Translate

mercredi 6 avril 2016

Andarussie


Les sœurs andalouses

Les plus naïfs parmi les humains ont toujours rêvé d’un monde plus juste et plus tolérant, d’un monde de Lumières, du paradis sur terre. Des utopistes en somme. Il existe des légendes et même des histoires sur un tel paradis sur telle et son nom est Al-Andalus, Andalucia, Andalousie. J’ai toujours pensé que la Kabylie se trouvait à cheval entre deux mondes, horizontalement parlant, entre deux vents : celui venu de l’est, forcément d’Egypte et celui venu de l’ouest, forcément du pays des Maures. La Kabylie penche le plus souvent du côté Est, vers l’Egypte via la Tunisie et ce depuis les temps puniques et l’Egypte antique. Les vents d’ouest sont arrivés en Kabylie à une époque plus récente probablement… Et si l’on essayait de regarder plus attentivement vers l’ouest ?

Al-Andalus, le paradis perdu. Une succes story rare dans le monde musulman à vrai dire, il y a de quoi se mordre les doigts ! C’est ce qui se dit dans le monde musulman. Au moment de la chute de Grenade, dernier bastion maure-musulman en Espagne, l’empire ottoman du Grand Turc, tout aussi musulman, n’a rien fait pour sauver les musulmans d’Espagne. Pourquoi ? L’influence turque-ottomane s’est limitée d’ailleurs au Constantinois, à l’Algérois de l’époque du protectorat, elle ne se répandait pas plus à l’Ouest, au pays des Maures et à l’Andalousie . Ces Turcs ou alliés des Turcs défendront pourtant l’Afrique du Nord contre les Espagnols quasiment à la même époque. Par simple manque de solidarité ou y aurait-il une explication rationnelle à ce « manque de solidarité » ? En réalité, l’histoire de l’Andalousie musulmane est pleine de fausses histoires et de légendes prises pour argent comptant, à commencer par la soi-disant conquête, en passant par les personnages inventés tels que Tarek Ibn Ziyad ou Abd-al-Rahman 1er auteur d’une chevauchée fantastique (les enfants doivent adorer !). Le nom même Al-Andalus est interprété de manière erronée. Voici l’hypothèse (kabyle) de travail concernant l’étymologie du nom Andalus/Andalousie et l’idée que ce nom véhicule.

L’hypothèse concernant l’étymologie de Andalus la plus reprise est celle de Heizn Halm, qui nous dit que Andalus serait la version maure-arabe du wisigoth (germanique) Landa-Hlauts pour « terre héritée/tirée au sort ». Et je dois vous dire qu’il a sans doute raison même s’il ne donne qu’une seule interprétation d’une idée bien plus large et plus ancienne portée par ce nom.
- Andalus est une « terre héritée/tirée au sort » en germanique, idem que l’Andalus en maure-arabe, n’est qu’une traduction d’une version antérieure, et il est inutile pour ces 2 concernés de se disputer la paternité de ce terme car il les a précédés dans l’histoire.  Cette « terre tirée au sort », ou simplement un « terre destinée », une terre –cadeau de la providence est simplement une autre interprétation du concept de la « Terre promise » que l’on retrouve dans différentes traditions et jusque dans le nom de Carthage comme je le soutiens sur ce blog. Et cette « terre promise » était vue comme telle, un paradis, par les « conquérants » maures et arabes musulmans ;
- L’erreur fondamentale de tous les historiens intéressés réside dans le fait que pour eux le cas de l’Andalousie ou Al-Andalus est un cas isolé dans l’histoire, à commencer par le nom. Des érudits qui croient au miracle, il y en a toujours sur terre :). Le « miracle grec », le « miracle andalous », comme si d’autres civilisations n’ont jamais existé avant eux, même l’immense et incontournable Egypte ancienne est ignorée dans le calcul de ces historiens ;
- Voici la forme espagnole et latine qu’aurait pris Andalus si on devait latiniser ce nom : Santa-Lucia (italien) certainement ou Santa-Cruz (espagnol) probablement, la notion de Lux en latin ou Luz en portugais  « lumière » devrait s’y trouver pour donner « terre de lumière » ;
- Voici l’hypothèse (kabyle) proprement dite concernant l’origine étymologique de Andalus (Andalousie), ou plutôt le nom d’un autre foyer de savoir, une cité pas un pays, tout aussi cosmopolite :
Andalus musulmane ~ Alexandrie en Egypte sous les grecs Ptolémée.

Tout simplement l’ordre est inversé : Alexandre, Alex-Ander est devenu Ander ou Sander + Lex ou Lux. On l’a dit, et je le répète, Alexandre le Grand ne serait pas un personnage historique mais une figure syncrétique ; si ça vous chante, vous pouvez allez chercher ses sosies : Saint-Luc l’évangéliste ou même Lancelot surtout que les Anglois domestiquent les divinités étrangères à leur façon (dieu grec Hermès reconverti en bandit d’honneur et prince des voleurs anglois Robin des Bois).
On l’a dit sur ce blog, la capitale du pays kabyle, la ville des Lumières Vgayeth-Bougie, étroitement associée à la cire de bougie et aux suites de Fibonacci, est aussi une Alexandrie. Les Bougiotes, voyez-vous, sont nos « Alexandrins », nos « Andalous » à moins que Vgayeth ne renvoie à wisigoths :). La Luz ou Lux « lumière » latine s’y est métamorphosée en Vug, bougie, cire de bougie tout simplement. La Sainte pourrait être une Suite tout simplement. La Suite est aussi une question de passage de témoins, d’héritage de traditions, de savoir, etc.

Il existe pourtant une autre Alexandrie insoupçonnée, ou plutôt une autre Andalousie à laquelle, j’en suis certain, personne n’a songé, même pas moi qui suis censé le comprendre le premier depuis longtemps…Elle est née quasiment à la même époque que l’Andalus, elle porte aussi une trace grecque, non pas ptolémaïque mais byzantine, elle est slave, et son nom est :
Sainte-Russie née probablement de la Rus de Kiev.
Si vous préférez, ce n’est pas l’Andalus mais l’Andarus. Et c’est sans appel. La capitale Kiev ou plutôt Kyif a tout l’air d’être « calife » ou « califat » qui, je le rappelle, contient le sens de « successeur » donc « héritier (e) » (de telle ou telle civilisation) ; une tradition reprise par la Moscovie (Moscou), appelée « Troisième Rome », la digne héritière de Rome puis de Byzance. Mais ça, c’est une autre histoire, pour le moment je préfère ne pas m’engager sur cette piste. Retenons que les historiens parlent souvent d’échanges entre Al-Andalus (Andalousie musulmane) et, non pas l’Andarus :) la Rus de Kiev ou « Sainte Russie », mais avec son ennemi juré, le royaume des Khazars (de confession juive, du moins l'élite khazare) qui n’a laissé que peu de traces en termes de vieilles pierres ou de patrimoine, cette histoire ou légende du Khazar juif - ennemi juré de la Sainte Russie (de la Rus de Kiev avant) a toujours servi plutôt à justifier l’antisémitisme ambiant dans ce qui deviendra par la suite l’Empire russe ; là on est loin du cosmopolitisme d’Alexandrie ou de l’Andalousie, franchement...

Finalement, Al Andalus n’est pas un cas isolé : Andalus – conversion à l’islam des Ibères et des Maures à l’ouest ; Andarus disons ou Rus de Kiev – conversion au christianisme (orthodoxe) ; plus loin de temps il y a eu Alexandrie en Egypte – conversion à l’hellénisation ou époque hellénistique. Il est probable qu’il y ait eu d’autres cas plus éloignés dans le temps, en Egypte ancienne par exemple. Voilà pour cette fois, notre prochaine étape devra normalement se passer à Fès, ville des Lumières et lieu de refuge de beaucoup d’Andalous chassés par les Castillans. A prochainement.