Translate

mercredi 12 octobre 2016

La Sentinelle



La légende du Zouave d'origine 
ou Les cent pas d'Alger

1830. La Régence d’Alger puis la Kabylie et l’Algérie tombèrent aux mains des conquérants français. On ne sait pour quelles raisons vraiment, un nom de soudard à consonance kabyle à priori, azwaw – jadis soldat kabyle au service de la Régence d’Alger et de ses janissaires, donna naissance au zouave, soldat français au look et au nom kabyle, ce qui prête à confusion, donc piqure de rappel : le zouave du pont Alma est un soldat français et n’a strictement rien à voir avec les Kabyles. Maintenant passons aux choses sérieuses, et essayons de comprendre le sens et l’origine du terme azwaw ayant donné par la suite zouave en français.

On dispose de très peu d’informations sur le soldat azwaw d’avant 1830, et à peine si la mémoire populaire kabyle donne plus d’informations sur ce sujet à part, peut-être, celle de azwaw su mendil awragh (soldat kabyle avec son étendard jaune/or) chantée par Dda Yidhir. Du point de vue étymologique, il existe des propositions qui voudraient qu'il y ait un lien entre azwaw et zawiya « angle, école religieuse » en masri-arabe, et certains vont même jusqu’à faire le lien avec les mythiques igawawen en donnant une origine géographique précise en Kabylie, ce qui serait faux, à mon avis. Donc, l’étymologie du terme azwaw et la légende de ce soldat kabyle restent très floues. On va essayer d’y remédier justement, et pour ce faire, on va ratisser large, sans exclure aucune piste pour le moment.

Il y a la piste kabyle de l’origine de ce nom azwaw, et elle trouvera très certainement son explication à Vgayeth-Bougie (Saldae durant l’antiquité), la capitale kabyle étroitement liée à la bougie (cire), à son évêché antique et aux suites de Fibonacci, pour cause de lien avec la cire d’abeille et pas seulement. On a abordé ce sujet à plusieurs reprises sur ce blog comme sur l’ancien (Le chant du zouave, La mère du zouave ; La suite du zouave, Saint-Cire de Kabylie). Bref, le soldat azwaw est un « soldat de cire » dont la fonction réelle reste à déterminer (soldat éclaireur, soldat de la foi ?). Notons que le mousquet, par exemple, désigné a-veshkidh en kabyle, issu de l’italien, fait référence à la « mouche » (izi en kab, iZi avec emphase donne la vésicule biliaire en kab), pour le dard (d’abeille aussi).

Il y a la piste algérienne ou « arabe-algérienne », qui veut qui suggère qu'il y aurait un lien entre azwaw et la zawiya « angle, école religieuse ». Ce qui laisserait supposer un moine-soldat version kabyle, équivalent des almoravides (mourabitounes) des Maures de l’ouest. Je suppose que l’on ne peut exclure non plus une autre interférence avec le masri-arabe, à savoir GZW de ghazw « expédition, conquête » en rapport avec le soldat azwaw. Et si tel était le cas, on pourrait légitiment supposer que le terme azwaw aurait existé sous une autre forme bien avant l’époque médiévale et pas seulement chez les Kabyles, mais chez les autochtones nordafs à différentes époques de l’histoire. Ma supposition est la suivante : ce soldat azwaw serait étroitement lié à la conquête - un pionnier donc (scout aussi) -, son opposé serait le soldat de la libération, amejahed (moudjahid en arabe). En d’autres termes, azwaw serait un soldat conquérant ou un conquistador chez les Espagnols.
Azwaw époque médiévale (régence « turque ») repris comme Zouave par les conquérants français (ceci explique cela !) = Zénète époque de la supposée « conquête musulmane » de l’Andalousie par le berbère Tarek ben Ziyad.
Autant dire que le zénète n’a pas d’origine ethnique ou géographique précise, tout comme azwaw. Mais ce n’est pas tout, car avant les « turcs », les musulmans, il y avait en Nordafe d’autres époques : romaine, byzantine, etc. D’où la supposition suivante qui nécessite un peu de recul et beaucoup d’arguments pour être validée :
Azwaw de l’époque « turque » médiévale et de le conquête française = Zénète de l’époque de la « conquête musulmane » = Byzantin (soldat byzantin) de l’époque précédant la « conquête musulmane » : l’élément clé dans ce cas byzantin serait l’arme (fatale) byzantine en l’occurrence le feu grégeois. Il doit avoir la flamme le soldat azwaw !
En remontant plus loin dans le temps, avant l’invention des armes à feu (fusils, canons), ce soldat azwaw aurait été probablement dans l’infanterie légère, un archer avec sa flèche, son pique pour attaquer, donner l’assaut à l’ennemi. A son opposé, celui qui défend (le libérateur, amejahed, évoqué plus haut, qui serait en lien avec sagita « flèche » en latin ?) tiendrait un bouclier comme celui qui attaque aussi, mais surtout un « long pic » ou une flèche plus lourde, une lance quoi !, pour tenir en respect l’ennemi. C’est, je crois, le principe des phalanges macédoniennes d’Alexandre le Grand. Remarquons la différence entre la flèche d’attaque qui se fait à distance par le tir de l’archer et la lance de celui qui défend touchant à bout portant l’ennemi, avec en contact direct avec celui-ci…

Vous savez bien que je suis à peu près convaincu qu’Alexandre le Grand serait une figure syncrétique et non pas historique. Et ce champ de bataille d’archers et de lanciers va naturellement se retrouver sur… l’échiquier ! La flèche de l’archer est une figurine légère d’attaque à longue portée (qui saute plusieurs cases), la lance est une figurine lourde de défense en contact direct (face à face) avec celle de l’adversaire. Maintenant cherchez azwaw, le zouave, le zénète, le conquistador, et on reparlera une autre fois.

SIWA
Le plus surprenant, cette fois, c’est que désormais je trouve qu’il y a un lien avec Siwa, la légendaire oasis berbère en Egypte abritant le temple du dieu égyptien ancien Amon. Le dard d’abeille, le mousquet ou la flèche du soldat azwaw va tout simplement prendre une forme paisible : une aiguille. Le soldat azwaw va devenir tout simplement un aiguilleur (pour ne pas dire un aiguille-homme, Guillaume le conquérant :) ), le gardien du temps (et du temple ou des portes du temps/temple !). Il est facile de comprendre que de l’autre côté de la Méditerranée, en Europe, il y a bien une version réelle de notre azwaw, supposé soldat et aiguilleur du temps : la garde suisse ! Horloger et garde pontificale. Donc il est possible que azwaw faisait office de « garde suisse » dans le corps des janissaires d’Alger, et notons que le soldat berbère (du couchant) est aussi toujours affecté à ce rôle de sentinelle en Andalousie musulmane.

Siwa est une poche de résistance berbère dans le dit « monde arabe », Sadate l’a même bombardée, et leur propagande dit que les Siwis seraient des Berbères Chaouis nord-africains égarés dans cette oasis après le pèlerinage ! Leur ruse n’a pas de limite (yakhi les khorotos, yakhi !), tout comme leur crasse ignorance d’ailleurs. Voyons ce qu’est Siwa vraiment.
Siwa, oasis de palmiers-dattiers, avec de l’eau en abondance et le temps d’Amon. On saisit vite que « oasis », lieu isolé, pourrait s’apparenter à une colonie. On comprend que le palmier-dattier de l’oasis serait une horloge, un calendrier (en Kabylie c’est l’olivier qui fera office de mémoire). On comprend aussi que Siwa pourrait avoir un lien avec azwaw en kab, avec zawiya « angle, école religieuse » en masri-arabe et avec… la corne (ishew, ashew en kabyle, sans doute chaoui y trouverait son explication tout comme siwi), corner (angle) en ang., coronel (colonel) en esp., qarn (siècle) en ar. : on la clé de 100 (en arabe Ma1 désigne « eau » et Mi1a « cent », le kab les désignes par Aman « les eaux »), du commandant de 100 ou simplement un Ceinturion (armée romaine), un Colonel ou chef de file d’une colonne, d’une colonie. Avoir des cornes (ashiwen) ne signifie pas forcément être cocu pour un homme :), mais avoir des cheveux blancs/gris : ashivan « grison » en kab ou chibani au sens figuré de « doyen » en argot arabe nordaf vont dans le sens de ce Colonel, ceinturion, chef ou commandant d'une colonnne ou colonie. Un soldat sentinelle et gardien du temps et de l’espace (en Kabylie la croyante est très forte en matière de « gardiens des sources » (d’eau, du temps ?) et de lieux – des Cardinaux en somme) doit forcément avoir les cheveux blancs, on parlera de lui plus loin. Je me dis que sentinelle est peut-être 100inelle :), au sens de celui qui fait les 100 pas :) Why not, après tout !

Au final, on a donc deux versions possibles de l’origine du terme azwaw qui aura ensuite donné zouave en français : 1) soldat de la conquête, pionnier, conquérant et donc colonel aussi ; 2) sentinelle du temps, gardien du temple (de la foi, du palais ?). La deuxième me paraît plus recevable. Ce soldat azwaw aurait tenu quelle fonction dans Alger d’aujourd’hui ? Exact, la Garde Républicaine ! C’est aussi la Garde du Palais plus largement, toujours affectée aux Berbères (Kabyles à Alger, Berbères marocains en Andalousie). Avec son étendard jaune/or, bien sûr ! Le « soldat de cire » (de plomb, si vous préférez), évoqué plus haut, y trouve son explication : une sentinelle figée, au garde-à-vous, qui veille sur la porte, sur le temps (l’heure), sur le temple (mausolée), sur la République ! Alors pourquoi un soldat kabyle pour veiller sur la République ? La réponse se trouverait dans son socle identitaire qui le distingue de son entourage : l’olivier (l'huile d'olive est dite l'huile kabyle à Alger), qui, j’en suis sûr, aurait une relation avec le temps et … la notion de république.
http://s1.lemde.fr/image/2012/12/21/952x0/1809416_6_3ccc_ill-1809416-cd24-hollande-algerie-10_4a2f914ab11c628cab1b8b9a3bbdf205.jpg

Azwaw serait celui qui veille aussi sur la paix, sur le sommeil du soldat, sur la tombe du soldat inconnu, sur la  flamme éternelle, sur la mémoire de tout un pays. Sauf qu’à Alger de nos jours, au lieu de mettre en valeur son histoire authentique, tout est fait pour dénigrer les Kabyles, y compris en associant, à tort, le soldat kabyle azwaw à son ennemi : le zouave français, soldat d’occupation. Une propagande nauséabonde de khamassine béni-oui-oui et collabos de l’occupant français d’hier, des pourris aujourd’hui blanchis. 
C’est-à-dire que cette clique babouches-qamis se livre à un massacre identitaire pour effacer la mémoire d’un pays qui ne lui appartient pas pour y installer une fausse-mémoire (étrangère en plus !) et remodeler ce pays à sa guise, ou plutôt à la guise de ses maîtres obscurantistes, ses répugnants commanditaires étrangers. 

Sauf que le temps leur est compté par le soldat kabyle, azwaw, qui attend son jour de triomphe, car Alger marche à l’heure kabyle et aux cent pas de la sentinelle kabyle. C’est son Greenwich naturel, lui imposer un fuseau horaire étranger n’a jamais réussi à personne, même pas à la puissante et aveuglée aveuglante « nation des Lumières », alors que dire de celle des ténèbres ! A bon entendeur !

Azwaw chanté par Dda Yidhir, plus la version complice « mauresco-celte » de Mami, un cas exceptionnel de bonne entente dans ce pays, hélas !