De La Fontaine
Au commencement était le verbe, nous dit-on. La parole a-t-elle précédé la lumière dans notre monde ? Scientifiquement c'est impossible. Cependant, sans la parole, l'homme ne serait jamais devenu ce qu'il est est : un être très développé et complexe, le joyau de l'évolution. Il n'aurait jamais pu créer de civilisation et aurait sans doute connu le sort d'autres espèces condamnés à disparaître. Au commencement était la parole, c'est donc une constatation juste du fait que la pierre angulaire de la civilisation humaine est bel et bien la parole (la langue par extension après le passage de l'oralité à l'écriture). Depuis les berceuses aux récits les plus complexes, en passant par les contes, mythes et légendes, ou l'art littéraire, l'homme a su développer ses capacités intellectuelles grâce aussi au verbe, en cultivant et en échangeant la parole. L'humanité possède aujourd'hui un patrimoine fabuleux en matière de contes, récits, fables, légendes, mythes, religions, littérature, sciences, etc. Mais par où tout commença alors ?
Cap vers le sud de la Méditerranée pour voir l'exemple kabyle, la dernière civilisation "orale" méditerranéenne du sud authentique toujours en vie (pour combien de temps ?). Le monde des p'tis Kabs est richement meublé de personnages fabuleux tout droit sortis des mythes. L'oralité kabyle, cultivée dans chaque famille, compare le conte kabyle tantôt à un fil, tantôt à un cours d'eau. Dès que l'on passe de l'oralité à l'écriture, le narrateur doit être impérativement nommé - droits d'auteur obligent :) -, et il doit y en avoir qu'un seul auteur. Ainsi, au nord de notre Méditerranée, les contes et fables sont de nos jours associés non pas à la tradition populaire française, et donc à des auteurs anonymes, mais à un auteur bien précis : Jean de La Fontaine, que l'on aurait pu probablement désigner Lwennas Talla en kabyle, Juan de La Fuentes en espagnol, etc. On pourrait aussi le désigner en kab Dda La Fontaine au vu de sa contribution et de ses mérites, mais il y a un petit truc qui me gêne dans cette histoire : le nom Fontaine de cet "auteur" de contes et fables, l'Esope français.
Thalla "la source, la fontaine" en kab va nous aider à comprendre une lettre qui pose un problème majeur en kabyle : Th ou T - on dit Thalla "la fontaine" et Talla au génitif au lieu de n' Thalla "de la fontaine" -, qui est l'affixe du féminin par excellence. Effectivement, il n'existe pas de formule pour extraire le masculin d'un féminin qui n'en possède pas un en langue kabyle, comme c'est le cas pour Thalla "la source/fontaine", Thiziri "le clair de lune", etc. On a effectué plusieurs tentatives plus ou moins intéressantes pour tirer la racine ou former le masculin de tels mots, en voici une nouvelle :
TH ou T kab en préfixe uniquement ~ PR en latin et IE
C'est une hypothèse de travail et à peine si l'on peut la généralise pour le moment. Néanmoins, il existerait bele et bien une équivalence entre le TH kabyle et le PR latin, grec et en langues dites IE pour les préfixes Pro, Para, Peri-, etc. Voici trois exemples d'illustration s'en assurer et pour aussi baliser ce passage :
tha-Zali-th (tazalit) "la prière" en kab, salat en masri/arabe, équivaut à... prosélyte ;
tha-zdhay-th (tazdayt) "le palmier/dattier" exprime l'idée de présenter (un cadeau), de Prix, prime : la palme du vainqueur connue depuis l'antiquité ;
thi-lleli (tilleli) "la liberté" exprime l'idée de parallèle : on est libres si on ne se croise pas :)
Ainsi, cette formule d'équivalence - qui constitue un outil de travail avant tout - nous donne logiquement ceci :
Thalla "la source, la fontaine" en kab ~ Parole, Parler en latin
Le terme kabyle awal "la parole" serait plutôt le verbe ou la fable (issu de faba "fève") ; le verbe ini "dire" en kab renvoit plutôt au puits anou en berbère dit aussi lvir en kab moderne.
La créature qui habite les sources, thallafsa "l'hydre, serpent des eaux" pour les grandes sources, ou son diminutif lafaa en kab, utilisé aussi en argot arabe nordaf lafa3 "vipère, voire même couleuvre" serait probablement la nymphe dans la tradition greco-romaine.
En réalité, il y aurait une explication encore plus convaincante du terme kabyle Thalla et de la correspondance du TH kabyle au PR grec ou latin, et c'est dans une racine commune au kabyle (berbère en général) et au phénicien qu'elle se trouve :
CT ou KT (kath) "battre" en kab, GD (gadh) gad "rempart" en phénicien dans Agadir ou ugadh "(avoir) peur" en berbère, WD (wada) de "bas" en kab. Cette racine de battement ou de pouls, pulsation ou de vibration Kath, Gadh serait celle de Compter aussi, et pas seulement de Mesurer (KTH-L de kthill "mesurer" en kab), ou Conter et de la Source "surgir" de Thalla. Une Colonne d'eau, voilà ce que serait cette racine KT ou GD punico-berbère. Et c'est aussi probablement la même que celle du LIvre en kab tha-kthav-th (taktabt) pour manuscrit probablement, supposé emprunté au masri/arabe al-kitab "le livre"... La vérité est que Livre en fr. serait le même terme que le puits Lvir en kab, al-bi1r en masri/arabe, et pa seulement ! La racine KT (kath) ou GD (gadh de Agadir/Cadix) punico-berbère, inexistante en masri/arabe du moins pour le même sens : dhreb "battre", 3yan "source, fontaine" en sémitique-arabe, est en relation avec Thalla "la source/fontaine" et ses hydres/nymphes, et avec le nom d'un personnage mythique qui apporta les écritures, soit l'alphabet phénicien aux Grecs anciens :
CADMOS le fils de Téléphassa, autrement dit de Thallafsa "l'hydre, serpent des eaux" en kabyle et en berbère, càd la créature qui habite Thalla "la source/fontaine" !!!
C'est sans appel : c'est bien la réalité kabyle qui explique le mythe de Cadmos, de la parole et des écritues, alors pourquoi en attribuer la paternité aux camarades marchands d'Orient, aux "arabes" notamment, hein ?!
Le nom de Cadmos porte la racine KD ou GD punico-berbère "battement/pouls ?, rempart" qui pourrait signifier aussi "goutte" ou "jet d'eau, gicler", du reste il faudre lui trouver une explication, et Cadmos fils de Téléphassa (soit Thallafsa "hydre" en kab ou voire même "nymphe") serait simplement Cadmos Talla ou Cadmos de La Fontaine.
Pour terminer, signalons que le terme kabyle Thalla (ou Talla) "la source, la fontaine" se retrouve ailleurs : en argot arabe algérois Mouh Twill "Momo le le grand de taille" serait Mouh Talla en kab :), et tawill "long" en masri/arabe : le conte kab commence souvent à Thalla "la source" et se veut être long comme un fil ou un cours d'eau ; en anglois avec le terme Tale "conte, récit", en latin (romanes) aussi pour taille, tailler : c'est bien la goutte d'eau qui creuse la pierre, c'est l'eau qui taille la roche, c'est bien l'oralité qui a fini par se cristalliser et aboutir à l'écriture. Et tout serait partir de Thalla, la source d'inspiration intarissable du génie humain, la fontaine chantante d'abord (oralité) et dansante ensuite (écritures) ou l'image qui épouse le son, la goutte d'eau qui réfléchit la lumière (voir notre mythe fondateur d'Anzar et de sa mariée l'arc-en-ciel). C'est Thalla - la fontaine musicale de l'homme, le berceau de l'humanité