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samedi 17 février 2018

LA LÉGENDE DU GRAND VIZIR

A la recherche du code source DZ perdu…
 

Le terrible Akli. Voilà un personnage imaginaire qui hantait jadis la marmaille aux quatre coins du Pays Kabyle : Akli w’zal « bourreau de midi » ou le terrible Akli, épouvantail et personnification du midi solaire et du soleil de plomb. On l’a apparenté, ou du moins essayé de l’apparenter à d’autres personnages d’ailleurs tout aussi imaginaires : Hephaistos ou Ptah, par exemple. Mais, chose curieuse, le plus proche parent du terrible Akli kabyle est un personnage présumé historique de l’autre côté du Grand Bleu, et pas seulement…
 

RAPPEL
Akli est un prénom masculin kabyle, qui prend parfois un préfixe Mohand, Muh pour donner un prénom composé : Mohand-Akli dit familièrement Muh’dh’Akli. Ce prénom kabyle Akli, avec deux autres noms kabyles, Thiziri (fém.) et Idir (mas.) auraient très probablement un lien direct avec la Césarée (Maurétanie Césarienne) et donc Alger. Voici les rapprochements faits précédemment (hypothèses) :
Akli : Jules, Charles ; Idir : Victor ; Thiziri : Victoria, Résurrection.
Le nom commun akli, iklan au pluriel, contiendrait la racine /KL/ (k aspiré) de mouvement, désignait jadis une caste de la société kabyle et on est d’ailleurs dans le même cas de figure chez les Kel Tamacheq dits Touaregs : caste des iklan (esclaves). De nos jours, en Kabylie, le terme akli désigne surtout un métier : boucher ; enfin bref, akli est boucher (c’est lui qui, selon la tradition kabyle, doit opérer au sacrifice de l’agneau de l’Aïd) ou bourreau, boucher, esclave/serf et, on sous-entend, un homme de couleur, un noir. A l’opposé, certains n’excluent pas une relation entre /KL/ (k fortement aspiré) et /GL/ (k/g légèrement aspiré), soit un lien entre Akli et ag’lidh « roi, prince » en kabyle.
La racine /KL/ ou /KhL/ éclatée, associée à un suffixe diminutif (us/ouche) a donné aklush/aklouche « bâtard » en kabyle et akahlus/kahlouche « nègre » en kabyle et en derdja nordafe. Signalons que notre Kahlouche serait peut-être simplement l’équivalent de Carlos, Charles chez les voisins d’en face. Il faut retenir que cette racine /KL/ indique en kabyle le mouvement, la marche (thikli) et le sol, la terre (akal).


JC AKLI
Le rapprochement suivant aurait pu être fait bien avant, mais chaque chose en son temps, l’intérêt étant d’en tirer de nouveaux indices, de nouvelles pistes qui nous permettront de déchiffrer la vraie symbolique de ces noms mythiques que les « grandes écoles de traducteurs », qui s’en revendiquent !, n’arrivent pas à nous expliquer. Voici le parent proche du terrible Akli, un autre épouvantail mais plus soft et « personnage historique » en plus !
Akli w'zal des mythes kabyles ~ Jules César présumé empereur et général romain 
Pas étonnant que l’on marche au calendrier julien au pays du terrible Akli )) Si vous saviez combien de portes nous ouvre ce rapprochement Caius Iulius Caesar vs Akli w’zal… En voici une, bien illustration :

https://4.bp.blogspot.com/-TzkgL09CQT4/WbLRCJZ1j0I/AAAAAAAACiY/uyKLbXdrwxc3PTAwemwJ3O1bCOEkfwE3ACLcBGAs/s1600/ouyahia-et-m-le-president_847411_679x417.jpg
Oui, s’il fallait mettre un visage sur un nom, en l’occurrence sur Akli w’zal, on doit prendre celui de l’actuel PM à Alger, Hmedh U’Yahia (Ahmed Ouyahia). Le nom du terrible Akli, Akli w’zal, serait non pas un nom propre, mais le nom d’une fonction précise : chef de l’exécutif. Bref, Akli prendrait le sens de « premier » ou plutôt « général » et WZL kabyle dans w’zal/u’zal « diurne, de midi sonnant (soleil au zénith)» serait l’équivalent du WZR de vizir, wazir « ministre ». En somme, Akli – général, Akli w’zal « ministre général », grand vizir ou premier ministre. 

On ouvre une parenthèse maintenant. WSR serait sans doute un peseur (WZN) voire même un argentier, et c’est la figure d’Osiris qui se profile d’abord pour nous donner des explications, car disons-le clairement, seule l’Egypte ancienne peut être une, LA vraie référence pour nous. Ensuite, on vient de voir que le nom Akli est digne d’un Général, un meneur d’hommes, un décideur, direct et très droit ! Géométriquement, ça nous renverrait aux notions de rayon (radius) et/ou arc, on y reviendra plus tard. On ferme la parenthèse.


Alger justement, sa Redjla (Thirugza en kabyle), sa Régence « turque » médiévale, la Maurétanie Césarienne de l’antiquité… Maure serait venu du grec mavro « noir, sombre », mais quel serait l’équivalent local de Maure en kabyle, en berbère en général, voire même en arabe ou derdja nordafe ? idem pour Maurétanie Césarienne ? Il n’y a aucune réponse officielle, c’est simplement une honte. On va y remédier, si vous permettez.


La légende du terrible Akli w’zal nous renvoie à un temps de la journée bien précis : soleil au zénith. C’est le 1er indice. Ensuite voici une belle perle, je suis convaincu que vous n’y avez jamais pensé :
Argaz « 1.Homme ; 2. Mari » en kabyle et en berbère en général = 1. Archer ; 2. Eros
Idem d’ailleurs pour Radjel (homme, mari) en arabe ou Raja des hindous : c’est un titre aussi, Régent, Roi, Arkhô « mener, gouverner » en grec (d’où Archi-) ou organisateur tout simplement. Argaz = Archer est notre 2ème indice. 

Dans une famille patriarcale traditionnelle, Argaz ne doit obéissance qu’à son père, l’argaz-prédécesseur, Amghar « 1. Vieux, grand-père, patriarche, chef de famille/clan ; 2. Beau-père (pour la bru) ». Le titre Amghar présent chez tous les Berbères ou presque (Kabyles, Chaouis, Kel Tamacheq, Rif) serait comparable au titre Cheïkh chez les Arabes ou arabophones nordafs. Logiquement, Argaz serait le chef de l’exécutif (gouvernement) et/ou de l’armée (le glaive), tandis que Amghar serait le chef spirituel (sage, prêtre, guide) et/ou serait aux commandes du pouvoir législatif (assemblée, parlement).

Tranches d’âge, divisions du temps (journée), succession – on y est presque ! Voici, par exemple, ce qui différencie Alger du Maroc – tout est question d’âge et de vocation :
Argaz « exécutif, martial » du soleil au zénith pour Alger : époque Médiévale, voire Moyen Âge
Amghar « législatif » pour Maurétanie (Césarienne, Tingitane, Sétifienne), Maroc, Maghreb « soleil couchant » : anciens, antiquité.


Mavro « noir » en grec pour le Maure, donc pour la Maurétanie Césarienne antique (un royaume normalement) aussi, pourrait-il être issu de Amghar en berbère (voire MQR de amuqran « legrand »), lui-même ayant une interférence avec le masri-arabe gharb/maghrib « occident, soleil couchant » ? On va marquer une pause avant de tirer les bonnes conclusions, on se contentera pour le moment du « nuage » d’indices (Amghar-Argaz, Akli, Idir, Thiziri) susceptibles de nous apporter des éléments de réponse concernant l’histoire et l’interprétation authentique des noms d’Alger, Césarée ou Maurétanie Césarienne, Maure, etc. NB : Intuitivement, je comprends que l’argent métal, symbole très important pour les Kabyles notamment, serait un autre indice qui expliquerait le « code source » d’Alger, Césarée ou Maurétanie Césarienne, cependant je n’arrive pas à faire lien pour le moment, à part l'hypothèse qui veut que le Grand Vizir soit un peseur et un argentier, ou carrément de foi ardente (du maure !), patience donc.
 

LA référence reste, bien évidemment, l’immense Egypte ancienne. Cette histoire du terrible Akli, de la comparaison Argaz-Amghar au sens de soleil au zénith (Akli w’zal désormais Grand Vizir) vs soleil couchant ou vieux (amghar) me semble venir droit d’un système très ancien de l’Egypte ancienne : la triade d’Heliopolis, avec Khepri le nom du soleil naissant (levant), la divinité ou pour le soleil au zénith et Atoum pour le soleil couchant. Bref, il faut maintenant vérifier si la légende kabyle du terrible Akli w’zal ne serait pas venu du mythe égyptien ancien du dieu Rê/Râ…

A prochainement !