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vendredi 30 décembre 2016

Le Patriarche

Le Grand Prêtre ou Si la Kabylie pieuse m’était contée…

Eh bien comme elle m’a été contée – et c’est une chance ! –, il m’incombe de la comprendre, à me la traduire même puisque pour replacer la Kabylie dans le « cartésien » français, par exemple, il est essentiel de comprendre ce que l’on a à la base : les « coordonnées » kabyles. C’est une condition sine quoi none pour mettre fin à la Kabylie mal interprétée, mal comprise ou carrément incomprise par ses propres enfants, que dire alors des étrangers, surtout les malintentionnés du voisinage immédiat. Petit voyage avec le patriarche et monument de la chanson kabyle « old school », feu Ccix L’Hasnaoui, le plus grand maître dans son domaine, et d’ailleurs un fin connaisseur de cette Kabylie pieuse d’antan, avec ses Saints et autres protecteurs.


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Le terme Ccix (chikh) en kabyle (et en algérois aussi) n’a rien d’un emprunt à l’arabe Cheikh (chef de tribu) comme l’affirment les (bruyants) détracteurs de la Kabylie, et ce terme Ccix (Chikkh) signifie en kabyle maître d’art (maestro), maître d’école ou enseignant, dont l’équivalent arabe est ma3alam (patron, maître d’art), mu3alim (enseignant), pas de Cheikh donc :)) Egalement, ce Ccix (chikh) kabyle est attribué au Ccix l’djama (maître du temple), il est parfois utilisé avec beaucoup d’ironie pour Ccix L’Kanun (maître de l’âtre/foyer ou esprit du feu ?) un maître imaginaire (philosophe ?), inexistant, si j’ai bonne mémoire. On fait plus simple : Platon serait aussi un Ccix kabylement parlant. Aristote, le mentor d’Alexandre le Grand, aussi ! Et un Ccix l’kanun s’il n’a pas réellement existé ))) En kabyle familier d’il n’y a pas longtemps, y avait aussi l’expression « anaam achikh » (oui, mon vieux !; mais si ; si si ; bien sûr que oui) pour confirmer, appuyer ses dires, feu Mohia en faisait usage dans ses œuvres assez souvent. Ce terme Ccix (chikh) en kabyle aurait peut-être un lien avec le terme ascète, mais une chose est désormais sûre, sa vraie traduction est la suivante :
Ccix (chikh) « maître » en kabyle = Archer
Chikh Amokrane serait Archer Grand ou Grand-Archer, un archer en chef. Ou bien un Archi-Père, car amuqran (le grand, l’aîné, senior, le chef) est clairement paternel, Pater, voire patricien. En fait, le R aurait sauté en kabyle, comme en masri-arabe d’ailleurs. Achivan en kab, chibani (doyen ?, vénérable ?) en argot « arabe » algérienne, serait Archivan, le préposé aux archives ou l’archivé. Maintenant il suffit de réécouter la chanson « Ccix amuqran », déjà « grand archer » pour comprendre une chose assez simple mais combien importante pour comprendre justement la Kabylie pieuse :
Ccix amuqran (Chikh amokrane) en kabyle = Patriarche
Le mausolée du Chikh Amokrane des Ath-Zellal en Kabylie est simplement équivalent au Tombeau des Patriarches. Le premier pas vers la valorisation du patrimoine kabyle est fait, reste plus qu’à le capitaliser en faisant de ce site un haut-lieu de tourisme avec des retombées économiques concrètes pour la région en question et certainement une façon d’éloigner l’élément intégriste religieux (étranger) des mausolées kabyles.

http://www.babzman.com/wp-content/uploads/2016/03/Mokrani.jpg
Un autre Chikh Amokrane, un patriarche kabyle issu de la classe sacerdotale kabyle imravdhen, est connu sous on nom arabo-francisé Cheikh El-Mokrani, le chef de l’insurrection kabyle de 1871 contre l’occupant français et symbole de la répression aveugle et cruelle des fils de… Badinguet contre les Kabs et synonyme de la déportation des Kabs en Nouvelle-Calédonie. El-Mokrani serait peut-être aussi un Patricien de par son nom et son statut. Ce qui nous amène à supposer que ce Ccix amuqran ou Chikh Amokrane, el-Mokrani serait un Patriarche, le Grand-Prêtre pour se référer à la désignation des anciens Egyptiens. Patricien et prêtre seraient, à mon sens, deux termes issus d’une même racine.
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Je ne sais combien de fois, sur ce blog ou sur l’ancien, j’avais partagé avec vous ma ferme conviction de la relation entre les Egyptiens de l’époque de la dynastie macédonienne lagide (Ptolémée), soi-disant descendants d’Alexandre le Grand et la Kabylie + Alger de l’époque dite des Maurétanies (antiquité, règne de Juba II), voire même de l’époque punique. Ces « Egyptiens grecs » et/ou « Macédoniens » sont à chercher dans la classe sacerdotale kabyle : imravdhen, et plus loin encore dans le temps et dans l’espace, dans les Almoravides pour le Maroc et l’Andalousie. Ce simple Ckikh Amokrane - Patriarche me conforte dans ma conviction que la Kabylie pieuse aurait qlq chose de grec, orthodoxe, à sa façon bien sûr, sans faire référence à une quelconque religion d’appartenance, la ressemblance se trouve dans le poids (excessif) du droit canonique et des deux institutions respectives elles-mêmes, les plus riches comme par hasard – imravdhen jadis en Kabylie et l’église orthodoxe chez les Grecs même de nos jours – sur la société.
Et notre histoire va maintenant prendre un accent algérois, c’est donc le moment d’aller à Alger ! Voici une très belle reprise du « Chikh amokrane » par le maître de châabi algérois, Abdelkader Chaou. Y a pas que son accent algérois dedans, il y a mis du cœur aussi pour ce morceau du maître kabyle L’Hasnaoui. Dans le billet précédent, on a déjà évoqué le nom du « Turc » d’Alger, Dey Hussein de la Régence d’Alger. Si c’était un nom d’arabe, il s’aurait écrit dans l’ordre inverse : al dey houssein, pas autrement. De nos jours, Hussein-Dey, c’est un quartier d’Alger. Un nom que tout le monde prononce Lussein-dey, à part les arabisants invétérés, de la même façon qu’en kabyle Hocine est toujours L’hocine, L’Ho pour les intimes. Vous voulez un lien concret entre la Kabyle + Alger et les Lagides d’Egypte ? Le voici :
Hussein-dey = Alexandre
Comme Alexandre le Grand quoi ! Et c’est sans appel ! Reste plus qu’à retrouver « le grand », ou Mokrane, Mokrani en kab plus proche du grec Macro « grand » et mégalo « grand », dans le nom d’Alger et/ou en Kabylie.
Autrement dit, le quartier Hussein-Dey d’Alger est une Alexandrie (Iskandaria en arabe).
Le nom l’Hocine ou son diminutif L’Ho seraient des équivalents de Alexis, Alex, voire Alexandre. On y reviendra ultérieurement avec plus de détails sur ce sujet.
 

Avant de boucler ce billet, juste pour l’annonce, le nom de Maure, Maurétanie (césarienne pour l’Algérois) est toujours présent dans la langue kabyle et jusque dans la chanson du maestro kabyle L’hasnaoui qui nous a accompagnés durant ce petit voyage en Kabylie :
MWL – imawlan (les parents) en kabyle = Maures.
Et ça, ça promet pour la suite, croyez-moi ! A votre avis, quelle est la différence entre Mohand-Amokrane (Momo Sr, donc l’aîné/le 1e, premier/héritier) et Mohand-Améziane (Momo Jr, Momo Le jeune, le 2ème) ? Et si je vous disais que l’on ne peut pas exclure que ce soit, respectivement, le fils à papa (un prince !) et le fils à maman (déshérité) . fils de maître vs fils de maîtresse, fils de prêtre vs fils de prêtresse ; et l’impair vs le pair : on est en plein dans les chiffres !  

NB : Une dernière chose : une nouvelle piste est à étudier, celle-là très importante car elle touche à l’immense Egypte ancienne, au sujet de « grand prêtre » justement : amuqran, amokrane, mokrane (le grand, l’aîné, le chef, adulte, sénior, etc) en kabyle, mais en berbère (chaoui, tamacheq/touareg, etc.) aussi ne serait-il pas le terme kabyle/berbère moderne équivalent, d’un côté, du nom du dieu Amon ou surtout Amon-Rê en ancien égyptien et, de l’autre côté, du terme moderne en masri-arabe, repris d’ailleurs en kabyle, imen (foie, religion) mu1min (croyant) dit l'mumen/l'mumnin (croyants) en kab ?

A suivre donc…