La légende du Zouave d'origine
ou Les cent pas d'Alger
1830. La Régence d’Alger puis la Kabylie
et l’Algérie tombèrent aux mains des conquérants français. On ne sait pour
quelles raisons vraiment, un nom de soudard à consonance kabyle à priori, azwaw
– jadis soldat kabyle au service de la Régence d’Alger et de ses janissaires,
donna naissance au zouave, soldat français au look et au nom kabyle, ce qui
prête à confusion, donc piqure de rappel : le zouave du pont Alma est un
soldat français et n’a strictement rien à voir avec les Kabyles. Maintenant
passons aux choses sérieuses, et essayons de comprendre le sens et l’origine du
terme azwaw ayant donné par la suite zouave en français.
On dispose de très peu d’informations
sur le soldat azwaw d’avant 1830, et à peine si la mémoire populaire kabyle
donne plus d’informations sur ce sujet à part, peut-être, celle de azwaw su
mendil awragh (soldat kabyle avec son étendard jaune/or) chantée par Dda
Yidhir. Du point de vue étymologique, il existe des propositions qui voudraient qu'il y ait un lien entre azwaw et zawiya « angle, école religieuse » en
masri-arabe, et certains vont même jusqu’à faire le lien avec les mythiques
igawawen en donnant une origine géographique précise en Kabylie, ce qui serait faux,
à mon avis. Donc, l’étymologie du terme azwaw et la légende de ce soldat
kabyle restent très floues. On va essayer d’y remédier justement, et pour ce
faire, on va ratisser large, sans exclure aucune piste pour le moment.
Il y a la piste kabyle de l’origine de
ce nom azwaw, et elle trouvera très certainement son explication à Vgayeth-Bougie
(Saldae durant l’antiquité), la capitale kabyle étroitement liée à la bougie
(cire), à son évêché antique et aux suites de Fibonacci, pour cause de lien
avec la cire d’abeille et pas seulement. On a abordé ce sujet à plusieurs
reprises sur ce blog comme sur l’ancien (Le chant du zouave, La mère du zouave ;
La suite du zouave, Saint-Cire de Kabylie). Bref, le soldat azwaw est un « soldat
de cire » dont la fonction réelle reste à déterminer (soldat éclaireur,
soldat de la foi ?). Notons que le mousquet, par exemple, désigné
a-veshkidh en kabyle, issu de l’italien, fait référence à la « mouche »
(izi en kab, iZi avec emphase donne la vésicule biliaire en kab), pour le dard
(d’abeille aussi).
Il y a la piste algérienne ou « arabe-algérienne »,
qui veut qui suggère qu'il y aurait un lien entre azwaw et la zawiya « angle, école
religieuse ». Ce qui laisserait supposer un moine-soldat version kabyle,
équivalent des almoravides (mourabitounes) des Maures de l’ouest. Je suppose
que l’on ne peut exclure non plus une autre interférence avec le masri-arabe, à
savoir GZW de ghazw « expédition, conquête » en rapport avec le
soldat azwaw. Et si tel était le cas, on pourrait légitiment supposer que le
terme azwaw aurait existé sous une autre forme bien avant l’époque médiévale et
pas seulement chez les Kabyles, mais chez les autochtones nordafs à différentes
époques de l’histoire. Ma supposition est la suivante : ce soldat azwaw
serait étroitement lié à la conquête - un pionnier donc (scout aussi) -, son opposé serait le soldat de la
libération, amejahed (moudjahid en arabe). En d’autres termes, azwaw serait un
soldat conquérant ou un conquistador chez les Espagnols.
Azwaw époque médiévale (régence « turque »)
repris comme Zouave par les conquérants français (ceci explique cela !) =
Zénète époque de la supposée « conquête musulmane » de l’Andalousie
par le berbère Tarek ben Ziyad.
Autant dire que le zénète n’a pas d’origine
ethnique ou géographique précise, tout comme azwaw. Mais ce n’est pas tout, car
avant les « turcs », les musulmans, il y avait en Nordafe d’autres
époques : romaine, byzantine, etc. D’où la supposition suivante qui
nécessite un peu de recul et beaucoup d’arguments pour être validée :
Azwaw de l’époque « turque »
médiévale et de le conquête française = Zénète de l’époque de la « conquête
musulmane » = Byzantin (soldat byzantin) de l’époque précédant la « conquête
musulmane » : l’élément clé dans ce cas byzantin serait l’arme
(fatale) byzantine en l’occurrence le feu grégeois. Il doit avoir la flamme le soldat azwaw !
En remontant plus loin dans le temps,
avant l’invention des armes à feu (fusils, canons), ce soldat azwaw aurait été
probablement dans l’infanterie légère, un archer avec sa flèche, son pique pour
attaquer, donner l’assaut à l’ennemi. A son opposé, celui qui défend (le
libérateur, amejahed, évoqué plus haut, qui serait en lien avec sagita « flèche »
en latin ?) tiendrait un bouclier comme celui qui attaque aussi, mais
surtout un « long pic » ou une flèche plus lourde, une lance quoi !,
pour tenir en respect l’ennemi. C’est, je crois, le principe des phalanges macédoniennes
d’Alexandre le Grand. Remarquons la différence entre la flèche d’attaque qui se
fait à distance par le tir de l’archer et la lance de celui qui défend touchant
à bout portant l’ennemi, avec en contact direct avec celui-ci…
Vous savez bien que je suis à peu près
convaincu qu’Alexandre le Grand serait une figure syncrétique et non pas
historique. Et ce champ de bataille d’archers et de lanciers va naturellement
se retrouver sur… l’échiquier ! La flèche de l’archer est une figurine
légère d’attaque à longue portée (qui saute plusieurs cases), la lance est une
figurine lourde de défense en contact direct (face à face) avec celle de l’adversaire.
Maintenant cherchez azwaw, le zouave, le zénète, le conquistador, et on
reparlera une autre fois.
SIWA
Le plus surprenant, cette fois, c’est
que désormais je trouve qu’il y a un lien avec Siwa, la légendaire oasis
berbère en Egypte abritant le temple du dieu égyptien ancien Amon. Le dard d’abeille,
le mousquet ou la flèche du soldat azwaw va tout simplement prendre une forme
paisible : une aiguille. Le soldat azwaw va devenir tout simplement un
aiguilleur (pour ne pas dire un aiguille-homme, Guillaume le conquérant :) ), le gardien du temps (et du temple ou des portes du temps/temple !).
Il est facile de comprendre que de l’autre côté de la Méditerranée, en Europe,
il y a bien une version réelle de notre azwaw, supposé soldat et aiguilleur du
temps : la garde suisse ! Horloger et garde pontificale. Donc il est
possible que azwaw faisait office de « garde suisse » dans le corps
des janissaires d’Alger, et notons que le soldat berbère (du couchant) est
aussi toujours affecté à ce rôle de sentinelle en Andalousie musulmane.
Siwa est une poche de résistance berbère
dans le dit « monde arabe », Sadate l’a même bombardée, et leur
propagande dit que les Siwis seraient des Berbères Chaouis nord-africains
égarés dans cette oasis après le pèlerinage ! Leur ruse n’a pas de limite
(yakhi les khorotos, yakhi !), tout comme leur crasse ignorance d’ailleurs.
Voyons ce qu’est Siwa vraiment.
Siwa, oasis de palmiers-dattiers, avec
de l’eau en abondance et le temps d’Amon. On saisit vite que « oasis »,
lieu isolé, pourrait s’apparenter à une colonie. On comprend que le
palmier-dattier de l’oasis serait une horloge, un calendrier (en Kabylie c’est
l’olivier qui fera office de mémoire). On comprend aussi que Siwa pourrait
avoir un lien avec azwaw en kab, avec zawiya « angle, école religieuse »
en masri-arabe et avec… la corne (ishew, ashew en kabyle, sans doute chaoui y
trouverait son explication tout comme siwi), corner (angle) en ang., coronel
(colonel) en esp., qarn (siècle) en ar. : on la clé de 100 (en arabe Ma1
désigne « eau » et Mi1a « cent », le kab les désignes par
Aman « les eaux »), du commandant de 100 ou simplement un Ceinturion
(armée romaine), un Colonel ou chef de file d’une colonne, d’une colonie. Avoir
des cornes (ashiwen) ne signifie pas forcément être cocu pour un homme :), mais avoir des
cheveux blancs/gris : ashivan « grison » en kab ou chibani au
sens figuré de « doyen » en argot arabe nordaf vont dans le sens de
ce Colonel, ceinturion, chef ou commandant d'une colonnne ou colonie. Un soldat sentinelle et gardien du
temps et de l’espace (en Kabylie la croyante est très forte en matière de « gardiens
des sources » (d’eau, du temps ?) et de lieux – des Cardinaux en
somme) doit forcément avoir les cheveux blancs, on parlera de lui plus loin. Je me dis que sentinelle est peut-être 100inelle :), au sens de celui qui fait les 100 pas :) Why not, après tout !
Au final, on a donc deux versions
possibles de l’origine du terme azwaw qui aura ensuite donné zouave en français :
1) soldat de la conquête, pionnier, conquérant et donc colonel aussi ; 2) sentinelle
du temps, gardien du temple (de la foi, du palais ?). La deuxième me
paraît plus recevable. Ce soldat azwaw aurait tenu quelle fonction dans
Alger d’aujourd’hui ? Exact, la Garde Républicaine ! C’est aussi la
Garde du Palais plus largement, toujours affectée aux Berbères (Kabyles à
Alger, Berbères marocains en Andalousie). Avec son étendard jaune/or, bien sûr !
Le « soldat de cire » (de plomb, si vous préférez), évoqué plus haut,
y trouve son explication : une sentinelle figée, au garde-à-vous, qui
veille sur la porte, sur le temps (l’heure), sur le temple (mausolée), sur la
République ! Alors pourquoi un soldat kabyle pour veiller sur la République ?
La réponse se trouverait dans son socle identitaire qui le distingue de son
entourage : l’olivier (l'huile d'olive est dite l'huile kabyle à Alger), qui, j’en suis sûr, aurait une relation avec le
temps et … la notion de république.
Azwaw serait celui qui veille aussi sur
la paix, sur le sommeil du soldat, sur la tombe du soldat inconnu, sur la flamme éternelle, sur la mémoire de tout un
pays. Sauf qu’à Alger de nos jours, au lieu de mettre en valeur son histoire
authentique, tout est fait pour dénigrer les Kabyles, y compris en associant, à tort, le
soldat kabyle azwaw à son ennemi : le zouave français, soldat d’occupation.
Une propagande nauséabonde de khamassine béni-oui-oui et collabos de l’occupant français d’hier, des
pourris aujourd’hui blanchis.
C’est-à-dire que cette clique babouches-qamis se
livre à un massacre identitaire pour effacer la mémoire d’un pays qui ne lui
appartient pas pour y installer une fausse-mémoire (étrangère en plus !)
et remodeler ce pays à sa guise, ou plutôt à la guise de ses maîtres obscurantistes, ses répugnants commanditaires
étrangers.
Sauf que le temps leur est compté par le soldat kabyle, azwaw, qui attend
son jour de triomphe, car Alger marche à l’heure kabyle et aux cent pas de la sentinelle kabyle. C’est son Greenwich
naturel, lui imposer un fuseau horaire étranger n’a jamais réussi à
personne, même pas à la puissante et aveuglée aveuglante « nation des Lumières », alors que dire de celle des ténèbres ! A bon entendeur !
Azwaw chanté par Dda Yidhir, plus la
version complice « mauresco-celte » de Mami, un cas exceptionnel de bonne
entente dans ce pays, hélas !