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jeudi 2 février 2017

Tin Hinan

La conquête de Tombouctou.
 

En termes de femmes mythiques - figures patriotiques, nous n’avons absolument rien à envier aux autres peuples, franchement. De la Kahina pour les Aurès à Tin Hinan pour le Hoggar en passant par Lalla Fadhma N’Soumeur pour le Djurjura, la femme-icône, une déesse quasiment, occupe une place prépondérante dans notre mémoire collective. Ces femmes « canonisées » ont des noms concrets mais des histoires pas toujours claires, surtout lorsqu’elles sont racontées ou interprétées par ceux qui ne comprennent strictement rien aux peuples dits « berbères », à commencer par leurs mythes et leur langue. Il suffirait d’attacher le toponyme correspondant au nom de chaque héroïne pour comprendre pas mal de (bonnes) choses.

LA BELLE HELENE
On va faire comme la mythique Tin Hinan : partir du nord (de la Méditerranée) vers le sud (mont Ah’hagar dit le Hoggar). On partira précisément de Sidi Rached près de Tipasa, au plus près du « tombeau de la chrétienne » : tombeau de Séléné 2 fille de Cléopâtre 7 (dynastie des Ptolémée dont la langue était le grec) et épouse de Juba 2. 1. On a rapproché Cléopâtre en grec ancien de Thiziri en kabyle moderne dans le billet « La Cléopâtre kabyle » ; 2. On l’a dit dans « Le petit prince » sur ce blog, Juba ferait bien un Lvaz (faucon ou sphinx ?) et son épouse Séléné ferait bien une Thanina (femelle du faucon, étalon de beauté féminine) des mythes kabyles. Thanina serait très logiquement un titre : reine, princesse. C’est bien ce nom Thanina en kabyle moderne qui expliquerait le mieux les noms de Séléné, Tin Hinan et même la Kahina, ainsi que les noms de déesses mythiques comme Anthinea (Athéna), mais aussi les noms de personnages supposés historiques, dans notre cas précis de Tin Hinan, un personnage mythique ô combien connu :
La Belle Hélène
Plus loin dans le temps, ça pourrait être Néfertiti de l’ancienne Egypte. Voilà pour le volet irrationnel des noms de ces « saintes » femmes, nobles ou divines. Passons au rationnel, au réel.

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TIN HINAN
Les fouilles de la tombe de Tin Hinan ont permis une datation plus ou moins précise : Tin Hinan, une femme méditerranéenne, aurait vécu entre le 3 et le 4 siècles après JC (voir documentaire sur Tin Hinan). La légende tamasheq dit clairement, et elle corrobore les conclusions des archéologues, que Tin Hinan serait venue du nord et évoque « … l’empereur romain Constantin qui e serait attaqué à Tafilalet… ». C’est bon, voici l’autre nom de Tin Hinan, latinisé :
Constance
La constance est ici la noblesse, le terme inhérent ayant survécu en kabyle serait tha-knisia (griottier, cerisier) qui indiquerait le « grec » ; et il quasi certain, qu’il s’agit d’une influence grecque (Ptolémée d’Egypte ou Romains d’Orient dits « Byzantins »).
Le « Grec » de Tipasa (temps de Juba 2) et le « Turc » de la régence d’Alger de l’époque médiévale sont deux facettes d’une même pièce : c’est un titre de noblesse, plus précisément un Duc.
Cette marque grecque (dite byzantine) est encore très fraîche chez des nations plus jeunes, en Russie + Ukraine exactement. Vous voulez voir le nom de TinHinan en russe ? Княгиня [kniaguinia] pour « duchesse » vs Kniaz « duc » (comme notre faucon/sphinx Lvaz de Juba 2) – voir koenig (roi) en allemand, king (roi) en anglois – leur Tin Hinan étant la duchesse Olga (Helga). Tin Hinan ou plus certainement TinHinan est un titre royal : duchesse, reine, princesse.


TIN BUKTU
Le nom d’une femme sainte ou d’une déesse en dehors du temps doit être croisé avec un nom de lieu pour nous retrouver dans notre espace-temps. Ainsi, la Kahina, qui pourrait être une Catherine, va être mise en lien avec le toponyme portant son nom : Bir Kahina (puits de Kahina) qui en réalité pourrait indiquerait plutôt le nom de… Cléopâtre « gloire du père » en grec. On y reviendra un jour, place à Tin Hinan qui aura comme toponyme compagnon Tin Buktu (Tin étant « puits » en tamasheq, équivalent de bir en masri-arabe) ou Tombouctou en pays tamasheq (touareg). Voici la belle surprise :
Tin Buktu ou Tombouctou « ville aux 333 saints ~ Constantine, Constantinople
333 saints de Tin Buktu (Tombouctou),
303 date rebaptisation de Cirta en Constantine (Xantina en masri-arabe) ;
330 date de fondation de Constantinople toujours par le « constant » (empereur Constantin).
Et pour la version plus fraîche, turque qui a remplacé la version précédente grecque :
Tin Buktu ~ Istamboul (Istanbul, Stambul) : Istambul a été un moment Islambul.
Très concrètement pour la ville de Tin Buktu (Tombouctou), son nom « istamboul » évoque clairement la période de l’avènement d’une nouvelle religion, l’Islam (relatif à la paix) en l’occurrence et tous les pays musulmans d’Asie portent ce suffixe  -stan « camp » (Pakistan, etc.). On y reviendra une autre fois, mais déjà je suis prêt à engager ma parole pour affirmer que Sultan vient de Stan, un calque sur le César de Césarée (Tizi pour le toponyme), et que le « Romain » aurait une autre version :
Romain (d’Orient) ~ Ottoman ; 

Constantin le Grand ~ Osman 1er
Le Romain d’Orient (Grec orthodoxe, Byzantin), l’Ottoman (Turc musulman), Le Saint Empire Romain (germanique), et plus tard la dynastie des tsars Romanoff en Russie, auraient ce « romain » en commun et ce n’est pas une référence au nom de la ville de Rome, mais probablement à un nom commun, qui serait peut-être synonyme de (cité ) constante = Ville Sainte, et dans ce cas, les préfixes des toponymes modernes Tizi, Tin prendraient le sens de Sainte ; ou bien synonyme de Sublime Porte (nom d’Istanbul, Islam-bul), porte du ciel qui sied à une autre ville sainte, Jérusalem. A vérifier. En tout cas, ça expliquerait parfaitement le passage du « Romain » (Grec en fait, Ptolémée d’Egypte et Byzantins) de Césarée de l’antiquité au « Turc » d’Alger médiévale.

Tombouctou devrait très probablement évoquer le livre, les écritures. Si cette cité devait prendre un nom masri-arabe, sa version arabisée serait très évocatrice :


Tin Buktu ~ Al-Futuhat ou Conquête en fr., Conquista en esp.


Il m’est relativement facile d’y voir que pour la langue kabyle, « aller de conquête en conquête » serait « si thizi ar thizi », d’un Tizi (col) à une autre. Question importante : On l’a déjà dit, thiziri (clair de lune) en kabyle équivaudrait à ténéré (désert) en tamasheq, ici on voit clairement qu’en toponymie Thizi, Tizi « col » en kab équivaut à Tin (puits) en tamasheq. Peut-être est-ce l’équivalent de « constant » et de camp (stan en langues asiatiques), mais certainement que Thizi (col, croisée des chemins au figuré) évoque la quête (de paix ?), le questionnement, voire même l’ascendance ou la transcendance, mais aussi une équation )).
Il me semble que nous sommes en présence d’un nom de « cité sainte »  ou « ville N fois sainte » comme Jérusalem. En plus, lorsqu’une cité change de nom, il s’agit de conversion à une nouvelle religion, à une nouvelle monnaie, à un nouvel calendrier, à un nouvel âge (de renaissance ? ), etc. Et finalement, ce préfixe Tin tamasheq, voire Tizi en kab, pourrait aussi indiquer une équivalence entre (ville) nouvelle = (ville) sainte = (ville) noble.
Tin Hinan, une noble/sainte/constante, nous a montré que « romain » et « ottoman » ne sont que des versions différentes d’une même idée (conquérants ?), de quoi pouvoir expliquer le passage du Grec (ou Byzantin) au Turc à Constantinople et… à Alger.


A prochainement !

POST SCRIPTUM
Pour le lecteur averti, voici une chose très importante :
TH kabyle, T tamacheq dans les noms féminins (préfixe), ex. Thanina auraient comme équivalent le son [k], soit la lettre K, C ou Q/QU dans la version grecque, latine et autres (thanina = kanignia pour Grecque/Duchesse ?), et plus curieux encore, en ancien égyptien : tha-mur-th (tamurt) « pays, campagne, patrie, etc. » en kab, chaoui, etc = Kemet en ancien égyptien pour « terre noire » mais c’est le nom de l’Egypte, le pays. Plus simple encore, Thalla (source, fontaine) en kabyle va devenir Qualla ou plutôt Quelle (source) en allemand.
Mais revenons au nom de la cité « constante », ex. Cirta devenue Constantine, Xantina en argot DZ ou Qasantina en masri-arabe. Ce qui a de neuf, c’est que le nom de Cirta-Constantine puis Xantina pourrait contenir ce préfixe de constante (Tin, Tizi), de Clé aussi. On y reviendra.  Par ailleurs, Tizi Rached en Kabylie, voire même Sidi Rached de Tipasa, c’est tout simplement… Césarée, normal d’ailleurs. Tizi en kab ayant Tin comme équivalent tamasheq, on comprend assez facilement que la très probable Césarée, puis Tizi Rached, dans le pays tamacheq, serait… Tamanrasset !