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mardi 24 mai 2016

Camella

L'énigme de Djamila
 

Retombées surprenantes du billet précédent.

Cette comparaison Grand/long vs Petit qui nous a conduits à conclure que Moh Twill ou Mouh Talla serait un Quasimodo italien de la Renaissance, Michelangelo (Michel-Ange) en l’occurrence, et par la suite à comparer Michelangelo vs Raphael et laideur vs beauté, offre d’autres explications que voici. Cette opposition Grand/Laid vs Jeune/Beau se retrouve jusque dans cieux :

Une petite anecdote. Vous connaissez sans doute l’adversité entre le Polonais et le Russe ? Eh bien, elle se retrouve même dans le lexique qui nous intéresse : Uroda est « beauté » en polonais, tandis que tout ce qui est Urod, urodina est « laid, laide, moche » en russe ! 

Maintenant une bonne trouvaille. Vous voyez sur l’illustration la Grande Ourse et à ses côtés la Petite Ourse qui indique le pôle Nord. Un petit coup de main des frères Kel Tamacheq (dits « Touaregs ») et on tient notre trouvaille : ces deux ourses pour les anciens Grecs sont deux dromadaires, la mère chamelle (grande ourse) et son chamelon (petite ourse) pour les « Touaregs », le chameau étant en tamacheq alem (alghem en kabyle). Etrangement, ces indices expliquent pourquoi en masri-arabe la même racine désigne le Chameau/la chamelle et la beauté : GML de gamel/djamel « chameau » et gamil/djamil, djamila « beau, belle ».Beauté serait sans doute associée à la jeune (petite) ourse/chamelle.
Peut-être qu’il s’agit de la lettre Gimel ou gamma (G, C en latin), où la grande lettre, laide en plus, serait un C ou G majuscule, alors que la petite lettre, belle, serait un « c, g » minuscule. Les belles lettres seraient alors des « lettres de lait », sur l’étoile polaire, la petite ourse ou le chamelon, comparables aux dents de lait. Et qui sait, la comparaison des étoiles avec les ratiches serait qlq part raisonnable. Par ailleurs, Camel, chameau et Djamila vont s’aligner sur Milk en anglois, moloko en russe (lait). NB : Jadis en Kabylie, les enfants jetaient les dents de lait tombées sur le toit de leur maison en émettant un vœu (on fait la même chose lorsqu'on voit une étoile filante).
C’est une relation toute logique qui se dessine :
Camella (chamelle) ~ émail (Smalt)
C’est l’émail des dents pour la « blancheur », couleur associée à la beauté en kabyle (shvah – ashevhan). C’est peut-être l’œuf, qui en kabyle est associé au blanc/clair (a-mellal), comme d’ailleurs en masri-arabe pour baydh-abyadh (c’est un calque).
Cet indice « de lait » de beauté/jeunesse lié à l’étoile polaire intrigue… 


Pourquoi pas le lien avec la « Voie Lactée » ? Mystère. Et que signifient vraiment L’Aïd majeur et l’Aïd mineur ? Pas de réponses pour le moment même si la réponse est clairement à chercher dans la mécanique céleste. Ainsi, le « grand/laid » Atlas va être le Verseau qui sera associé à la Grande Ourse ou au grand chariot, et la « jeune/belle » (Djamila) associée à la Petite Ourse serait un autre symbole du zodiaque : Libra, la balance. C’est peut-être le bon outil pour trouver la bonne réponse à notre « énigme de la chamelle », qui sait, c’est peut-être l’histoire de la Belle et de la Bête :) Ou bien Gamila-Djemila, Camilla serait une Blancheneige des temps anciens ?
 

Il est fort possible que ce lien de parenté ou cette proximité de deux notions opposées (grande laide vs jeune belle) dans ce couple céleste Grande Ourse vs Petite Ourse soit reflété dans ma mythologie kabyle à travers le conte de la sublime Lounja fille de la laide ogresse Tsériel (c’est un peu le cyclope-femme kabyle) ou Thamza : pour repérer la Petite Ourse dans le ciel nocturne on passe toujours par la Grande Ourse, n’est-ce pas ? Il en va ainsi dans le conte kabyle correspondant, et dans la vie aussi : pour obtenir la main de la Belle, il faut passer par la Belle-Mère (ah les Français ! ils ont vraiment trouvé le bon terme, bravo !) ; pour avoir Lounja, il faut passer par sa maman ogresse Tseriel (Tamza), la dévoreuse d’hommes ! Et qui sait, c'est peut-être aussi un indice de lettres alphabétiques, Thamza utilisé moins souvent que Tsériel, Teriel pour désigner l'ogresse est quand même proche de la hamza en masri-arabe pour le coup de glotte ou "1,a" (chercher ses racines en ancien égyptien donc) qui a une forme de casserole qlq part, et ainsi, Lounja fille de Tamza serait peut-être la gamma descendante de la hamza ou autre lettre à identifier (U en latin, ou accent en fr.: circonflexe, cédille, etc...). A vérifier.
Autre casse-tête, la désignation berbère du chameau, LM ou LGH, alem en tamacheq ou alghem en kabyle. Enfin bref, Djamila fait tout pour nous retenir et nous faire revenir, et son nom, Djemila, est aussi un toponyme (Cuicul ?), d’où l’importance qu’on lui accorde.


P.S. : Pour les Kel Tamacheq, l'étoile polaire qui guide le voyageur, le pôle est associé à un « puits ». Génial comme rapprochement ! Le pôle-puits est pour l’observateur un repère, un point conventionnellement fixe par rapport à quoi le monde est mesuré par le cerveau humain. D’une certaine façon, c’est une « relativité imaginaire » qui fait que le pôle-puits déforme l’espace-temps (dans notre imaginaire seulement), ce qui fait que toutes les étoiles gravitent autour de ce puits-pôle (c’est notre impression). C’est, bien entendu, une illusion volontaire du cerveau qui s’auto-hypnotise ainsi à des fins très pratiques : ne pas se perdre dans l’espace et ne pas s’égarer dans son perpétuel voyage.