Mais quelle est cette impulsion qui fait que tous les enfants du monde éprouvent un malin plaisir à sauter dans les flaques d’eau ?! Le désir de marcher sur l’eau comme un certain personnage (imaginaire) ? Peut-être est-ce là un vieux rêve de l’humanité de sonder les fonds aquatiques tout aussi vieux que celui de voler dans les airs ? Je n’ai pas de réponse à cette question. Sauf que… Sauf qu’un parallèle s’impose de lui-même si l’on regarde la photo-ci-dessous, et c’est peut-être cette vielle tradition de fouloirs qui fait que les gamins adorent patauger dans la boue. En Kabylie, après thiwizi de récolte, c’est le foulage des olives par les femmes surtout, des dames danseuses, et leurs enfants avant d’envoyer cette masse au moulin à huile traditionnel (jadis) ou au presse mécanique de la région (plus efficace) pour en extraire de l’huile d’olive vierge., les noyaux broyés ou le grignon, quant à lui, servait de "charbon" (combustible). Le procédé est grosso modo le même pour l’extraction du vin. Le saut dans les flaques ne serait-il pas aussi le désir d'accomplir un miracle, de transformer l'eau en vin et de changer le monde ?
Nous allons effectuer un deuxième voyage à Thagaste, aujourd'hui Souk Ahras, la patrie de St-Augustin d'Hippone (Annaba de nos jours), l'un des quatre pères de l'église. Merci de jeter un coup d'oeil au récent billet relatif au premier voyage à Thagaste "Le cirque d'Augustin". Et ce que nous allons découvrir risque de vous surprendre...
On a déduit de notre premier voyage à Thagaste que le nom Augustin peut avoir un lieu avec un personnage de la mythologie kabyle : waghzen "l'ogre", et qu'il est probablement question de ighes "os, noyau, pépin" en kab dans Thagaste et Augustin. Où est allé se nicher le toponyme Thagaste, ou bien le nom Augustin après les bouleversements subis par notre pays à travers les siècles ? En voici un toponyme moderne en Kabylie qui possède, hélas, une consonance "arabe" (à cause du h intrus) et qui se prête à ce jeu de remplacement de Thagaste, Augustin :
Hasnaoua, issu du plur. i-hesnawen qui serait igheznawen ou waghezniwen "les ogres"
(GZ ou GhS antique altéré en HS)
Le maître El-Hasnaoui est un vrai waghzen "ogre"!, et un Augustin ?
Les noms, patronymes et toponymes avec HCN ou HSN comme Ahcène, Belahcène, Ath Lahcen, voire même Hocine, Ath Lhoucine des temps modernes vont s'apparenter à Augustin et Thagaste des temps anciens. On y reviendra le moment venu.
Il se trouve que le nom Thagaste pourrait aussi avoir un lien avec le terme kabyle moderne fxes, fekhes "écraser, éclater" (une baie, un fruit), et c'est d'autant plus probable lorsqu'on comprend que l'autre nom de cette ville, Souk Ahras, plus exactement Ahras, va dans le même sens. Il serait en effet plus simple de faire le lien entre Ahras de Souk Ahras (ex.Thagaste) avec le verbe heres "pulvériser, broyer, transformer en purée ou concentrer" en kabyle - verbe peut-être en lien avec la racine RZ de rez "casser, concasser" en kab - et la fameuse Harissa, très prisée à l'Est surtout à Annaba (Hippone) et en Tunisie ! Et je parie que la "harissa" en viniculture serait Jerez (Xerès) en Andalousie ! Et le plus important dans cette histoire, c'est la terminologie de l'industrie de transformation : Ahras, harissa qui prendrait le sens de "concentré", Jerez...et kérosène treme récent issu de keros "cire", nous dit-on, mais moi j'y vois le char, carrose, donc la roue mais aussi la course et...a-kerrush "le chêne" en kabyle (quercus en latin) : on tient la piste du conte kabyle "Le chêne de l'ogre" qui serait à comparer à L'olivier de St-Augustin d'une certaine façon, comme on l'a signalé dans le billet "Le cirque d'Augustin".
Et ce qui a été appelé transformation (alchimie artisanale, industrielle) plus haut serait simplement la Métamorphose dans le contexte de l'ogre (waghzen "l'ogre" en kabyle est un dandy aux multiples facettes, une façade Jekyll et une âme Hyde), du chêne et des bois en général, voire aussi des marais (fermentation). Et l'oeuvre d'un autre enfant du pays, Apulée de Madaure, sur les métamorphoses pourrait nous renvoyer aux notions de meule, moulin presse ou tout simplement la transformation du mouvement, et qui sait, l'âne d'or de Lucius qui raconte le moulin à sang, c'est aussi l'âne tout simplement qui tourne la meule du pressoir, et c'est tout simplement la notion de pompe, et véritablement, l'âne aurait du coeur, une pompe : en kabyle a-ghyul "âne" ne contient-il pas ul, ur "coeur" ? Et ça serait valable pour toute bête de somme, en tout cas on comprend aisément que a-serdhun "mulet, mule" serait en lien avec th-issir-th (tisirt) "meule, moulin" en kabyle.
Nous savons maintenant qulles notions rationnelles chercher dans Thagaste, Souk Ahras et Augustin. A quelle ville peut-on comparer Thagaste (Souk Ahras) ? Exact, à Magdebourg pour l'experience des hémisphères de Magdebourg pour démontrer l'existence du vide et la notion de pression de l'air. C'est peut-être une histoire vraie, peut-être une légende. Pourquoi une légende ? Eh bien, à cause de l'animal, du cheval. Un peu comme pour l'origine du mot "kabyle" d'ailleurs, le lien avec le cheval est plausible et avec la cheville aussi. Voici une chose ingénieuse :
Ahras ~ Presse, pression ~ a-gurzi "talon" en kab moderne
Le HR antique serait devenu GR (g aspiré en kab) et aurait PR comme équivalent en latin.
Ce qui veut dire que Thagaste (Souk Ahras) aurait pu aussi être un lieu d'impression, avoir par exemple une imprimerie notoirement connue. Le talon (a-gurzi) pourrait être aussi un sceau, un cachet, une signature (empreinte), etc.
Vous savez, et je l'ai dit il y a longtemps sur l'ancien blog, l'étrange histoire du cheval devrait avoir une explication, et la voici : SRD en kabyle de aserdhun "mule" serait lié au meule, au moulin (et la transformation d'une manière générale), sardin "poisson" en kab est certes proche de la sardine en romanes, mais son sens serait tout autre, c'est celui que vous voyez sur l'image : le signe des Poissons (astrologie) qui, d'abord, rappelle étrangement les deux hémisphères de Magdebourg et, ensuite, ferait référence non pas au poisson mais aux huîtres, moules, coquillages (la bouillabaisse kab :)) et au 8-ème mois (mois auguste) à une certaine époque que l'on devra pouvoir déterminer. Et chose étrange, le symbole pisces (poissons) retourné de 90° donnera le signe le aza ou yaz berbère, aujourd'hui symbole de l'amazighité par excellence. Après il y a le cheval, a-3awdhiw en kab clairement proche de Oud "luth" mais aussi de l'instrument kabyle de transformation que voici sur l'image ci-dessous et dont on parlera juste après. Auguste étant associé au Huitième mois, on peut supposer raisonnablement que le cheval en kab a-3awdhiw, tout comme le luth en masri/arabe 3oud, serait aussi "auguste".
Le nom tha-ghas-th de Thagaste pourrait aussi celui que nous avons dans le kabyle moderne avec la racine XS ou KhS de thakhsayth, taxcayt "courge, et citrouille ?" au sens propre, et "calebasse" pour battre le lait (ssendu en kab) pour produire du beurre entre autres. La transformation encore une fois.
Ou simplement les Métamorphoses, le symbole même de Civilisation. Cheval-cheville, Etalon-talon (agurzi en kab sans doute en lien avec la croix, crux en latin), pour Civilisation et Cité aussi. L'olivier ne constitue pas un socle identitaire kabyle pour rien, il y a des raisons à cela...
L'huile kabyle, et c'est ainsi que l'on désigne "l'huile d'olive" en Algérie, nous donne une idée claire sur les origines méditerranéennes des Kabyles. Si ul' (prononcer houle) en kabyle désigner le "coeur" et la "pulpe", c'est aussi pour expliquer à nos voisins du nord que Pompe est une altération de Pulpe, on ne va pas parler de poulpe (d'hydre) cette fois, on le fera prochainement. Et ce ul' "coeur, pulpe" kabyle serait probablement ce qui est huile en fr., olea "olive" en latin, elaia "olive, olivier" en grec. C'est à Thagaste que l'on pourra remonter la piste de l'olivier, on verra ça ultérieurement.
Les métamorphoses, à votre avis, ne trouveraient-elles pas leur explication dans la fomule géniale d'Einstein E = mc2 ? Toute transformation ou métamorphose est énergie : c'est Ahras de Thagaste. La simple harissa est une transformation de masse de puple/chair en concentré d'énergie "fort, piquant" :) Et question terrible, casser le noyau (l'atome plutôt), serait alors déconcentrer ?..
Que signifie vraiment ce terme kabyle ssendu "baratter" ? Peut-être Cendrillon qui se tranforme en princesses, c'est possible. Ou ssendu serait un amen, ainsi soit-il, un serment... Mais il faut chercher une probable explication plus près de nous, dans notre environnement méditerranéen immédiat, càd le monde latin, càd l'Italie occidentale (Toscane, Ligurie, Sicile, Sardaigne, etc.). Je pense que le terme kabyle ssendu serait très probablement de la même famille que l'italien crescendo (croissance progressive), et peut-être, religieusement parlant, il serait question de baptême, de chêne ou d'olivier d'Augustin.