Translate

lundi 10 juillet 2017

Le Prince d’Ighil Nezman

Le prince d’Ighil Nezman.
Partie 4 – Les Fatimides

L’histoire officielle nous apprend qu’une dynastie partie de (la « petite ») Kabylie, du lieu dit Ikjane (les chiens !), a conquis l’Egypte et fondé la ville du Caire. Il s’agit des Fatimides. Maintenant on va essayer de trouver un élément palpable sur le terrain kabyle pour expliquer ce nom de chien et le nom de cette dynastie.

 
Pour ce faire, on va utiliser notre village kabyle modèle (voir sa fiche dans la partie 1 de ce cycle). C’est le adhrum (quartier, clan) du haut, les Ath H’medh, équivalent à l’arc du solstice de l’été (voir billet précédent).
Ikjane (les chiens), voilà un drôle de nom de lieu ! Cependant, il existe bel et bien une explication à cet étrange toponyme de Fatimides. Les Ath Hmedh de notre exemple nous donnent trois indices cruciaux :
Le solstice d’été, donc période de chaleur ;
La racine /HM/ atteste le chaud, la chaleur, /hml/ l’inondation ;
La syllabe (mais sans voyelle, comme en punique) ou racine ZR (emphatiques) du patronyme dominant chez ces Ath H’medh, attesterait, outre le sens de izri (vue, œil ?), la notion de… crue.


Revenons aux chiens des Fatimides ) En fait, l’explication nous vient d’une tradition calendaire de l’Egypte ancienne. En effet, les chiens (ikjane), ou le chien symbolisait Sirius et coïncidait avec la canicule du 24 juillet au 24 août, période de grandes chaleurs, d’un côté, et le lever héliaque de Sirius qui coïncidait avec la crue du Nil vers le 25 juin. Le nom des Ath H’medh et celui des Fatimides seraient équivalents et trouveraient leur explication dans le calendrier (nom de mois ? ) égyptien ancien.


D’autre part, Ikjane (chiens) des Fatimides est toujours là, mais avec le Q altéré en T, et dans un patronyme appartenant probablement aux Ath Hmedh dans notre exemple : Tidjani. Un nom probablement lié au soleil (itij) et forcément un indicateur (espace-temps) intéressant. Ce patronyme est crucial pour élucider la question des Fatimides soulevée ici.


Partie 5 et fin – Idir, l’Ombre d’un Géant
Le village adjacent, les Ath Yidhir, lui, contiendrait aussi des patronymes (issus des toponymes correspondants) kabyles qui seraient des noms de dynasties berbères nordafes de l’époque musulmane, par exemple, Driss vs Idrissides. Mais on va se limiter au nom même de ce village, ou au nom Yidhir ou Idir.
On devine que Cherif est Patrick/Patrice. Que Kahina serait Catherine. On a aussi démontré l’équivalence, encore plus ancienne, entre les prénoms kabyles vs grecs : Wezna vs Eugénia, Thanina vs Héléna. Question égalitariste : la version masculine de ces prénoms existe-t-elle ? Je pense que oui, pour l’instant on va s’intéresser à l’équivalent féminin du prénom « vital » kabyle Yidhir (Idir). Le voici selon mon hypothèse :
Yidhir (Idir) masc. ~ Thiziri (Tiziri) fém.
C’est non pas un nom vital mais un nom de résurrection (voir sur ce blog les billets liés à Thiziri). Forcément, Yidhir (Idir) évoque Alger et La Maurétanie Césarienne, tout comme Thiziri. Il est clair que son équivalent romain, latin est :
Yidhir (Idir) en kab moderne ~ César en fr.
Mais ce qui m’intéresse vraiment, c’est de trouver son équivalent égyptien ancien, Osiris peut-être. Par ailleurs, un petit rappel s’impose : Z kab vs N en tamacheq (touareg) dans Thiziri (clair de lune) en kab ~ Tenere (désert) en tamacheq. Tout ça pour avancer une supposition un peu risquée : Idir prendra la forme Inir (anir = ange ?) voire Inil (Nil) en tamacheq, et curieusement, le Nil en grec est Iteru en ancien égyptien, proche de Idir en kab et hydro en grec. Si cela était le cas, le toponyme correspondant Ath Yidhir serait comme un fleuve sur la carte (comme le Nil ou un autre « fleuve » : la voie lactée ou autre objet céleste), un excellent repère. A vérifier.

Une chose est sûre : la toponymie kabyle et nordafe reflète l’agencement du ciel, donc c’est bien des astronomes qui seraient à l’origine de nos toponymes, d’où sont issus nos noms, donc notre identité. Plus j’avance dans mon questionnement de l’identité kabyle (toponymie surtout), plus je sens l’ombre d’un géant se profiler, celle de l’immense Egypte ancienne.

EPILOGUE 

Il faut regarder et comprendre donc le village kabyle (thaddarth, delta) comme une coordonnée dans l’espace temps. Thaddarth peut être l’Adresse et la Date/Présent en même temps. C’est la coordonné civilisationnelle kabyle si j’ose dire. On sait que l’hiéroglyphe égyptien ancien de l’urbanisme Niwt (croix dans un cercle) donne l’idée de « plan, cité ». Si j’étais à la place de ces anciens astronomes et bâtisseurs de cités, j’aurais pris ce Niwt de plan/cité (ou Thaddarth) comme… une planète, le temps dira si je n’ai pas tort. 
De la même façon, je suppose que l’on a affaire á de bons mathématiciens, et je me suis dit, pourquoi pas, le nombre de adhrum (idherman au pl.), soit quartiers/clans, serait de 3 normalement, comme dans notre exemple, ou bien ce nombre équivaudrait au nombre de zéros (adhrum) après l’entier ou le un (1) de thaddarth (village). Ainsi, pour notre exemple idéal à 3 adhrums, on aura 1000 pour ce village ; 4 adhrums donnera 10000, et je me suis dit s’il n’y aurait de relation entre le nombre d’habitants de tel village (au moment de sa fondation ou réorganisation) et le nombre d’adhrums et le nom du village. C’est que, chers amis, nous sommes en présence d’un système de poids et mesure ! Le préfixe Ighil dans notre toponyme est aussi un indice de mesure (ighil = coudée). 
La tâche est ardue mais le jeu vaut la chandelle, c’est un défi à relever.

Cette ébauche touche á sa fin. L’exemple de Ighil Nezman 2.0 incarné par un petit village, Ighil Mimoun, sorti de l’anonymat pour cette occasion, devrait servir d’exemple, j’espère, à tous les autres villages et cités kabyles, c’est un excellent moyen pour entreprendre l’étude de l’histoire de la toponymie kabyle, l’histoire de la langue kabyle, l’histoire kabyle racontée par des Kabyles.

https://3c1703fe8d.site.internapcdn.net/newman/gfx/news/2015/brainsgenesa.jpg
Pourquoi ai-je opté pour ce titre de « prince d’Ighil Nezman » ? En hommage à un vrai prince du village en question, un personnage chez qui l’humour côtoie la bravoure (vétéran de la 2GM, deux fois les camps nazis) et la grandeur d’âme qu’il m’a été donné de voir chez lui alors que j’étais encore gamin. Le temps faisant (plus de 30 ans ont passé !), j’ai oublié son vrai nom (il était des Ath Hmedh), mais je me rappelle de son sobriquet : idew (1.l’agile, 2.singe, macaque). C’est la mémoire de ce prince d’Ighil Nezman du Pays Kabyle que j’avais voulu honorer en élaborant ce cycle de village modèle.

 A prochainement !