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vendredi 1 avril 2016

La parabole d’Isly

World lost in translation

Le mythe fondateur kabyle et berbère d’Anzar et de sa mariée/fiancée th-isly-th (tislyt) l’arc-en-ciel aurait une dimension insoupçonnée. En règle générale, c’est un rite propiatoire célébré en été durant les périodes de sécheresse, Anzar étant le « faiseur de pluie », le dieu des eaux douces, des fleuves, etc. Le récit kabyle, un brin érotique, est raconté sur cette vidéo. Je suis à peu prêt sûr que ce mythe ancien serait « mondial » et se retrouverait dans les traditions des autres peuples, y compris ceux de l’antiquité. Pour le moment il est difficile de le situer et d’identifier les divinités équivalents de l’époque punique de Carthage (peut-être Tanit), de l’ancienne Egypte ou de l’époque sumérienne très intéressante dans ce contexte : Anzar de chez nous serait comme le dieu Enki, et Tislyt sa mariée serait peut-être comme la déesse Ishtar. Mais il y a des histoires plus fraiches de nations plus jeunes qui s’y prêtent mieux pour notre mythe. 

Le mythe kabyle décrit le dieu des eaux douces et des fleuves comme celui qui coupe les flots à l’humanité depuis le jour où il a vu dans une rivière se baigner nue une jeune fille d’une extrême beauté ; depuis, il réclama celle-ci en mariage pour « rouvrir » les robinets. Voici une autre version de ce mythe de la Belle et de la Bête, et elle est russe. Le dieu Anzar kabyle va devenir un Dragon dit Zmey Gorynitch, une hydre, un serpent (dans le sud de la Russie il est associé à la sécheresse) qui s’empare des jeunes et belles filles, notamment de Vassilissa Prekrasnaya (la Belle). C’est bien de s’intéresser à la culture des autres peuples, et je salue l’auteur de la traduction de Vassilissa la Belle en berbère sous le titre « Vassilissa Tafalkayt », mais il y a un problème de traduction, dans le nom… Il est facile de comprendre, en comparant les deux mythes (Anzar et Tislyt vs Dragon et Vassilissa) que le nom de la Belle, càd Vassilissa en russe serait l’équivalent du kabyle et berbère Thislyth (Tislyt) la « mariée/fiancée, bru ». Le russe étant éloigné de nous, je présume que le lien se ferait à travers le grec (byzantin), ce qui nous donnerait une explication excellente d’un terme kabyle et berbère sans doute le plus beau : Isly le « marié, fiancé ». Voici à quoi il peut être comparé :
Isly en kabyle ~ Basileus « roi » en grec ancien : voir le lien avec Auguste pour le latin ;
Isly en kabyle ~ Vassily (Vassilissa au fém.),prénom russe, slave, Basile en français.
 

Si l’on revenait à la fabuleuse image du janissaire ou au billet « Adieu ma jolie » au sujet d'Alger, on dirait que le Janissaire va être Anzar, le Gontchar « potier » et (sur le plan folklorique) le dragon en russe ; mais c’est la version la plus récente de cette très ancienne légende qui nous intéresse, à savoir la version « arabo-musulmane » :
Isly en kabyle ~ Rassoul « messager » en masri/arabe
(Le russe rapproche Poslannik « messager » de Posol « ambassadeur »)
Et plus encore : Abbasside serait une autre forme de « Messager », et donc « Ambassadeur », de Isly ou Basileus en grec surtout : Abasside (ambassadeur ?) avec D au lieu de L : le grec Basileus s’arabise en Basideus pour Yazid ? et abbasside. Enfin bref, en kabyle, tous les noms et toponymes correspondants à consonance masri/arabe (Abbas, Ath Abbas, etc.) peuvent être remplacés d’ores et déjà par Isly.

On comprend aisément qu’il y a le sens de « nouveau » et de « message » (nouvelles, écritures) dans Isly, Basileus, Rassoul. Mais quelle serait la signification exacte de ce mythe vieux comme le monde ? Quel sens exact porterait l’arc-en-ciel la « mariée » (Tislyt) du dieu Anzar ? Outre l’aspect pratique (rite d’obtention de la pluie, période de noces), il peut s’agir de la fête des lumières (d’où l’arc-en-ciel dans ce mythe) en été (juillet, août), mais la version la plus probable voudrait que ce mythe soit une parabole qui raconte l’apparition de l'écriture et, par extension, de telle ou telle religion, ou plutôt d’une « nouvelle religion » apportée par le « dernier messager » donc. Là on peut se demander, sur le plan religieux, si la proximité phonétique entre le terme kabyle Isly le « marié » mais aussi Basileus et Messager et les termes Islam, rissala « message » en masri/arabe est fortuite ou pas ?


A vrai dire, c’est la date d’apparition de l’écriture ou de l’alphabet (le premier ?) qui m’intéresse dans cette histoire. Le terme "phénicien" au sens de "écriture, alphabet" ne serait-il pas lié au dieu Enki des Sumériens ? L’arc-en-ciel (tislyt « la mariée ») qui personnifie le dieu Anzar dans le version kabyle et berbère de ce mythe constitue un élément clé pour donner une définition aux Ecritures. Vous savez, j’ai tout simplement tapé sur Wikipedia les désignations de l’arc-en-ciel dans différentes langues, et une langue inconnue jusque-là a tout particulièrement retenu mon attention : Eysa Fatma pour arc-en-ciel en zazaki (langue iranienne ou kurde). Tiens, pourquoi leur mémoire collective a retenu « Fatma » ?

Revenons chez nous, comment lier l’arc-en-ciel de Tislyt de Anzar à l’écriture et aux Ecritures ? Il faut regarder l’image ci-dessus, la forme de l’arc-en-ciel et se rappeler du terme correspondant en kabyle, arruw, arrou « écrire » qui va, eh oui !, s’aligner sur arrow « flèche » en anglois qui aurait, dit-on, donné Arc en français/latin. Bref, Ecriture rime avec la forme d’Arc. Vous n’avez pas, j’espère, oublié complètent ce qu’est la géométrie :) Bien, notre arc est tout simplement une parabole, le sommet ver le bas il est vrai. C’est que les Saintes Ecritures seraient des Paraboles par définition de l’homme intelligent. Des métaphores, des allégories, des mythes, des légendes, des fables avec une morale. 

Hélas pour l’humanité, il s’est trouvé des hommes qui ont en fait une interprétation biaisée : Saintes Ecritures ou Message divin au lieu d’Ecritures, et Dogmes au lieu de Paraboles. Et ces types-là détiennent le monopole de la pensée depuis des siècles, un vrai gâchis pour l’humanité plongée dans l’obscurantisme des « marchands de dieu » et de leurs créatures monstrueuses : fondamentalistes, inquisiteurs, pédophiles, égorgeurs, terroristes et j’en passe. La bigoterie a eu raison de l’humanité, de l’intelligence durant des siècles. C’est le résultat d’une interprétation au pied de la lettre au lieu d’une interprétation herméneutique des mythes anciens, des Ecritures. 

Cette interprétation littérale et dogmatique des mythes anciens par le « clergé mondial » serait peut-être due à leur malveillance, peut-être, mais c’est surtout une preuve irréfutable de leur incompétence : ce sont tout simplement de piètres traducteurs de textes qui les ont précédés, de mythes de peuples qui les ont précédés, je pense notamment à l’Egypte ancienne et même à la civilisation sumérienne
L’humanité abusée par de piètres traducteurs...
Le monde entier lost in translation... 
Mais quel gâchis !

PS:
Vous l'aurez compris, Isly le "marié" est aussi un "traducteur", comme tout Messager ou Basileus (vicaire ?).