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mardi 9 juin 2015

Fantasia, la Bohême

Les cavaliers du beyond the myth...

C'est la petite forme, donc on va faire simple, désolé. En réalité on reste toujours dans le sillon creusé par l'image du chef des janissaires (chorbadji), sauf que du thème des arts de la table on devra sauter vers l'art tout court, et surtout le plus beau de tous : la musique.

Quand on sait toutes les prouesses de nos voisins méditerranéens, notamment des Italiens dans le domaine de la musique, on se demande si nous, au sud, on manque de finesse... C'est en partie vrai, mais en parti uniquement, car notre finesse ne se voit pas, elle est en miniature, invisible à l'oeil nu.
Regardez cette illustration, un tableau d'Eugène Delacroix intitulé "Fantasia" (lien 1, lien 2). C'est une image fabuleuse !!! On laisse tomber les conneries françaises quant à l'origine de la fantasia (pour eux tout est arabe :)), et on se concentre sur l'essentiel de cette tradition berbère 100%, qui a été le mieux préservée dans les mythes kabyles et dans la réalité des Berbères du couchant (Ouest algérien et Maroc) et des maures arabisés, avec mention spécial pour les Berbères Zayane pour qui le cheval est un socle identitaire.
Quand on dit dans les contes kabyles que les i-menayen (chevalier) sont sur des chevaux d'éclair et de vent, ça doit signifier qlq chose. En plus a-3awdhiw (cheval) en kabyle est étrangement lié à la poire, lisez ça. Maintenant l'essentiel :
a-3awdhiw (cheval) kabyle ~ Audio en latin ~ 3oud (luth) en arabe 
a-3awdhiw (cheval) kabyle ~ Onde (sonore) ou/et Corde (vibrante)
Les chevaux d'éclair et le vent des mythes kabyles sont insaisissables, des supersoniques, des ondes invisibles ! Le rapprochement du cheval en kab avec la poire et le luth s'explique facilement par la forme de poire du caisson. Ici on a dans le cheval, la demi-poire et le luth exactement la même chose que le théâtre grec antique en hémicycle. Chevaux insaisissables, invisibles donc, il faut alors les imaginer. Ces chevaux ou chevaliers sont imaginaires, un fantasme, ce sont des fantômes tout simplement. La Fantasia, phantasia en grec, est tout ça justement !

Non, on ne manque pas de finesse, ce sont les moyens matériels et les bons ingénieurs qui manquent surtout chez nous :) Un petit rappel : à la différence de la lumière, le son ne se propage pas dans le vide, par ex. une supernova explose dans l'espace dans le silence le plus absolu. Il en va autrement sur terre avec sa bulle, son atmosphère : c'est la voûte céleste le caisson qui permet que le son résonne, l'hémicycle du théâtre grec, le luth, etc. C'est un peu comme le bide :) Le ventre quoi ! C'est quoi un a-fentazi en kabyle ? En kab ça évoque un homme fier, frimeur même qui cherche à impressionner, à jouer les héros ; en somme celui qui bombe le torse, et le ventre avec donc :). Ne serait-il pas un vantard et un repu (avec son ventre-caisson :) ? Les notions de Héros, Chevalier et Guerrier seraient vraisemblablement liés au cheval, à l'Onde.

Maintenant le coup de grâce, façon de vous montrer qu'on ne manque pas de finesse. A quelle image grecque ancienne, à votre avis, ressemblerait ce tableau du peintre français qui montre la Fantasia en Afrique du Nord ? La symbiose du a-mnay (chevalier, cavalier) et de son cheval d'éclair et le vent, depuis le temps de la mythique cavalerie numide jusqu'aux jeux de Fantasia de nos jours, indique une union parfaite, que les Grecs anciens ont mémorisé comme suit :
C'est le Centaure tout simplement. On va même aider nos voisins du nord avec l'étymologie de ce mot : Cen ou Ken en grec ici doit être rapproché de Kon' (cheval) en russe, de la notion de "boiter, claudiquer" (le forgeron Caïn, kawan "boiteux" en arabe). 
C'est un Archer, donc le Sagittaire : on verra les détails une autre fois.
Avant les Grecs, il y avait les Minoens avec leur Minotaure.
Alors c'est quoi tous ces Archer, Sagittaire, Centaure, Minotaure ? Vous aimez la musique, j'espère, car ce sont, au moins, des instruments de musique :
Nitra (mandoline, guitare) en kabyle ou snitra (mandoline) en argot marocain sont évocateurs, on y voit le sagittaire sinon le centaure ! Luth, guembri, mandole, guitare, banjo, etc. sont des "créatures" complexes avec un caisson + une manche avec cordes vibrantes (gorge de l'homme pour ce qui est de la voix). Le caisson en demi-poire (ou l'hémicyle du théâtre grec antique) me fait plus penser aux Poumons qu'au bide surtout qu'on connaît les chemins de la voix humaine. De ce fait, l'homme avec ses 6 litres d'air sortirait gagnant d'avoir le double, càd les poumons d'un cheval. De quoi se demander si le Pur-sang ne serait banalement pas venu de la notion de Pur son, probablement un son de porcelaine ou de cristal :) En plus, nos étranges créatures, sagittaire/centaure/etc, pourraient s'apparenter à des joueurs d'instruments de musique comme à des chanteurs, on devra faire le tri ultérieurement.
Que peut encore évoquer ce centaure, cet archer ou le luth ? Vous avez le pied marin ? non ! Pas grave, mois non plus, mais ça ne m'empêche pas d'y voir un Ancre. Et ça rappelle quoi ? L'emblème du potard, votre pharmacien du coin : la coupe d'Hygie. On y reviendra lorsqu'on décryptera le Sagittaire.
Et le Luth, d'où vient son nom, on sait qu'il existe depuis l'ancienne Egypte et Babylon ? Très simple :
Luz ou Lux (lumière) en latin + Lutch (arc, rayon de lumière).
Et pas seulement comme on le verra plus loin.

Vous avez vu un Arabe ou un Français apprendre le kabyle et chanter en kabyle ? Moi, non. Pour eux le Kabyle est grosso modo un Barbare. Et ce qui me fait grincher ! S'ils étaient mis, surtout les premiers cités, dans les mêmes conditions que les Kabs durant des siècles, eux, c'est sûr, il seraient retournés vers leurs... enfin bon, on va pas être méchants :) 
Il y a par contre une Suomi (Finlandaise) du nom de Stina qui le fait et elle a été honorée récemment en Kabylie, et c'est très bien. Mais il y en a un autre que la Kabylie a oublié : Gadry, le Guinéen que je salue au passage pour cette double prouesse, apprendre le kab et chanter Dda Lwennas. Et son pays d'origine, la Guinée, est quasiment un artefact surtout dans le contexte de ce billet. On va résumer sachant que l'on y reviendra une autre fois.
Gnawa (musique de transe) serait issu de Guinée justement.
Guinée (Ghiniya en arabe) est associée au Chant : ghenni/ughnia (chant/chanson) en arabe au moins ;
Guinée serait équivalent de Bohème en Europe : il devait y avoir dans l'antiquité, durant les temps puniques probablement, soit une Guinée apparentée à la forêt (tropicale) et/ou au Verre (cristal) ou des minéraux translucides en général, soit le quartz, soit plus probablement le diamant. 
Un Gnawi (guinéen) est un bohémien au sens artistique, comme "gitan = guitariste ou chanteur", càd un centaure ?
Guinée est directement liée au Ciel/Voûte céleste en kabyle (berbère) : i-genni en kab, i-jenni dans d'autres langues (chawi, chenoui, par ex.)

Luth en arabe est 3oud "bois". Et ça serait forêt plus largement. Et surtout... Poumons ! Le russe désigne les poumons par legkie, comme pour facile/léger, en somme licht en allemand ou light en anglais (léger, lumière) comme Luth ou Lux (luz, lumière). Prenez votre mandole si vous en avez une, et jouez !, car l'amande dite Luz en argot nord-africain et arabe est en relation avec Luth et avec ...le terme Jeu, de guitare probablement :) 

Allez, on termine ce billet sur un morceau des légendaires "gens de la bohème" Nass-El Ghiwan du couchant. Détrompez-vous, ce n'est pas Dieudo le gars à gauche sur la photo :)