Nous allons voir trois choses principales dans ce billet. Primo, comment la transcription de la langue kabyle doit tenir compte de l'expérience de son environnement immédiat (les langues romanes) en la matière et à quel point nous pouvons nous tromper dans la perception des emprunts, faux ou vrais, dans la langue kabyle. Secundo, on va voir une preuve tangible et irréfutable de la relation entre la langue kabyle moderne avec le punique (le phénicien d'Afrique du Nord pour le différencier du phénicien conventionnel tenu pour sémitique exclusivement) et, via même ce "pont punique", avec l'ancien égyptien. Tertio, on va pouvoir aller plus loin que les égyptologues les plus avisés dans l'interprétation de l'ancien égyptien à travers un exemple concret pour montrer combien le monde moderne, ses langues avec, doit à l'immense civilisation égyptienne ancienne.
Le pluriel n'a pas forcément la même racine que le singulier, c'est la langue kabyle. Les yeux allen, l'oeil thidT (Tiṭṭ en kabyle conventionnel), par exemple. L'oeil kabyle est transcrit comme vous le voyez avec un T généralement affixe du féminin, alors que l'on aurait dû prendre l'exemple de la langue espagnole qui écrit C ou S et prononce Th comme dans Sevilla ou aceitunas (olives). ThidT transcrit Cidt ou Sidt change complètement la donne et nous permet de comprendre l'origine et toute l'étendue de ce mot comme on le verra plus loin dans le texte.
Ensuite il y a le problème de faux-amis ou d'emprunts, ou considérés comme tels, dans la langue kabyle. Par exemple, l'hiver en kabyle est le plus souvent désigné par shethwa (cetwa en kabyle conventionnel) que la plupart considèrent comme un emprunt à l'arabe shita1 (hiver) alors qu'il n'en est rien comme nous le verrons plus loin ; et en conséquence, on préfère à ce terme shethwa le terme thaghrest (tagrest) considéré comme un vernaculaire. En réalité, les interférences existant entre la langue kabyle et la langue dite arabe sont essentiellement dues à l'égyptien, donc à un fond commun. C'est dire qu'en réalité la langue kabyle n'aurait strictement rien emprunté aux langues sémitiques y compris à l'arabe des vrais Arabes d'Orient, et il serait juste de considérer aujourd'hui que l'ancien égyptien aurait servi de substrat à l'arabe et même à l'hébreu.
Voici maintenant le "pont punique" (ou phénicien d'ADN) :
ThidT (Tiṭṭ) "oeil" en kabyle = Teth "roue" en phénicien d'où thêta en grec
les deux étant équivalents à l'hiéroglyphe égyptien "cercle autour d'un croix" représentant la ville (village), la cité que voici :
J'ignore sa valeur phonétique, s'il en a une lorsqu'il est isolé, mais dans certains cas il donne njw.t [niout]
Cette croix dans un cercle est la roue phénicienne Teth et l'oeil kabyle ThidT.
Ce dernier devrait être transcrit à l'espagnole : cidt ou sidt.
On a ici la trace de stare ou assis/siège avec en tout cas le sens de "constante" en latin, de zyth (huile d'olive) en kabyle, zeytoun (olivier) en arabe, aceitunas (olives) en espagnol, etc.
Que signfie cette croix dans un cercle de Ville en ancien égyptien ?
Cité : ce terme en latin vient de là, de Teth phénicien, Thidt (oeil) en kabyle.
Shehwa ou Cetwa (hiver) en kabyle serait aussi issu de là, l'arabe shita1 aussi, shtaa (pluie) en algérois (nouw pour la région oranaise) aussi. Le terme kabyle tagrest (hiver) vient de la racine /KRS/ (se cristalliser, givrer, la glace) comme la Crux (croix) en latin, comme quoi...
Palais ou Résidence d'hiver : tel serait l'un des sens de ce carré dans un cercle.
Gouvernail (barre), gouvernement : c'est aussi le sens contenu dans cet hiéroglyphe.
Et il pourrait être une boussole, une montre, une assiette (un plat), une table, un plan, etc.
Quelle est la valeur numérique de cette coix encerclée égyptienne de "ville, cité" ?
04 : possible, mais aucun sens rationnel n'y est contenu ;
40, quarante : here we are ! On tient ici peut-être l'explication de quarante dans le nom de la ville numide Cirta (QRT) et de Carthage (QRT.HDST) - relisez les archives à ce sujet -, qui devint plus tard Constantine simplement parce qu'il s'agit ici de notion de Quarantaine (Xanti en grec) = Constante pour ville, cité. Une ville isolée, c'est l'enceinte ou la muraille de la cité. On peut affirmer par la même occasion que Roue, Roda en romanes est amputée d'un Q de tête QR, QRT en kabyle qui se trouve dans QRT de Cirta, Carthage justement et cette racine /QR/ de QRT ne peut pas être sémitique par définition quoi qu'on dise : oeil est 'ayn et tête ras en sémitiques. La notion de Quart, quartier en latin semble par contre très liée à QRT de "ville" de Cirta, Carthage, tout comme probablement le grec Kratos (pouvoir) dans démocratie par exemple.
Pi : cette croix dans un cercle avec le sens de "constante" serait peut-être le chiffre Pi (3,14) qui exprime le rapport constant de la circonférence d'un cercle à son diamètre.
Un autre sens plus proche que nous attribuons à cette croix à quatre branches dans un cercle de "ville" en ancien égyptien est dans doute un terme venu du grec, et pour le trouver, il nous faut encore une fois remuer le grenier, la forteresse : Agadir.
agadir est un terme attesté en phénicien conventionnel (d'où les toponymes Agadir, Cadix) et en kabyle et mazigh (berbère) plus généralement, où il serait g + /DR/ pour ag-adhir (grenier, forteresse), ig-idher (aigle), la racine /DR/ attestant le sens de Être, Exister (vivant) et de village tha-darth. En d'autre mots, agadir (grenier, forteresse, citadelle) et tadart (village) seraient liés, la relation avec quaddra (carré) en latin n'est pas à exclure, mais c'est surtout le grec qui nous intéresse :
Cathédrale
serait l'un des sens de cette croix encerclée égyptienne. Le terme grec hedra (siège, base) serait justement comparable à la racine kabyle /DR/ de "exister, être, village" et kabyle-mazigh/phénicienne de agadir/cadix ; cata/kata "vers le bas" pouvant être l'équivalent de cetwa "hiver" (pour les précipitations qui tombent, la pluie surtout) chez nous. Remarquons que pour une église, une croix aurait suffit ; par contre la croix dans un cercle des anciens égyptiens devraient renvoyer vers la Cathédrale avec le sens de Siège voire Évêché.
Le sens le plus général de cette croix à quatre branches dans un cercle de "ville" en ancien égyptien serait probablement le suivant :
ETAT (state en anglois)
C'est la notion de Village-Etat (le cas de thadarth "le village" en kabyle où /DR/ est avant tout Être donc Etat), plus connu comme Cité-Etat comme Carthage par exemple.
D'autre part, en termes de notions de mesure, je crois comprendre que cet hiéroglyphe de croix dans un cercle contiendrait la notion de Stade, unité de mesure de longueur qui valait 157,70 mètres chez les anciens Egyptiens. 157,70 mètres, c'est d'une précision qui me laisse pensif, car ça aurait été arrondi, càd à 160 mètre, que j'aurais sur le champ supposé que cette croix dans le cercle signifierait quatre fois quarante où 4 est la croix et 40 la circonférence ou le cercle.
Voilà, nous venons de voir d'un oeil kabyle et sur une roue punique (phénicienne d'ADN) tous les sens qui pourraient se cacher derrière un simple hiéroglyphe égyptien jusque-là non-exploité, pas à fond en tout cas, notamment le sens de Cité, cité-état, cathédrale et siège. On verra dans l'un des prochains billets comment la version grecque de ville, à savoir Polis va être interprétée différemment, avec un oeil kabyle neuf. On peut juste souligner que l'hiéroglyphe que l'on vient de voir plus haut de "Cité" aurait une relation aussi avec le terme kabyle de Branche (tha-sedta), autant vous dire que la ville grecque Polis est un détail de cette branche :)