Si le Maya avait un chameau...
Les Incas ne connaissaient pas la roue,
par contre les Aztèques et les Mayas si, paraît-il. Et chose étonnante, il n’y
aurait pas eu de poulie (et ça s’appelle un bâtisseur !) ni de moyens de
traction. Donc ni attelages de chevaux pour aller vite – défier le temps, ni attelages
de bœufs pour labourer – sillonner l’espace. Pas d’essieu ni de joug. Disque
solaire oui, mais pas de char céleste. L’espace-temps était perçu différemment chez
les Amérindiens, faut-il conclure. Surprenant quand même lorsqu’on sait que les
Mayas avaient des connaissances très poussées en astronomie (en mécanique
céleste), mais leur ingéniosité s’arrête là, sans s’appliquer à la mécanique
appliquée du quotidien des communs de mortels sur la planète Terre. L’absence
d’animaux de trait chez les Amérindiens (chevaux par exemple) expliquerait-elle
cette carence de taille, comme l’avancent plusieurs chercheurs ? Une
explication parmi d’autres, peut-être, et sans doute pas la seule. Les Mayas
n’étaient pas de grands voyageurs (navigateurs), c’est dire qu’ils étaient des
« génies statiques » avec des connaissances fondamentales importantes
sans jamais être appliquées. Il pourrait y avoir d’autres explications, parfois
insolites que génétique à ce mystère de la « roue statique » des
civilisations amérindiennes…
Imaginer un disque, une roue sans
supposer qu’elle puisse de reproduire (diviser, multiplier) et se jumeler une
fois multiple, c’est une explication plausible du pourquoi les Mayas ne sont
pas parvenus à joindre deux roues. La raison résiderait peut-être dans leur
patrimoine génétique : le taux de jumeaux chez les Mayas aurait été
peut-être très bas, si naissances gémellaires il y avait déjà chez ces populations
(j’ignore si les scientifiques ont fait des recherches dans ce domaine). C’est
l’autre paradoxe des jumeaux, appliqué dans notre cas aux Mayas, plus fort dans
les cieux que sur terre, ingénieux en astronomie mais arriérés en mécanique.
Changeons de décor maintenant. On est
chez les Kel Tamasheq dits « Touaregs », des nomades par excellence,
les « hommes bleus » du Sahara avec leurs caravanes et leurs vaisseaux
du désert. En tamasheq, le terme utilisé pour désigner le chameau est alam, talamt
au féminin (chamelle), alors qu’en kabyle c’est alghem (ou alghum, pl.
ileghman, fém. thalghemth). Cette différence entre /LM/ en tamasheq et /LGM/ en
kabyle aurait son explication. On comprend facilement pourquoi le chameau
occupe une place centrale dans la vie des « hommes bleus » et leur imaginaire
– la grande et la petite ourse des Grecs sont la chamelle-mère et la
chamelle-fille pour les Kel Tamasheq. Ce qui est loin d’être le cas pour le cas
des Kabyles, pou qui le chameau n’existe que dans la fable, les contes, la
dimension imaginaire. Ainsi, dans le conte kabyle « Le grain
magique », on a une sœur (fille), 7 frères (garçons) et 7 chameaux. A vrai
dire, si comparaison il y a avec l’imaginaire de la rive nord de la
Méditerranée, nos 7 frères du « grain magique » seraient les 7 nains
(la sœur unique – Blanche-neige), mais à quoi diable doit-on identifier les 7
chameaux ?! La réponse nous est donnée par l’étymologie du dromadaire en
kabyle et en tamasheq :
/LM/ alem ou /LGM/ pl. ileghman ~ Gemini (astr. Gémeaux, Jumeaux)
Gemellus en latin nous renvoie au Gimel
en phénicien pour la lettre grecque Gamma à l’origine du C et du G latins (gimel
« chameau » en hébreu, gamal, djamel « chameau, beau » en
arabe).
Reste à comprendre dans le détail toute
la dimension de ce rapprochement chameaux – gémeaux, chameau – jumeau… Un
chameau-jumeau équivaudrait à un roue, et la caravane d’antan (du Sahara)
devient à une semi-remorque dans le monde moderne)) En termes de temps, un
chameau-jumeau serait une roue dentée (un pignon) de la mécanique céleste, il
serait une valeur de temps, une caravane de 24 chameaux serait une journée
d’autant d’heures)) Et puis, en toponymie, de quoi Djamila (ex. La Madrague) ou
Djemila sont-ils le nom ?
Deux pistes, deux hypothèses intéressantes
se dessinent. La première voudrait que la lettre phénicienne gaml ou guimel,
d’où dérivent gamma (C, G en latin), expliquerait parfaitement une
particularité kabyle : les sons aspirés [k], [g], comme dans akli ou
akniw, igeni ou agraw, qui remonteraient à cette gamma phénicienne. Ce C [k] aspiré
(comme le ich allemand) ou G [g] aspiré en kabyle moderne peut nous suggérer le
son punique (phénicien nordaf) qu’il aura remplacé avec le temps, c’est
d’ailleurs la deuxième hypothèse que voici :
C [k] aspiré, voire G [g] aspiré en
kabyle ~ ch /ʃ/
ou une gamma punique
chuintante, si j’ose dire.
Prenons nos jumeaux justement. En
principe, le jumeau est dit akniw en kabyle, akniwen pour les jumeaux (avec un
k aspiré). Il y aurait également la variante iken « jumeau, compagnon
(inséparable) » dans les autres variantes de « berbère ». La
relation nous donnerait un rapprochement particulièrement intéressant :
Ichenwiyen, autre composante
berbérophone, ou les habitants du mont Chenoua et de ses environs deviendraient
ainsi, en kabyle faut-il le souligner, des… Jumeaux, le mont Chenoua qui
surplombe Tipasa serait un jumeau et un chameau au vu de ce qui a été dit plus
haut. Là on est carrément au pied de la lettre, au pied du mont Gamma, le
Chenoua – il faudrait monter au second degré pour saisir le sens caché de ce
mont. Cet exemple n’est qu’un cas particulier, car cette notion de chameaux,
gémeaux, jumeaux pourraient s’appliquer… même aux Chinois, et c’est loin d’être
un vulgaire raccourci, croyez-moi. C’est vers une hypothèse qui voudrait qu’il
y ait un rapprochement entre la lettre gamma et le double voire multiple,
jumeaux et siamois (inséparables) compris. C’est l’hypothèse de la « gamma
siamoise », une lettre jumelle, que l’on essayera d’étayer ou de démentir
par la suite.
Le paradoxe (et le tort !) des Mayas
est de ne pas avoir (suffisamment) de jumeaux ou de ne pas s’en être assez inspiré,
sinon ils auraient eu, comme les civilisations de la Méditerranée, une lettre
jumelle, des attelages, des chars et une mécanique appliquée à la hauteur de
leurs connaissances en mécanique céleste.
A prochainement !
Post Scriptum
Un tout petit point avant de terminer. Le
terme tha-yuga « la/une paire » (de chaussures, de bœufs par ex.) en
kabyle, proche de jugum « joug » en latin, pourrait également être
porteur d’autres sens, de notions insoupçonnées : union, alliance ?
Une paire c’est lorsque l’un ne va jamais sans l’autre, n’est-ce pas, donc c’est
une relation très étroite sinon fusionnelle entre égaux ou entre maître et
asservi, nouée grâce à un joug pour ce qui est des bœufs. A la différence de la
relation entre nos chameaux-jumeaux est purement accidentelle (aléas de la
génétique), voire divine pour certaines, à défaut d’être consentie, celle qui
lie deux bœufs est préméditée, forcée – c’est un joug après tout. Il serait
intéressant de voir quelle autre notion se cacherait derrière le taureau, les bœufs
jugulés qui tirent la charrue...