religions diffèrent ; la Rabita « lien » qui a donné ces termes Almoravide, marabout, amravedh pourrait être Gapita ou KaPita (K de Ptah, Aegyptos en grec ancien, Egypte). Mieux encore, ineslem, inselmen (musulman(s)) en kabyle ou en tamacheq – chez les Kel Tamacheq ce sont non pas « imravdhen » mais les « inselmen » qui forment la classe sacerdotale touarègue – pourrait être un terme en lien avec « Egypte » et « Savoir, science, théologie ». Masr, Misr pour l’Egypte en sémitiques ou bien amusnaw « chercheur, homme de science » en kabyle pourrait être liés et nous renvoyer à une autre face égyptien :
Masri (Egyptien) = Missionnaire
Ce qui adhère parfaitement à ce qui a été dit plus haut. Ici, on croit deviner également la notion de Messie, très répandue dans les textes des religions monothéistes.

Le 16 avril de chaque année, l’Algérie fête la journée du savoir. Mais de quel savoir ? C’est une vision élitiste du savoir que celle des Oulémas, la même que celle de l’Hellénisation, Romanisation, Egyptianisation. C’est le savoir des missionnaires pour un peuple démissionnaire qui s’identifie à la caste de « peuple élu » (élite politique, clergé), des sujets qui accordent le monopole du savoir à leurs maîtres. Une vision caduque et suicidaire par les temps qui courent, faut-il le souligner, car cette caste encourage l’obscurantisme pour perpétuer leur domination sur les masses et ainsi garantir la survie de leur caste. La savoir sans la liberté, c’est un trompe-l’œil pour le ghachi (la foule) de crédules, un outil pour les soumettre. Les protestants l’ont bien compris en leur temps en s’affranchissant du « joug romain », et leurs nations (Allemagne, UK, USA, Scandinavie) aujourd’hui dominent le monde de la science. Et chez nous, le monde bouge ou est-ce la mort programmée ? 


Tant qu’il y a le 20 avril, tant que le fils du pauvre battra le pavé sur le chemin de la liberté et des Lumières, l’espoir reste permis que les générations futures vont vivre dans un monde meilleur que le nôtre, pourri par les obscurantistes et les ignorants qui se disent « peuple élu » - leur profession de foi :) – et mènent ce monde vers l’impasse. 
Messie ou pas, élu ou pas, c’est le fils du pauvre le vrai missionnaire qui fait avancer le schmilblick. La preuve ? C’est toujours le fils du pauvre qui trinque le premier sur le champ de bataille ou qui tombe sous une balle assassine des tueurs dont le commanditaire est toujours le même : l’ennemi du peuple, tandis que cette dite élite se pavane dans les salons de l’oppresseur, donc de l’ennemi du peuple et du Créateur. 

Le 20 avril devra changer de forme dans les années à venir, lorsque le peuple vivant prendra conscience de la dimension spirituelle du sacrifice de ses « fils du pauvre » ; et bientôt la rengaine partisane et les drapeaux laisseront la place aux portraits aux « fils du pauvre » et enfants de la nation. Le 16 avril aura le visage de Ben Badis à Alger (en Algérie), le 20 avril aura le visage de feu Dda Lmuludh Feraoun en Kabylie au moins, ou peut-être même le 20 avril deviendra un jour de commémoration des héros du peuple, lorsque la jeune génération marchera avec les portraits des chantres de la culture du peuple : Mouloud Feraoun, Mouloud Maameri, Taos Amrouche… Kateb Yacine, Tahar Djaout, etc ; et avec les portraits des résistants et des « enfants du peuple », les vrais pères de la nation et les véritables missionnaires qui ne sont que le portrait du peuple en marche : Imache Amar…Amirouche… Si L’Haoues, et beaucoup d’autres. Ce jour là, le peuple fera preuve de grandeur d’âme et Dieu reconnaîtra les siens.

A prochainement !