L'alchimie berbère...
Religion, opium des peuples, dixit Karl Marx. Ce dernier était loin de se douter combien sa parabole est vraie :)
On reste dans le giron du Sagittaire (Archer) malgré les apparences. En effet, tout part de la flèche (sagita en latin) et du Sagittaire que l'on a déjà rapproché du terme saydalia (pharmacie) en masri/arabe ; et que l'on va rapprocher des termes SHR de Sahara (désert) et sahar (sorcier, envoûteur, illusionniste) termes à priori d'origine masri/arabe dont l'usage est familier en kabyle aussi. Ce billet est "préfacé" de deux préludes.
Le chant patriotique kabyle commence par une ode à la petite patrie, à la Kabylie en miniature. Une ode chantée par le regretté Dda Lwennas au tout début de sa carrière, et qui malheureusement n'a jamais été enregistrée sur un support magnétique. Voici donc une reprise de Saïd K.de cette ode qui dresse un tableau d'une partie de la Kabylie; et chose étonnante, Dda Lwennas, l'anticléricaliste notoire (je le suis aussi, soit dit en passant !), ne tarit pas d'éloges sur les prêtres kabyles "bénédictins" (imravdhen nel varaka), sur le Kabyle puritain, pieux et probe, et sur le haut-lieu de cette région avec un nom (du temple local) qui nous renvoie aux temps anciens, là où la Kabylie est capable "d'affronter" l'immense Egypte ancienne : a-kal a-verkan (la terre noire).
L'espace vital de la Kabylie s'est réduit comme une peau de chagrin au fil du temps et des défaites. Il n'en demeure pas moins que le pays kabyle, coincé entre la Méditerranée au nord et les monts du Djurdjura au sud qui le protègent des effets terribles du Sahara, a gardé une dimension spirituelle immense pour qui saurait la voir. C'est une Kabylie jalouse de son identité et de ses traditions ancestrales surtout en rase campagne, et qui n'est pas repliée sur elle-même pour autant ; bien au contraire, c'est une Kabylie hospitalière et ouverte aux autres et sur le monde, surtout sur sa partie maritime, là où en principe s'érigeaient jadis nos villes, exclusivement côtières (Bougie, Azzefoun, Tigzirt, Dellys). L'étranger de passage en Kabylie, donc toléré, est souvent un marchand "arabe", "marocain" ou saharien : c'est l'étrange étranger par excellence pour le Kabyle. Qui n'a pas vu les marchands sahariens arabophones déambuler sur les marchés kabyles en hélant les chalands "Chih, tata, lwarmi..." ? Bon, le chic c'est l'armoise ; tata est une déformation du kabyle/berbère thatha (caméléon) ; pour lwarmi je ne sais plus :) Ces sahariens vendaient des plantes médicinales ou carrément à usage occulte (sorcellerie) comme thatha (caméléon séché) utilisé par les marocains pour jeter un sort, d'après ce qu'on dit. D'une manière générale, les boutiques d'herboristes en Kabylie et dans toute l'Algérie sont tenues par des sahariens, donc au teint sombre. Et ça veut tout dire.
Kahéna
Qui peut vraiment se prévaloir de connaître l'origine et le vrai sens des désignations telles que Kabyle, Berbère, Marabout, Maure, etc ? La référence en la matière nous vient des interprétations des étrangers, européens ou arabes, donc leurs hypothèses doivent être vérifiées avant d'être approuvées. Il en va de même pour l'histoire des Nordafs. Prenons l'exemple de la reine berbère Dihia ou Damia dite Kahéna, symbole très fort de la résistance berbère aux envahisseurs arabo-musulmans. Son nom sémitique kahina (prophétesse, magicienne) serait très probablement comparable au nom de... Cléopatre, et au nom d'une déesse de guerre, Athéna des anciens Grecs ou Minerve des Romains. A-t-elle vraiment existé ? Très probablement, car on a dans la tradition berbère, un autre exemple de femme guerrière très récent : Lalla Fadhma N'Soumeur qui a combattu les généraux français durant l'invasion de la Kabylie du 19ème siècle. Dans les deux cas, il s'agirait de Fille de Prêtre (amravedh en Kabylie des temps modernes) - c'est ainsi d'ailleurs que s'expliquerait le nom de Cléopatre "fille du père" -, donc prophétesse serait un titre clérical équivalent au titre mondain de "princesse".
Kemet
Lorsqu'on entend Bir Kahina (le puits de Kahéna) en version arabe, on comprend vite qu'il s'agit d'un nom de lieu berbère averkan (le noir), transcrit Berkane, qui se cache derrière. La racine KhN ou ChN sémitique (kahina, Cohen pour prêtre, prophétesse) est comparable à la racine kabyle/berbère KL éclatée en KhL de akal (sol), Akli (esclave, noir, boucher), a-klush (bâtard), kahl (se farder) d'où Khôl et Kahlouche (négro) en argot "arabe" nordaf.
La notion de terre noire, a-kal a-verkan en kabyle, sans doute pour la terre fertile, pour le humus et les réactions qui y ont lieu : de la magie, de l'alchimie, de la chimie tout simplement. La terre noire est aussi le nom vernaculaire de l'Egypte ancienne : Kemet. En d'autres mots, la magie (noire), l'alchimie aurait abouti à la Chimie qui vient de ce mot égyptien Kemet. C'est à dire que les plus anciens sorciers, mages, alchimistes et chimistes étaient les Egyptiens.
Tombouctou
Le sorcier, le guérisseur, le mage, l'alchimiste, le chimiste, le cuisinier, le potard, etc., autant de métiers incarnés par une seule et même personne : le Prêtre ou la Fille de Prêtre (prophétesse). L'Egyptien (kemet) serait probablement ce premier prêtre, ensuite viendront les autres : sémites, berbères, arabes, etc. Voici ce que serait un amravedh (prêtre kabyle) :
amravedh ~ thérapeute (herboriste, plus exactement)
Oui, la légende de rabita (lien) est plus récente, une adaptation "arabe" des maures, de therapia en grec. Les moines premiers sont les premiers brasseurs de bière, les premiers herboristes, etc.
Berbère serait lié à la notion d'Herbe pour herboristes ;
Maure (mavro noir en grec) aussi en lien avec la couleur noir de "chimie".
Tombouctou ou Tin Buktu en tamacheq (touareg) serait la Boutique du Maure/Berbère/saharien, etc, c'est à dire la boutique du potard, la pharmacie de l'Apothicaire, Apotheke en allemand, Apteka en russe. La boutique ou apoteke (magasin) en grec aurait dû être désignée en grec par egypoteke en référence au nom grec de l'Egypte au lieu de Kemet égyptien (chimiste). Par ailleurs, cette boutique-apotheke pourrait avoir une autre fonction : bibliothèque, comme c'est le cas pour Tombouctou ou voire même pour la légendaire bibliothèque d'Alexandrie d'Egypte.
Marrakech
Pourquoi Thatha pour le caméléon en kabyle et berbère ? Simplement c'est la notion de Couleurs ou de Teinte, et c'est un ingrédient à diluer pour avoir un liquide coloré. Une réaction chimique. C'est le Thé mais autrement, une Teinte. C'est aussi le houblon de bière des anciens prêtres. Le terme russe khmel' (houblon) serait tiré du grec khamaileon pour caméléon.
Il faut apprendre à respecter les autres, mais à se respecter aussi, et donc à défendre sa dignité. Maures donc noirs, méchants ; Berbères donc barbares, sauvages ; Marocains/maghrébins donc sorciers. Ah bon ? Quand on a l'Egypte ancienne de son côté, pas de quoi avoir peur :
La boutique du Maure est une pharmacie. Le Thé, l'Opium et la Porcelaine liés avec la Chine. A l'autre côté du monde, du côté du couchant, l'opium est le hash (herbe) mais surtout la Porcelaine est ce que le Français désigne par ... la Maroquinerie. Les deux métiers sont des métiers d'alchimistes ! Le Maure, Marocain n'est pas un sorcier, c'est un alchimiste, un teinturier comme ceux qui triment comme des nègres (sorciers) sur la place du Souk des teinturiers de Marrakech. Les tapis berbères, les herbes aromatiques, les épices, les tanneurs et teinturiers, tout ça porte la marque de Maure puis Marocain, Maghrébin. Pour rappel, la légende de la teinturerie remonte aux temps puniques/phéniciens: le pourpre des phéniciens tiré du murex (c'est lui le "porc" dans porcelaine). Ce terme pourpre aurait donné ailleurs porcelaine (farfor en russe) - porcelaine , mais ce serait surtout la marque du "berbère" nordaf, maure, marocain/maghrébin.
Alors - question à ceux qui jettent l'opprobre sur nos peuples nordafs -, c'est qui le vrai barbare/sauvage ?