Translate

mardi 11 octobre 2016

Nature Maure

Alger sans balance

La légende des Maures nordafs commence petit à petit à dévoiler ses secrets, et on est loin des histoires officielles. Heureusement d’ailleurs, sinon on ne comprendrait plus rien à l’histoire. Vous avez pris connaissance du billet précédent, où l’on a expliqué la relation en le kabyle ifer « aile ; feuille » et hepar « foie » en grec. Ce qui va suivre va sans doute vous surprendre et vous éclairer :)
http://hostmypics.com/images/2015/09/07/f2dbc65d7f04933babfbdcf33adca316.jpg
Très souvent, on reproche aux Kabyles d’être constamment opposés au pouvoir central d’Alger, de l’Etat. A peine s’il se trouve qlq’un parmi nos détracteurs qui se serait posé la question, et trouvé la réponse, du pourquoi d’une telle attitude collective. M’est avis que c’est une répartition de rôles très ancienne dans ces contrées, lorsque le peuple kabyle qui vit en république, ou la Kabylie constitue un contre-pouvoir, un garde-fou contre l’arbitraire de l’Etat et du pouvoir des rois, régents, janissaires d’Alger. C’est une très ancienne balance, rompre cet équilibre en voulant à tout prix réduire au silence la Kabylie est une politique suicidaire qui mènerait à des conséquences désastreuses. Dans ce pays kabyle, en république kabyle, les rois et princes n’ont de place que dans l’imaginaire : les contes et fables kabyles. Et c’est justement cette tradition orale kabyle qui nous permettra de comprendre un pan de l’histoire de la Nordafe…

PAPYRUS
Revenons à notre ifer. A vrai dire, j’ai compris depuis longtemps qu’il devrait contenir la notion d’air (ifer = aile) et de couleur (ifer = feuille végétale). Le rapprochement avec le grec, d’abord avec hepar « foie », nous a donné la notion de « parents » par exemple. Là nous allons voir d’autre facettes de ce terme kab’.
ifer « aile, feuille » en kabyle ~ hepar « foie » en grec
Transcription de ifer en caractères grecs : Ήπαρ
Sa transcription en latin : Hepar
Sa lecture possible : 1) Nepar - Netar, ou bien Nefar, Nefer au lieu de ifer en kabyle moderne. D’où les suppositions suivantes :
1) ifer « aile (d’oiseau), feuille (végétale) » en kabyle ~ Nature ;
2) ifer en kab serait très probablement comparable à l’ancien égyptien nefer « beauté ». Je ne sais pas si le terme afertetu « (le) papillon » (littér. aile+œil) en kabyle et berbère est une version du nom de Nefertiti, ce qui ferait d’elle une madame Butterfly :), l’intérêt d’ailleurs n’est pas là, mais dont ce que pourrait contenir le mot en question :
ifer « aile, feuille » : Couleur (rouge, or/jaune ?), Nature, Beauté, Noble, Nouveau ? (Renouveau ? Renaissance ?).
NB : Etrangement, ifer en kab peut s’aligner sur le spher/asfar « jaune » sémitique tout comme awragh « jaune, or » sur warqa « feuille » en masri-arabe.
ifer serait notre version du papyrus, support d’écriture mais aussi de le renaissance du Nil et de la Basse-Egypte (celle du Nord), voire même du lotus, symbole de la Haute-Egypte, quoique c’est bien la Basse-Egypte celle qui nous intéresse pour des raisons faciles à comprendre.

Cette image allie justement la feuille (ici de lotus, ça pourrait être le papyrus) et l’oiseau, donc l’aile (ifer « aile, feuille » en kab), ou la plume, le premier calame sans doute : on a le support d’écriture (papyrus, lotus), l’outil d’écriture (plume), l’encre (limon du Nil en crue) et notre marais de lettres d’amour, peut-être, est prêt :)
http://www.fromcairo.com/images/Tut_papyrus_honeymoon.jpg
MAURE
Nous voici de retour à Alger pour le lot de surprises.
ifer « aile, feuille » au sens de nature est dans :
Janissaire (yeni tchéri en turc) ~ Nature voire beauté, noblesse, nouveau. La version turque avec le « tch » serait récente, ce serait le F (ex.ifer en kab, V en latin et grec) à l’origine qui fait de ce Janissaire (yéni tchéri) un… Universel ! Le terme catholique est lui aussi venu de katholikos « universel, général » en grec. Le Janissaire est soit Universel, soit Général.
Je vais vous surprendre, mais 1) je suis à peu près sûr qu’il y a une relation entre le terme Janissaire (et Universel aussi) et le nom du mythe fondateur kabyle et berbère : Anzar, 2) le chrobadji des janissaires, dans la fabuleuse image du janissaire, déjà traitée sur ce blog, serait très probablement un officier et guide, mais Charpentier (nedjar en masri-arabe) au sens religieux (y a un mythique fils naturel de charpentier très connu dans une autre religion !). Et ce terme ifer « aile, feuille » vous l’avez en double mais avec un Z : vos narines (thinzarin), votre nez (anzaren), aghendjur (nez aquilin) en kabyle. NB : Ce chef de janissaires ottomans va à mon sens donner ailleurs, dans les steppes des pays slaves, le titre de Atamane chef des cosaques.

Mais la plus grosse n’est pas celle-ci, mais celle qui concerne le « Turc » d’Alger. Je disais que les rois et princes n’existent que dans les fables pour les Kabyles. Quand les « marocains » ou Marocains désignent leur roi « prince/commandant des croyants » réellement, les Kabyles le font dans l’imaginaire pour les oiseaux : ag’lidh ledhuyr, le « prince/roi/monarque des oiseaux ». Et ce ag’lidh ledhyur devrait être aussi traduit comme le « roi des Maures » (par exemple, Marocains ou Maures arabisés vivant dans l’ouest de la Nordafe) et… le « prince/commandant/régent des Turcs ». En gros, c’est ça la conclusion :
Turc au sens où on l’entendait à Alger (médiévale) = Maure dans les sources latines (Maurétanie césarienne).
Donc il y a deux types de Maures : les Marocains (royaume du Maroc), version plus récente, qui n’ont jamais fait partie du protectorat turc ottoman, et les « Turcs » d’Alger du 15-19 siècles et les Maures de l’antiquité (époque lagide, Juba II, etc.). C’est peut-être simplement une appellation (titre ou grade : régent, colonel, général ; courant religieux ou politique : universel, colon, etc.) qui renvoie à tout sauf à une origine ethnique et/ou géographique. Il ne me reste plus qu’à identifier l’oiseau (des fables kabyles) représentant le Maure-Turc du royaume ou de la régence d’Alger : l’vaz (faucon ou sphinx) ou ig’idher « aigle » ? On sait qu’ailleurs le Turc, le vrai, celui de Turquie, est associée à la dinde (turkey en anglois)…


Et pour vous enfoncer encore plus dans le doute – je m’en excuse, les amis – la célèbre exclamation des maures arabisés de l’ouest (Oranie) « wesh bihoum zwawa ma3a nssara » (Que se passe-t-il entre les azwaw (sous-entendu les Kabyles même si azwaw est un soldat kabyle, repris ensuite par les Français comme zouave) et les chrétiens (sous-entendu les Français) » durant la guerre d’Algérie, daterait peut être d’une autre époque, médiévale ou antérieure même, où le azwaw (soldat kabyle) est le même mais les nssara seraient non pas des chrétiens (français) mais les janissaires « turcs » de la Régence d’Alger, voire même du Royaume de Maurétanie Césarienne (Algérois). Un conflit entre les soldats (du peuple) et les officiers (de la Régence, du Royaume) ? Maybe, je ne sais pas, je le saurai peut-être en étudiant la légende du zouave d’origine : qui est vraiment Azwaw avec son étendard… jaune/or justement (azwaw su mendil awragh) ? 


En tout cas, c’est l’éternel conflit Alger vs la Kabylie, pouvoir vs contre-pouvoir (du peuple), le pesant d’or algérois vs le pesant d’argent (métal) kabyle. Un équilibre qui s’est installé depuis l’antiquité et qui a été rompu, d’abord, par la colonisation française, et ensuite par les « nouveaux algérois » ou les autorités algériennes pro-arabes et pro-islamistes qui ne comprennent strictement rien à cette « balance », qu’ils ont d’ailleurs brisée en 2001 en agressant la Kabylie de manière sauvage, sans imaginer les conséquences de cet acte hostile et débile qui a mis brutalement fin à une cohabitation naturelle et à un équilibre des forces établi depuis l’antiquité. Alger a cessé d'être blanche, Alger a perdu sa balance. A peine si ces « maures d’Alger » new wave se rendent compte des conséquences de leur politique désastreuse à l’égard de la Kabylie et à peine sentent-ils aujourd’hui que le sol kabyle commence à se dérober sous leurs pieds depuis leurs palais d’Alger, cité dévouée désormais à la « foi punique ». Plus aucune fable kabyle ne fera écho de ce qui se passe dans le royaume d'Alger sous le règne des maures new wave. Alger est désormais une nature morte de maure naturel, pourri et blanchi et n'a plus sa place dans les légendes des enfants légitimes.

A prochainement !