On a parlé précédemment du folklore et de la force de l’image. Eh bien en pays kabyle, on est bien servis en la matière ! Voici une fantastique randonnée en Kabylie, en mots et images, qui, une nouvelle fois, nous démontrera combien le terroir kabyle est riche, très riche en termes de mémoire.
Visite en Kabylie profonde, chez le laboureur de champs (accidentés il faut le souligner), le vénérable Dda Ali (visionner la vidéo). Le labour (thayarza) en Kabylie diffère à peine de qu’il était dans la haute antiquité : le fellah (agriculteur) ou a-mekraz (le laboureur) attèle une paire de bœufs (thayuga) et manie la charrue attachée au joug pour labourer le champ, comme sur cette illustration de ce métier en Egypte ancienne.
Maintenant, si vous permettez, je vais me permettre de remuer de fond en comble votre cerveau pour la bonne cause : tirer le maximum de cette image du laboureur. Prenons l’image ou plutôt l’icône du laboureur à pied d’œuvre :
Maintenant je vous propose de la regarder la terre vers le bas, la même image mais symétrique (voir ci-dessous). Armés de notre lexique correspondant, quel autre métier que celui de laboureur de terre voyons-nous sur cette image ? Ce pas est fondamental pour la jugeote kabyle, car si notre langue regorge de fables, d’expressions imagées jusqu’à présent, c’est que l’algorithme de la langue kabyle s’y prête. Et aujourd’hui, en plus de mieux comprendre sa langue, il faut aussi savoir en faire un meilleur usage et l’aiguiser comme une arme. Alors que voyons-nous sur cette image si on l’a transposait sur un autre élément que la terre : le feu (une autre fois), l’air ou l’eau ?
KRZ de krez « labourer, sillonner » en kabyle va le plus normalement du monde s’apparenter… à la charrue, le Plug en russe ou Plough ou Plow en anglois et avec la notion de « Densité » en russe plot "chair, corps", plotnost "densité", plotnik « menuisier-charpentier » (le métier de Jésus) et surtout – ici le Kabyle Dda Ali, le laboureur de terre kabyle va prendre un pied marin et devenir un Carthaginois maître de la mer Méditerranée – avec la notion de Flotte, de flottabilité d'un corps expliquée par sa densité (poussée d'Archimède). C’est sans appel, le détail sera rapporté ultérieurement si nécessaire.
On retourne l’image de 180° pour la remettre à sa place usuelle. Anglois, take gare (gare à vous, quoi !) Cette idée de tourner-retourner l’image-icône du laboureur m’est venue alors que j’avais la tête en bas et pendante et la pomme d’Adam tombante en train d’observer le monde à l’envers. Je ne sais ce que Sir Isaac Newton a reçu comme pomme sur la caboche, mais je suis sûr d’une chose : une loi universelle est une loi qui marche dans les deux sens : dans le sens droit (normal) et inverse (symétrique), tête en haut et tête en bas. D’une certaine façon, c’est une loi valable pour un hémisphère (nord, droit pour le cerveau supposons), comme pour l’autre (sud, gauche pour le cerveau supposons). Et cette loi, c’est la Mesure. En kabyle, c’est KTL de k'thill « mesurer » car le laboureur kabyle comme Dda Ali sillonne donc quadrille le champ et le mesure avec ses pieds (podomètre)… qui s’apparente naturellement au terme supposé grec Katolikos « général, universel » qui a donné Catholique « universel ». C’est le principe de Loi Universelle, en kabyle on diraita plutôt Mesure Universelle ou simplement K'thill. Bref, la découverte de la Loi Universelle de la Gravitation est aussi sur cette image du laboureur tourné et retourné, elle fera objet d’un billet à part le moment venu, les jours de Newton sont comptés en tout cas.
Equinoxe
Cette mesure catholique, valable dans un sens comme d’un autre, témoigne d’une égalité ou équivalence. Par exemple, la hauteur d’une tige (ou bâton vertical ou de la Grande Pyramide de Gizeh) égale à la longueur de son ombre, donc le soleil fait 45°avec la verticale. Ou bien deux côtés d’un triangle isocèle. Ou bien le versant illuminé (a-samar) est égal au versant ombragé (a-malou). Ou tout simplement la Terre à l’équinoxe de printemps et d’automne, justement aux périodes de labour en pays kabyle et pas seulement. Le labour pourrait être ainsi apparenté aux équinoxes, harthadhem serait alors l’équinoxe d’automne. On y trouverait aussi la notion d'Equation. Tranposée sur notre astre satellite, ce fifty-fifty universel donnerait une demi-Lune.
Harthadem
Selon le calendrier agraire kabyle, Harthadhem (Hartadem) est la période de labours de fin d’automne. Ce n’est le verbe kabyle KRZ krez « labourer, sillonner » mais la forme arabe/masri HRT mehrath « charrue » qui est utilisé. On dit aussi kredh « creuser-gratter » en kab. L’intérêt est ailleurs : harthadhem n’est utilisé qu’en kabyle et il est exactement le même que Kerthagen ou Cathagen pour Carthage, Carthaginois. C’est sans appel, et ce thème sera développé dans un billet à part le moment venu. Pour le petite histoire, celle qui va venir plus loin, le terme Hartani « fou amoureux, amateur de femmes/de sexe ou sorte d’obsédé sexuel » vient de là, de harthadhem. Ce terme hartani pourrait être en lien avec les Haratins ou "maures noirs" (pléonasme !) de Mauritanie et serait notre équivalent du grec értythréen pour « rouge ». On y reviendra.
Tayarza
Quelle autre hypostase sied à notre laboureur kabyle Dda Ali et quel serait le terme grec à rapprocher du kabyle krez « labourer, sillonner » et tayarza « labour » ? La réponse va vous faire "vaciller" : Eros, d’où érotique. Eh oui, tayarza « le labour », c’est Erotika ! et notre laboureur kabyle est Eros. Pour faire simple, « laboureur » = « amoureux ». Le labour est l’amour, pas autrement ! On développera ce thème séparément surtout que Eros en grec est Cupidon en latin et Amour chez Apulée (ici le lien avec le cœur « ur, ul »n voire même de hemel "aimer" en kab serait indéniable).
Marathon
Notre laboureur kabyle Dda Ali a peut-être une tête de maure aves son turban de fellah « agriculteur, paysan », mais c’est une tête ! Il témoigne du fait que le métier de laboureur est un métier noble même s’il est pénible : c’est un métier de marathonien. La notion de « fois », en kab thi-kelt, avridh plus mera que l’on partage avec le masri/arabe, serait liée à la tête ("tête de maure") et au labour. Marathon serait 40 dans le système de mesure. Bref, ce thème de marathonien sera développé ensemble avec le thème de Carthage dans un billet à part prochainement.
Le Chemin de Croix
Maintenant voyons l’aspect ou l’interprétation de cette image du laboureur qui se retrouverait dans les textes religieux. Il suffit de regarder l’image ci-dessus d’une scène qui date de l’Egypte ancienne. La croix ansée Ankh "vie" des anciens Egyptiens y est. Notre marathon évoqué ci-dessus va simplement devenir le Chemin de Croix, et l’indice de 40 serait la durée (quarante jours) du jeûne chez les Chrétiens qui se termine par le Vendredi saint. Logiquement, le Ramadan « jeûne, carême » chez les Musulmans selon le calendrier hégirien équivaudrait au « marathon », à Harthadem « labours de fin d’automne » sur le calendrier agraire kabyle. A démontrer.
Pour terminer, une toute petite comparaison. L’attelage dans le pays kabyle est apparenté surtout à tha-yuga (2, la paire de bœufs de trait), dans le pays russe il l’est à la « troïka », trois chevaux, 3. On peut en tirer beaucoup de choses intéressantes, et la première d’entre-elles est que « thayuga » kabyle et « troïka » russe nous amènent droit aux notions de… triangle, diagonale, et de Géométrie plus globalement. Eh oui, notre laboureur ou le « maître des bœufs » - vu-yzgaren ou Bouyezgarène en kab – est non seulement un géomètre (il mesure la terre qu’il laboure) mais aussi un fin calculateur, mathématicien et spécialiste ou prof de géométrie !