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dimanche 5 février 2017

Kabylie italique

Le talon d’Ighil Nezman.
 

Nous sommes tous sortis de la toge du fils du pauvre, du burnous de feu Dda Lmuludh Feraoun. Tous des enfants d’Ighil Nezman, jeunes gens persévérants que nous fûmes sur le chemin de l’école des années 60-70. C’est dans le giron d’une mythique contrée au sud de la Méditerranée, en Kabylie, que nous avons appris à voir les lumières dans les chemins qui montent...

Pour échapper à l’emprise d’Ighil Nezman, il suffit de le voir au féminin, d’aller vers Thighilt en prenant un sentier battu depuis des lustres par les garçons en mal de divertissement. Thighilt Nezman offre un refuge où l’on peut donner de la voix, mais aussi un vue plongeante sur le versant d’en face. Un lieu d’observation naturel qui permet d’observer la flore et la faune locale lorsque le soleil se couche sur Ighil Nezman et avant qu’il ne sombre dans la nuit après un crépuscule brutal. C’est la télé genre NG ou Discovery mais complètement bio ! Voici les sangliers qui s’offrent en spectacle, une laie avec ses marcassins reconnaissables non seulement à leur (petite) taille mais à leurs rayures. 

Les enfants de Thighilt Nezman n’avaient pas de fusil à lunette avec ou sans infrarouge, ni même de longue-vue ou de jumelles pour faire les chasseurs, il n’en demeure pas moins que ce sont tous des potentiels chasseurs de lumières, des Galiléo Galilée et des « italiens » par excellence ! La laie avec ses petits qui traversent une clairière, on dirait la planète Jupiter et ses lunes qui tombent dans le champ de vision de l’observateur, officiellement vues la première fois par l’italien G. Galilée grâce à sa lunette – télescope. Si je devais choisir un nom (commun) kabyle à cet éminent Italien, j’aurais opté pour aguelil i-guelilen (orphelin parmi les orphelins) ou agujil (orphelin), mais Galiléo Galilée avec sa lunette et son plan incliné fera objet d’un billet à part une autre fois.

Ighil en kabyle désigné le bras, avant-bras (anatomie), la coudée (étalon de mesure) et un coteau (en toponymie). Ighil est aussi un patronyme kab répandu. Plus de trente ans que je vis dans un pays slave, la Russie en l’occurrence, et c’est seulement aujourd’hui que le rapprochement suivant m’est venu en tête, et il est on ne peut plus exact ! :
 

1) Ighil en kabyle ~ Italique (écriture) ou cursive en anglois ;2) Ighil en kabyle ~ Achille (grec), Cyrille ou Kirill en russe (nom) et… le Cyrillique (écriture, alphabet) : le russe est par excellence une écriture (manuelle) italique !

Ighil est incliné par définition, la forme cursive ou italique d’une écriture en serait la meilleure illustration. Ighil en kab s’aligne clairement sur étalon, Italique, italus et sur Achille ; le cursif (qui évoque la course) serait plutôt en lien avec agurzi (talon, cheville, tendon d’Achille) en kab. Ighil aurait-il un lien avec la notion de pur-sang (cheval) vu les indices de « cheville » et « étalon » ?
 

Le préfixe d’Ighil Nezman, ighil, est en relation directe avec les écritures et pas seulement. 

En physique, ce serait justement le plan incliné (Galiléo Galilée). En optique (physique), Ighil serait forcément fragile, comme le verre de lunette, celle de Galilée par ex. En outre, toujours en physique, Ighil pourrait être porteur de notion d’accélération (ghiwel « se grouiller ») ;


En géologie, Ighil, qui est couché, incliné, fragile, italique, etc., renverrait probablement soit à l’argile, soit au quartz, ou cristal plus exactement, voire même au calcaire ;


Sur le plan religieux, on devine facilement via la matière de la création (l’argile) que la notion de « être (humain) » ou khalq (être humain, créature) en kab et en masri-arabe pourrait s’apparenter à Ighil ;


En maths, Ighil ou son féminin Thighilt renverrait probablement à la notion de calcul ou à une notion proche, total/égal ? par ex.


Ces pistes seront étudiées une à une le moment venu pour confirmer ou infirmer nos suppositions faites à chaud, retenons pour cette fois que Ighil devrait s’écrire en italique :)) A coup sûr, les enfants d’Ighil Nezman, de la Kabylie hors du temps avec son ingénieuse et inégalable toponymie, ont tout pour revenir dans le jeu et se mesurer aux nations développées car aussi fragiles soient-ils, les enfants persévérants d’Ighil Nezman sont prédestinés au métier de chasseurs de lumières et ce n’est pas le talent qui leur manque ; il suffit de chasser les démons étrangers qui voilent l’horizon kabyle, soigner le talon d’Achille de la Kabylie aujourd’hui plombé par les obturateurs de lumières pour que les nouvelles générations nous en fournissent la preuve.
 

A prochainement !
 

POST-SCRIPTUM
Un truc assez curieux maintenant. En Russie, il est notoirement convenu et reconnu que l’écriture cyrillique aurait été apportée aux Slaves, y compris les Russes, par les Bulgares, les saints Cyrille et Méthode (on a rapproché Ighil en kab du cyrillique et de Cyrille – voir plus haut). Les Russes prêtent une origine bulgare à tout autre chose : au poivron. Le truc est qu’un certain Ighil en Kabylie, en l’occurrence Ighil Mimoum aux Ath Dwalla, est associé au piment, voir au poivron )) Simple coïncidence ? Peut-être mais je pense qu’il y aurait une explication rationnelle dans les deux cas. 

Pour info, la légende dit que les Bulgares, soi-disant, auraient comme ancêtres les Boulgares de la Volga en Russie, le fleuve de cohabitation pacifique entre Russes (orthodoxes) et Tatares (musulmans). Ce fleuve Volga (en russe), lieu d’habitation des Boulgares, est appelé « Itil’ » en tatare : encore un italique-cursif ? Qlq part se cacherait un nom commun à tout ce beau lexique de différentes régions…