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mardi 26 juillet 2016

Le Musée Royal

Saintes Femmes Kabyles de Thalla,
Dolce Vita à Tipasa 


http://www.007museum.com/Fontana_anita.jpg
L’un des fleurons du patrimoine immatériel kabyle est indiscutablement constitué par la toponymie, les noms de lieux en kabylie. Etudier et déchiffrer ces derniers est un défi intellectuel et pas des moindres, mais une fois qu’on touche au but, on saisit toute la portée de ces toponymes pour comprendre la Kabylie, son histoire qui est très souvent une histoire de langue kabyle. C’est un lieu exclusivement féminin notre sujet aujourd’hui.

Le toponyme qui nous intéresse aujourd’hui est Thalla la « source, fontaine », qui est utilisé comme préfixe de noms de lieux, ex. Thalla Dwala, Thalla Bounane, Thalla Athmane, etc. L’outil de travail auquel on va recourir vous est sans doute familier : le « binaire kabyle », berbère et punique, Tizi vs Agadir, opposition qui va être complétée comme suit :
Thizi, thiziri vs Agadhir, Thalla
KTL de k’thill « mesurer » en kab ne serait qu’une autre version de agadhir.
Nous sommes surtout en présence d’indices de temps, Tizi étant une division, Agadir un entier. Par exemple, Tizi va être 1/24 jour (1 heure), et agadhir 1 jour. Outre le temps, on peut dégager un indice de… grammaire. Exemple propre au kabyle pour l’usage de l’emphase :
azeka (z occlusif) « demain » vs aZeka (emphase sur Z) « tombe (grave en anglais) »
Le temps (chronique) explique tout, d’ailleurs le grec khronos/chronos « temps » se retrouve en russe pour khoronit’ « enterrer ». Pour la grammaire kab, c’est simple : Tizi vs Agadir = son occlusif vs son emphatique (les sons kabyles aspirés formeraient alors la « 3ème dimension ») ; Tizi vs Agadir = accent aigu vs accent grave. Les termes iDHelli (idTelli) « hier », n’dTar « grave » (malade), n’dTell « enterrer » en kabyle vont donc se placer du côté d’Agadhir (+Thalla). Nous voilà maintenant parés pour affronter le toponyme Thalla « source, fontaine ».

Rendons hommage à nos artistes qui ont toujours chanté la Kabylie, y compris son environnement. Ecoutez ce morceau de Dda Ch’rif « A Thalla » et, au moins, visionnez ce moment du clip (chrono 5:53) lorsque l’artiste pénètre dans l’enceinte de la fontaine. Ou écoutez cette même chanson avec d'autres images de Thalla. Est-ce que ça vous dit qlq chose ? Non ? Alors regardez cette version, les photos d’une thalla kabyle. Voici ce que l’on y voit :
Thalla « source, fontaine » en kabyle = Tombeau (vide) du seigneur chez les chrétiens.
Les femmes kabyles de Thalla sont de saintes femmes du tombeau, mêmes images !

En plus : agadhir va être l’autel et cathédrale ; thalla va symboliser la Nativité d’abord et le Tombeau (n’dtell pour enterrer) ensuite. L’orthographe du français est simplement fantastique : tombe-eau, surtout lorsqu’on sait qu’en kabyle agadhir, k’thill « mesurer » ont la racine gadh, kath, weth ; wad « battre, bas » ou « tomber » aussi (i-kath ugeffur « la pluie tombe »). Thalla « source, fontaine » découle de k’thill, agadhir très certainement.
Thalla en kab = Nativité, Tombeau, Mausolée
Les femmes kabyles à Thalla, ce sont les « Saintes femmes au tombeau » chez les chrétiens. Chez les Kabs, Thalla existerait depuis longtemps, et daterait des temps puniques ou, au moins, du temps de Juba II et de Cléopâtre Séléné (des Lagides) et voici pourquoi :
Ecoutez cet autre morceau, de Célina, sur la « fontaine romaine » (thalla u’Romi) – ici le « romain » serait un Hellène, Grec (Lagide très probablement) –  où la jeune femme trouve une fibule (afzim), de la même façon que la fille célibataire qui attrape le bouquet jeté par la mariée durant un mariage (US, Europe) est la prochaine à se marier. Eh bien, cette Thalla u’Romi « fontaine romaine » où les vœux s’exaucent existe à Tipaza, à l’ouest de la Kabylie et d’Alger, à Sidi Rached plus exactement chez nos frères du Chenoua :
Mausolée Royal de Maurétanie dit « tombeau de la chrétienne (roumia en ar.) », présumé être le tombeau de la fille de la grande Cléopâtre, Cléopâtre Séléné épouse de Juba II.
L’appellation « tombeau de la chrétienne » en argot « arabe » algérois aurait été sans doute Thalla t’Rumith ; le lieu, le village où se trouve ce monument, Sidi Rached (Saint Lagide ?) copie ou opposé de Tizi Rached en Kabylie, apporte la preuve de ce que je disais récemment :
Lagide serait devenu plus tard Rached, Rachid par arabisation : le Lagide serait probablement « Royal », et, très certainement, Calife bien Guidé repris dans la version ultérieure des arabo-musulmans. Le mausolée royal de Cléopâtre serait une fontaine royale, une Thalla exclusivement féminine : c’est là où s’exaucent les souhaits et rêves des jeunes femmes, et Dieu seul sait combien elles en ont : fiançailles, mariage, fertilité, prospérité, bonheur, etc. (ajoutez yemahoum « leur mère » (les tunes quoi !), mercedes 4x4, villa, garde-robe, voyages, etc, de ces derniers temps, la dolce vita quoi :)). La réplique de ce mausolée version européenne est celle immortalisée dans la Dolce Vita du grand Fellini : la fontaine de Trevi à Rome. Sans le savoir, Marcelo Mastroianni et Anita Ekberg ont joué le rôle, respectivement, de Juba II et de Cléopâtre Séléné. 

Le mausolée royal de Tipasa a failli être démoli par les tomb raiders chercheurs de trésor, car la légende populaire dit que Juba II y aurait caché un trésor énorme. A mon sens, ce trésor est simplement les pièces de monnaie jetées par les jeunes femmes venues visiter ce monument, comme pour la fontaine de Trevi à Rome. Bref, jeunes filles kabyles, chenouies, algéroises et pas seulement : ce monument est le vôtre, c’est Thalla des saintes femmes, les hommes n’y mettent le pied qu’occasionnellement pour effectuer les travaux nécessaires ou seulement si ce sont des époux:))

Thalla, la source/fontaine si vénérée, c’est avant tout parce que c’est une source d’eau douce. La Dolce Vita est plus qu’approprié donc. L’adjectif « romain » pourrait être simplement « doux » dans ce contexte. Pourquoi ? Parce qu’il y a un autre toponyme, plus à l’ouest et incontestablement d’origine berbère, qui va dans le même sens : Tlemcen que l’on suppose être Thalla « source, fontaine » + Mes « polie, lisse », donc « douce ». D’autre part, certaines langues comme le russe donnent un indice de rapprochement entre « lisse (doux/sucré) » et « trésor » (gladkiy (sladkiy) et klad). Notre Thalla serait une fontaine au trésor, ou voire même une « île au trésor », une dénomination qui pourrait s’appliquer pour tous les mausolées comme celui de Massinissa dans le pays frère chaoui ? Thalla apparentée à Île, à la base même du nom d’Alger ? A vérifier.

Ci-dessus, on a vu la légende de Thalla, une image tout simplement. Place maintenant aux chiffres, au rationnel. On sait que la racine gad « rempart » existe en phénicien, donc depuis longtemps. Elle est omniprésente en berbère et surtout en kabyle, sous sa forme occlusive (GDR) et aspirée (KTL) de agadhir « grenier, forteresse, autel ? », k’thil « mesurer », kath, weth, wada « battre, bas ». Il y a une autre forme, GFR de agefur « pluie » en kab (matar en masri-arabe) symbole d’abondance et de « plus (+) », que l’on va retrouver en masri-arabe pour ghafir « nombreux » et kathir « beaucoup » alors que cette langue n’a rien de pareil (thalla, kath, kthil) pour justifier ces termes. Agadhir et k’thill en kab et berbère va aussi être ce que le masri-arabe désigné par djedwal, gadwel « calendrier, guide, horaire ». Ce qui confirme la dualité Tizi vs Agadir qui indique le Temps, et en kabyle, ça se reflète dans la toponymie. Agadhir, k’thill indiquent clairement les Calendes kabyles, berbères. Echec et mat pour les khorotos de tous bords :))

Trois remarques importantes. 

1) La première concerne le lien entre le centre et l’est, Algérois et Constantinois, via la Kabylie naturellement. Le couple Juba II - Cléopâtre Séléné, et donc le mausolée royal de Maurétanie, s’inscrirait dans la logique du mythe fondateur kabyle (et berbère dans une moindre mesure) de la divinité des eaux douces Anzar et sa mariée/fiancée th-isly-th (tislit) bw’Anzar personnifiée par l’arc-en-ciel, et cette image serait celle du triomphe de Neptune et son épouse Amphitrite, mosaïque exposée au musée du Louvre (ce qui est bien), un trophée de guerre qu’il faudra un jour ou l’autre faire revenir à son pays d’origine (ce qui serait encore mieux) ; 

2) La deuxième concerne l’adjectif « royal » pour ce mausolée ou cette Thalla. On en parlera en détails une autre fois, mais il paraît clair que la femme serait royale étymologiquement. Pour faire simple, croyez-moi, le terme kabyle thillawin « les femmes » et le nordique (suédois par ex.) Kvina « femme » comme Queen « reine » en anglais sont les mêmes, car ThL de Thalla « source, fontaine » et de thillawin « femmes » est Acqua « eau » en latin, ou simplement le pronom Elle en français, ce serait aussi une « Aile » royale, donc FR de ifer « feuille, aile » en kabyle serait encore une variante de ThL. Bref, la royauté dans notre binôme kabyle Tizi vs Agadir se trouve du côté de Agadhir, iguidher « aigle » : c’est le IL, ELLE, la Majesté aussi probablement. Kath, kathil-thalla en kabyle, gad « rempart » en phénicien évoquent l’eau, le temps, la mesure du temps (clepsydre), et simplement une Onde (vague, libre, etc.) ; 

3) La troisième découle de la deuxième : le Mausolée Royal de Maurétanie serait un Musée Royal : tout est dans l’onde, l’muja « vague » en kabyle interfère non seulement avec le masri-arabe moudja « vague » mais avec le grec qui a donné Muse, musée, musique… et voire même avec le russe muzh, mouje/mouche « mari ». Mausolée Royal serait « Mari-Femme », « Roi-Reine » donc. Le Mausolée Royal de Maurétanie serait donc un Musée aussi, une « nuit au musée » ou un (potentiel) festival de musique et de Lumières de chez nous au Mausolée Royal de Tipasa, voilà encore une idée, un argument pour valoriser le patrimoine pour que la culture renaisse dans ce pays étouffé par les khorotos obscurantistes. Commençons d'abord par aménager un éclairage moderne ce ce musée en plein air (les Lyonnais sont forts dans ce dommaine, pourquoi pas les engager ?).

Aucun doute ne persiste sur qui est le vrai dépositaire de l’identité de ce pays. Le devoir nous revient donc de valoriser son patrimoine matériel et immatériel. Quoi de plus pour capitaliser notre patrimoine, une fois la légende de Thalla déchiffrée ? Il suffit d’aménager une Thalla, une fontaine d'Anzar (comme la fontaine de Neptune pour les "indiens" de l'Atletico (beurk !) ou la fontaine de Cybèle, Sibeles pour les madridistas à Madrid (Hala Madrid!), ou Trevi à Rome), une fontaine chantante en ceinture d’eau autour de ce monument pour en faire un site touristique splendide qui drainera des enfants aussi, un musée qui repose sur une belle légende de chez nous qui daterait au moins de l’antiquité. Un lieu prédestinée surtout aux femmes d’abord, et aux nouveaux-mariés ensuite : d’ici qlqs années, je l’espère, une photo « Just married »  ou d'un garçon demandant la main d'une fille sur fond du Mausolée Royal de Tipasa sera un must, meilleur que les selfies pour les jeunes branchés. Allez les jeunes, la vie est à vous et ne laisser pas les obscurantistes toucher à votre bonheur ! 


En réalité, il suffit d’un peu de bon sens et de volonté, d’un architecte paysagiste, d’un bon maçon, d’un archéologue pour superviser le tout et d’un investisseur pour faire du Mausolée Royal de Tipasa l’un des sites touristiques les plus fréquentés de la Méditerranée, la « fontaine de Trevi » nordafe, avec à la clé des emplois et de l’espoir pour les jeunes, filles et garçons. Mais connaissant les khorotos arabo-islamistes, je doute fort qu’un tel projet porteur de richesses puisse aboutir – la légende de la « fontaine de tous les rêves » ou le triomphe d'Anzar renaîtra le jour où on l’on offrira au pays un bain de jouvence, l’élixir de l’espoir en le débarrassant de ces usurpateurs rétrogrades. Quant à la Kabylie, où chaque village et chaque ville possède sa Thalla, c’est tout simplement un sanctuaire à protéger contre l’érosion causée par le laisser-aller et l’agression des khorotos contre l’identité kabyle. A prochainement.